Après une courte baisse saisonnière cet été, le prix des broutards s’est raffermi lors de la réouverture du marché algérien. Les exports du mois d’août vers l’Italie ont été plus ralentis que depuis le début de l’année, par la canicule qui a gêné le transport et limité la consommation italienne de viande et avec les effectifs de broutards toujours restreints en France. L’engraissement en France se maintient.
Remontée des prix après un creux saisonnier
Les cours des broutards ont subi une légère baisse saisonnière en juillet, du fait de la baisse de la demande italienne en viande durant les chaleurs estivales, ralentissant le rythme des sorties des ateliers d’engraissement. Puis ils se sont raffermis à l’approche du 1er septembre, date de la réouverture du marché algérien aux imports de broutards. Les prix ont été soutenus par cette demande supplémentaire, la faiblesse des effectifs et les bonnes conditions herbagères dans la majorité des zones, qui n’imposaient pas de sorties précoces cette année.
Ainsi début septembre en semaine 36, le cours du broutard charolais U de 350 kg vif cotait 3,50 €/Kg vif, et avait repris 5 centimes en 4 semaines pour rester au-dessus de sa valeur de 2022 (+4% ou +10 cts) et de 2021 (+32%).
Le cours du Charolais U de 450 kg, plus rare à la fin de l’été, a également pris 7 centimes en 4 semaines, pour s’établir à 3,41 €/kg vif (+3% ou +11 cts /2022, +37% /2021). Le Limousin E de 350 kg vif s’est également apprécié de +5 centimes en 4 semaines pour atteindre 3,85 €/kg vif en semaine 36 (+12% ou +40 cts /2022, +32% /2021). Enfin le prix des broutards mâles croisés R, plus légers de 300 kg vif, a un peu moins progressé (+2 centimes), s’établissant tout de même à 3,15 €/kg vif (+4% ou +13 cts /2022, +31% /2021).
En femelles, le prix de la Limousine E de 270 kg vif avait subi une correction de -10 centimes début août, les femelles étant un peu moins demandées en 2023, le marché de la viande de génisse arrivant à un palier en Italie. Il s’était ensuite stabilisé à 3,30 €/kg vif en semaine 36 (+5% ou +15 cts /2022, +17% /2021). De son côté, le prix de la Charolaise U de 270 kg vif a progressé après une chute printanière et a même rattrapé le niveau de prix de la Limousine E, pour atteindre 3,30 €/kg vif aussi (+4% ou +12 cts /2022, +24% /2021).
156 000 naissances allaitantes en moins durant la campagne 2022-23
En juillet, les naissances de veaux de mère allaitante ont été presque stables d’une année sur l’autre (-0,7% /2022) d’après les données SPIE-BDNI, grâce aux vêlages des génisses. Cependant, sur l’ensemble de la campagne juillet 2022-juin 2023, les naissances ont fortement reculé pour la 2ème campagne consécutive, de -4,5% /2021-22 (-156 000 veaux) et de -7,1% /2020-21, à seulement 3 299 000 veaux.
Au 1er août, le cheptel de vaches allaitantes se repliait un peu moins fortement (-2,8% ou -98 000 têtes /2022) avec 3 450 000 vaches présentes.
Des effectifs de broutards de 6-12 mois en hausse en août
Les effectifs de mâles allaitants de 6 à 12 mois sont plus étoffés pour le quatrième mois consécutif, de +2% /2022 à 639 000 têtes au 1er août, grâce à une cohorte de naissances en recul de seulement -1,3%, sur la période août 2022-février 2023, et des mises à l’engraissement dynamiques en France.
Les effectifs de 0 à 6 mois sont par contre toujours réduits, avec 729 000 mâles de 0-6 mois présents au 1er août (-7% /2022 ou -54 000 têtes, -9% /2021), sous l’effet de la décapitalisation et du décalage de naissances vers l’automne.
En juin recul des ventes vers l’Italie et bond vers l’Espagne
En juin selon les Douanes, la France a envoyé 68 000 broutards mâles et femelles en Italie (-12% /2022 ou -9 000 têtes et -14% /2021). Ce recul est sans doute accentué par un effet calendrier. Juin 2023 ne compte que 4 mercredi-jeudi, contre 5 en 2022. Durant le 1er semestre 2023, 418 000 broutards (mâles et femelles) de plus de 160 kg ont traversé les Alpes, soit -5% /2022 (-23 000 têtes) et –8% /2021 ; un recul cohérent avec la baisse des naissances allaitantes et la bonne tenue des mises en place à l’engraissement en France.
De son côté l’Espagne a accru ses achats de broutards. La France y a expédié 11 000 têtes en juin, soit +30% /2022 (+2 000 têtes) et +10% /2021. Les engraisseurs espagnols ont privilégié les broutards mâles lourds de plus de 300 kg (5 500 têtes soit x2 /2022 et x2,8 /2021), pour réduire les durées d’engraissement, face au recul des récoltes de fourrages et de céréales provoqué par la sécheresse extrême. En effet, la récolte espagnole aurait chuté entre -39% et -54% /2022 selon le ministère de l’Agriculture espagnol.
En 6 mois, 57 000 broutards mâles et femelles ont été expédiés vers l’Espagne, +32% /2022 (+14 000 têtes) sans toutefois retrouver l’effectif de l’année 2021 (-18% /2021). A noter : les volumes envoyés en Espagne restent beaucoup plus modestes que ceux envoyés vers l’Italie et le volume global de broutards exportés de France recule donc.
Des exports restés faibles en juillet
En juillet les exportations de maigres sont restées ralenties. Sur les semaines 27 à 30, elles ont chuté de -8% /2022 et de -17% /2021 selon SPIE-BDNI, à 61 000 broutards de 4-15 mois.
Sur 7,5 mois de janvier et jusqu’au 20 août, 609 000 broutards ont été expédiés à l’étranger, en recul de -7% /2022 (-45 000 têtes) et -10% /2021. La part de femelles (35% des effectifs totaux) est restée stable d’une année sur l’autre.
En août, revers pour les exports de bovins de tous âges vers l’Italie
Sur la période la plus récente, du 30 juillet au 9 septembre (semaines 31 à 36), 88 000 bovins de tous âges, sexes et types, ont été exportés vers l’Italie, en fort recul de -18% /2022 et 2021 (données TRACES-DGAL). Les exports vers l’Italie ont été particulièrement ralentis en août, du fait de la canicule, de la baisse de la consommation de viande en Italie liée à cette chaleur et des abattages italiens d’août ralentis en conséquence.
Vers l’Espagne, pour la première fois depuis le début de l’année, nous assistons à un recul des envois totaux de bovins, y compris veaux, lié encore à la canicule compliquant le transport et réduisant la consommation en Espagne et en Europe. 46 000 bovins français de tous âges et types sont partis entre les semaines 31 et 36, selon TRACES-DGAL (-8% /2022 ou -4 000 bovins mais +1% /2021).
Redémarrage de l’export vers l’Algérie en septembre
En juin, seuls 340 broutards ont été exportés vers les pays tiers, vers le Maroc plus précisément. En juillet, les autorités algériennes ont indiqué qu’elles autoriseraient les importations de broutards sans limite inférieure de poids, à partir du 1er septembre. Des bateaux sont en préparation.