Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

La crise du bio perdure. Les arrêts de certification en lait bio commencent à progresser. Et face à un écart de prix si faible entre prix des laits bio et conventionnel, comment réussir à maintenir les éleveurs en lait bio. La consommation de produits laitiers bio recule toujours. Or sa stabilisation voire sa reprise est pourtant la clé pour sortir la production de cette période difficile.

Un écart de prix très réduit entre lait bio et lait conventionnel

Le prix du lait bio s’est établi à 496 €/1 000 l (standard, 32-38) en février 2023. Il a reculé de 8 €/1 000 l en un mois, mais est resté au-dessus du prix de l’année dernière (+26 €/1 000 l). Il a entamé sa baisse saisonnière qui va se poursuivre dans les prochains mois. En février 2023, l’écart avec le prix du lait conventionnel est de moins de 30 € alors qu’il était de 90 € en février 2022 et de 145 € en février 2021. Les prix de revient sont toutefois nettement plus élevés en système bio qu’en conventionnel. L’écart est de l’ordre de 130 €/1000 l en 2022 pour les systèmes de plaine d’après les données Inosys réseaux d’élevage.

La collecte de lait bio ralentit dans les premières régions productrices

La collecte de lait bio s’est redressée en février de +1,8% /2022.  Le nombre de livreurs a continué de reculer en ce début d’année sous l’effet arrêts d’ateliers laitiers bio plus nombreux. Les conversions laitières baissent depuis 2021. Leur nombre est tombé en 2022 à seulement 30 exploitations. Les tailles d’atelier des nouveaux laitiers bio sont plus grandes, ce qui accroit la taille moyenne des livreurs bio.

Les dynamiques de collecte varient fortement selon les régions. La collecte semble marquer le pas dans les trois premières régions productrices (58% de la collecte française de lait bio). En cumul sur janvier et février, la collecte ligérienne a stagné quand elle a reculé en Bretagne de -3% /2022. En Auvergne Rhône Alpes, 3ème région de collecte, la baisse est aussi observée (-2% /2022). Les 4 régions suivantes ont affiché au contraire une belle dynamique de progression avec +11% pour la Normandie, +8% pour le Grand Est, +2% pour la Bourgogne Franche Comté et +6% pour les Hauts de France. Quant aux autres régions, orientées sur de plus faibles volumes en AB, elles ont subi des reculs appuyés de leur collecte (de -4% à -8% /2022).

Un déclassement toujours important du lait bio face à une consommation toujours déprimée

Les fabrications de produits laitiers bio sont de nouveau en retrait début 2023. Toutefois, le recul est moins fort ces derniers mois et même les fabrications de crèmes et de poudres conditionnées sont reparties à la hausse. Sur un an, les fabrications de fromages et de poudres conditionnées n’ont reculé que de -4% alors qu’elles se sont effondrées pour les crèmes conditionnées (-22%) et le beurre (-18%). Le lait utilisé pour les fabrications de lait liquide, de yaourts, de crèmes et poudres conditionnées, de beurre et de fromages a représenté 57% du lait biologique collecté sur janvier et février 2023. Les utilisations pour les autres fabrications (notamment vrac) et le lait biologique déclassé correspondent donc à 43% du lait biologique collecté. Cette proportion reste toujours très élevée comparé à 2019 où ce taux était de 28%.

Les ventes de produits laitiers bio en magasins sont en recul pour la 3ème année. En cumul sur les deux premières périodes de l’année 2023, les ventes se sont fortement rétractées : de -9% /2022 pour les yaourts jusqu’à -18% pour les fromages.