Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

A contre-courant de la plupart de la plupart des pays membres de l’UE-27, la production de viande bovine espagnole n’a cessé de croître entre 2012 et 2022, via la hausse du cheptel allaitant et de l’import de jeunes veaux laitiers (530 000 têtes en 2022, dont 68% de France). L’Espagne est particulièrement compétitive sur le marché européen.

Ce Dossier Économie de l’Élevage vise à présenter le mode de fonctionnement simplifié et particulièrement optimisé de la filière viande bovine ibérique.

Troisième producteur européen de viandes, l’Espagne témoigne au cours de la dernière décennie d’un dynamisme insolent, qui contraste avec le repli de plusieurs de ses voisins, comme la France et l’Allemagne. Les filières viandes espagnoles se sont installées durablement dans le commerce international grâce à leur forte compétitivité-prix et leur adaptabilité à la demande des différents clients, en particulier européens. Dans ce mouvement, la viande bovine emboîte le pas au porc, qui a connu une croissance quasiment ininterrompue depuis les années 1980, menant l’Espagne à la place de leader européen de la production porcine. Les recettes du succès du porc sont transposées aux élevages bovins : division et standardisation du travail à toutes les étapes de la filière, contractualisation et intégration verticale de l’engraissement par les coopératives, allant jusqu’aux industries des viandes, dans une logique coordonnée de production à flux tirés.

Les initiatives des entreprises locales, coopératives et privées, qui engagent les éleveurs dans leur développement, sont essentielles pour comprendre cette expansion de la production dans les différents territoires, que ce soit au nord-est ou au centre du pays. Les itinéraires d’engraissement simplifiés et à base de rations sèches visent à maximiser les croissances, optimiser la productivité du travail et diluer les charges de structure. Bien que la majorité des animaux engraissés soient nés en Espagne, en particulier les broutards allaitants des zones d’élevage extensif du centre et du sud du pays, cette performance de l’engraissement explique l’attraction croissante vers l’Espagne des jeunes veaux laitiers français.

La bonne conversion alimentaire a également permis de passer sans trop de difficultés la crise des matières premières. L’élevage espagnol est toutefois dépendant de ses importations de céréales et particulièrement vulnérable au changement climatique et à des sécheresses de plus en plus intenses. Les autres points noirs sont des usages d’antibiotiques et des impacts environnementaux contestables, qui laissent entrevoir des limites fortes à la croissance.

La viande espagnole affiche ses ambitions. Dossier Économie de l’Élevage n°542