La collecte de lait française a poursuivi son repli en avril, toutefois les taux protéiques et butyreux se sont améliorés réduisant le recul en matière sèche utile.
Le prix du lait reflue depuis mars mais reste supérieur à son niveau de l’an dernier. Quant aux charges en élevage, elles commencent à diminuer.
La collecte de lait en France continue de décroître
La collecte laitière s’est contractée en avril de -2,1% /2022, après une chute sévère en mars de près de -3%. Au cours du premier quadrimestre 2023, la collecte a ainsi reculé de -1,9% /2022. Et le repli s’est significativement accentué en mai, de -3,1% d’après les sondages hebdomadaires de FranceAgriMer. Le recul de collecte affecte l’ensemble des régions françaises à l’exception de la Normandie (sur 4 mois 2023 : +1,4 % /2022) et des Hauts de France (+1,1%). En revanche, la baisse est très prononcée en Bretagne (-2,8%) et en Pays de la Loire (-4,2%). Désormais, tous les départements bretons sont concernés par le recul de collecte, y compris l’Ille et Vilaine jusque-là épargnée.
Avec l’amélioration des taux butyreux et protéiques, la collecte nationale calculée en MSU ne s’est rétractée que de -0,3% sur les quatre premiers mois de l’année.
La collecte se replie sous l’effet de la baisse continue du cheptel laitier. Au 1er mai 2023, l’effectif de vaches laitières a de nouveau enregistré une baisse de -2,5% /2022. Malgré une nette diminution des sorties de vaches de réforme (-5% en mai /2022), le nombre d’entrées de génisses s’est fortement réduit (-7%). Au-delà de la réduction du cheptel qui impacte le niveau de production, le climat a aussi joué. Les pluies du mois de mars, dans certaines régions, ont empêché la mise au pâturage des vaches.
Le prix du lait baisse avant une probable stabilisation
En avril 2023, le prix du lait standard (toutes qualités) en France est descendu à 455 €/1 000 l, en recul de -15 € en un mois. Il reste toutefois plus élevé qu’un an auparavant (+40 € /2022). Le prix du lait décroche un peu partout en Europe depuis janvier 2023, à l’exception de l’Espagne où il se maintient. Après une chute sévère, les prix allemands et néerlandais ont rejoint le prix français en avril. En mai, le prix français aurait encore baissé de près de -10 € en un mois, d’après nos estimations, tandis qu’en juin, le recul serait faible.
Sur le second semestre de l’année, le prix du lait en France pourrait se stabiliser voire réaugmenter. Le fort recul de la collecte française met sous tension certaines laiteries aux collectes très localisées. De plus, la stabilisation puis le possible recul de collecte dans l’UE d’ici la fin d’année pourrait jouer en faveur du maintien voire d’une remontée des cours des ingrédients laitiers puis du prix du lait.
Les charges en élevage poursuivent leur repli d’après l’Ipampa lait de vache. Cet indicateur, qui n’intègre pas l’ensemble des charges, a diminué en avril de -1,5% /mars 2023. Le prix des engrais a reculé de -30% depuis octobre 2022. Deuxième mois consécutif de baisse pour le poste aliment (-3% /février 2023). Le poste énergie est aussi orienté à la baisse (-15% depuis le pic du mois de mars 2022). Les postes énergies et aliments achetés devraient continuer de se déprécier dans les mois à venir. L’Ipampa lait de vache devrait ainsi poursuivre sa baisse.
La marge MILC en France, estimée à 148 €/1 000 l en avril, a diminué de -13 € d’un mois sur l’autre sous l’effet de la baisse du prix du lait et malgré une réduction des charges. Le produit des ventes d’animaux a été stable. Sur un an, la MILC a augmenté de +37 €/1 000 l. La hausse du produit lait (+40 € /2022) et celle des autres produits (+4 €) compensent l’augmentation des charges (+7 €).
La collecte de lait bio affectée par les arrêts d’ateliers et le climat
La collecte de lait bio accentue son recul en avril de -4% /2022, ce qui porte la baisse de collecte sur le premier quadrimestre à -1,9% /2022. Le recul des achats des ménages de produits laitiers bio affecte lourdement la demande. Dans ce contexte, les arrêts d’ateliers se sont accélérés. En un an, le nombre de livreurs de lait bio s’est réduit de -2,5% (perte de 100 livreurs). Certains éleveurs ont pu réduire leur cheptel laitier. Également, le début du printemps humide et froid a affecté le niveau de production. Les prix se sont améliorés de plus de 30 €/1 000 l sur le début d’année comparé à 2022. L’inquiétude climatique est très pesante aujourd’hui chez les éleveurs laitiers bio, impactant l’autonomie alimentaire avec un risque d’ajustement du nombre de vaches.