Le prix moyen du lait de chèvre a connu une nouvelle progression au 2ème trimestre, sous l’effet de la hausse du prix de base. En revanche, la composition du lait s’est dégradée.
Bond du prix de base du lait de chèvre
Le prix de base du lait de chèvre s’est établi à 616 €/1 000 litres au 2ème trimestre 2020 en moyenne nationale, une progression de près de 21 € d’une année sur l’autre, soit +3,5% /2019. En effet, de nombreux transformateurs ont fait évoluer favorablement leurs grilles de paiement du lait, en faveur des éleveurs caprins dans un souci de pérennisation de la filière, et encouragés par la loi EGAlim. D’ailleurs, si elle a été bousculée pendant le confinement suite à la modification de la structure des ventes, la filière bénéficie d’une croissance des ventes de fromages de chèvre : dans ce contexte favorable, le prix de base pourrait progresser encore au troisième trimestre.
Au 2ème trimestre, c’est dans le bassin du Sud-Est que l’on observe le taux de progression le plus élevé en France, à près de +8% /2019, soit 619 €/1 000 litres. Les bassins du Sud-Ouest et du Centre-Ouest arrivent ensuite, avec des taux de progression de +2,7% et +3,5% respectivement, soit 616 € et 614 €/1 000 litres. Finalement, le bassin Centre, où le prix de base est le plus élevé, à 627 €/1 000 litres, a vu évoluer le prix de base payé aux producteurs de +2,2% /2019.
Progression atténuée du prix moyen…
Avec un taux de progression de +2,5% / 2019 au 2ème trimestre, le prix moyen à la production du lait de chèvre a connu une évolution légèrement moins favorable que celle du prix de base. A 659 € /1 000 litres au 2ème trimestre, il se situe 16 € au-dessus du niveau de 2019 et 30 € au-dessus de celui de 2018, selon l’enquête prix du lait menée chaque trimestre par l’Institut de l’Élevage.
Au deuxième trimestre, le prix moyen plus élevé se trouve dans la région Centre (689 €/1 000 litres, soit +2% /2019), où la proportion de fromages sous AOP est la plus importante. Arrivent ensuite les régions Sud-Est (655 €/1 000 litres, soit +3,2% /2019), Centre-Ouest (654 €/1 000 litres, soit +2,7% /2019) et Sud-Ouest (650 €/1 000 litres, soit +2% /2019).
Cette tendance à la hausse des prix moyens se poursuit au troisième trimestre, selon l’enquête laitière mensuelle de FranceAgriMer, qui estime le prix moyen national à 690 €/1 000 litres en juillet (soit +5,3% /2019) et à 712 €/1 000 litres en août (+3,2% / 2019).
… dans un contexte de dégradation de la composition du lait
Après un 1er trimestre marqué par le ralentissement de l’amélioration de la composition, celle-ci s’est dégradée au 2ème trimestre. Ainsi, le taux butyreux national affiche une chute de -0,8 g (-2% /2019), et se situe à 37,2 g/litre. Cette dégradation est de même ampleur dans tous les bassins de production, à l’exception du Centre où elle est moins prononcée (-0,6 g/l). En revanche, le taux protéique est resté globalement stable, à 33,1 g/litre en moyenne au 2ème trimestre, dans tous les bassins.
Alors que la génétique a un effet important sur le TP, qui est en conséquence assez stable, le TB fluctue selon le système d’alimentation, la production de lait et les conditions de vie de l’animal. En effet, la collecte a été fortement boostée par le contexte économique favorable de la filière et par des conditions automnales optimales (en termes de disponibilités et de qualité des fourrages) : ainsi, la composition du lait aurait été négativement impactée par un effet de « dilution » en début de campagne. Ensuite, les fortes chaleurs de mai et juin, et la conséquente hausse de la consommation d’eau des animaux, ont aussi participé à cet effet de dilution.
Stabilisation du prix des charges au 2ème et 3ème trimestres
La hausse des charges en élevage caprin, amorcée fin 2018, a finalement stoppé au 2ème trimestre 2020. L’IPAMPA, qui mesure l’évolution du prix des moyens de production agricole, a même connu une détente, en lien avec la baisse du prix de l’énergie ainsi que des aliments achetés. A près de 103,7 en moyenne sur le 3ème trimestre, il se trouve -0,3% en-dessous du niveau 2019 à pareille époque.
Le prix du lait se rétablit timidement en Espagne, il progresse aux Pays-Bas
En Espagne, le prix payé à la production se redresse timidement après avoir chuté en mars et avril. Le prix du lait s’est établi à 575 €/1 000 l en mai, 579 € /1 000 l en juin, et 593 €/1 000 l en juillet, des indicateurs encourageants pour la filière espagnole qui a été lourdement impactée par la crise sanitaire. Cette tendance devrait se prolonger le reste de l’année, compte tenu de l’importante contraction de la collecte espagnole.
En revanche, sur le trimestre, le prix du lait espagnol se situait toujours en deçà de son niveau de l’an dernier ; au 2ème trimestre il a régressé de -8% / 2019, à 576 € /1 000 l en moyenne selon FEGA, et de -10% au 3ème trimestre, à 593 € / 1 000 l selon nos propres estimations.
Aux Pays-Bas, le prix du lait payé aux producteurs a faiblement évolué au premier semestre 2020,ce qui a mis fin à une franche tendance haussière entamée en mars 2018. Il a toutefois enregistré un sursaut en juillet, suivi d’une stabilisation jusqu’en septembre, signe d’une possible amélioration de la conjoncture. En effet, la filière caprine néerlandaise a également été impactée par la renationalisation de l’approvisionnement français en lait de chèvre, notamment pendant la crise sanitaire.
Cependant, le prix payé reste en progression par rapport à 2019. Ainsi, il est passé de 667 €/1 000 l au deuxième trimestre à 675 € /1 000 l au 3ème trimestre, soit respectivement +8% et +7% au-dessus de l’an dernier.
Exprimé en €/kg de MSU, le prix du lait de chèvre en France au 2ème trimestre, à 9,2 €/kg de MSU, est supérieur de 17% au prix du lait espagnol (8,9 €/kg de MSU), et de 4% à celui de lait néerlandais (8,6 €/kg de MSU).