Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La très forte inflation des charges est concomitante à la hausse des prix des bovins finis. En septembre, l’IPAMPA viande bovine était en hausse de +10% /2020, quand celle du prix moyen pondéré des gros bovins finis entrée abattoir atteignait +9% /2020. Si les prix des intrants (aliment, énergie, matériel…) resteront élevés dans les prochains mois, les fondamentaux du marché sont au vert pour les prix des bovins, la pénurie de viande sur le marché européen continuant d’orienter les prix à la hausse.

Des charges en forte hausse

En septembre 2021, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles) qui permet de mesurer l’évolution des charges dans les ateliers bovin viande, se situait au niveau record de 114,3 (+10% /2020 et +8% /2019). L’indice des aliments achetés, plus volatile, était à +12% /2020 et +14% /2019 et celui des énergies et lubrifiants à +37% /2020 et +3% /2019. L’IPAMPA viande bovine devrait rester élevé dans les prochains mois compte tenu des anticipations des prix des grains, des tourteaux et de ceux de l’énergie (lire zoom sur le marché des grains).

Face à cette flambée des charges, les prix des bovins finis se sont heureusement revalorisés. Le PMP (prix moyen pondéré) des gros bovins finis entrée abattoir s’établissait en septembre à 3,91 €/kg de carcasse (+9% /2020 et +10% /2019). Il avait encore progressé en octobre, à 3,96 €/kg en moyenne sur le mois (+11% /2020 et +13% /2019) et atteignait 4,02 €/kg en semaine 44 (+12% /2020 et +16% /2019).

La vache R à 4,28 €/kg début novembre, la vache U à 4,90

L’offre limitée en France comme chez nos voisins européens continue de soutenir les prix des femelles. Les cours des vaches allaitantes ont encore gagné 5 à 6 centimes depuis le mois dernier. En semaine 44, la vache U cotait 4,90 €/kg (+8% /2020 et +10% /2019) et la vache R 4,28 €/kg (+7% /2020 et +14% /2019).

Les cotations des vaches laitières sont reparties à la hausse en octobre, contrairement à la tendance saisonnière habituelle. La vache O cotait ainsi 3,59 €/kg début novembre (+15% /2020 et +19% /2019) et la vache P 3,40 €/kg (+18% /2020 et +32% /2019).

En octobre, les abattages de femelles ont été particulièrement bas. Non seulement les cheptels sont en retrait (-1,7% /2020 pour les vaches laitières et -2,5% pour les vaches allaitantes au 1er  octobre), mais la belle arrière-saison avait permis de maintenir de nombreux animaux au pâturage. D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev basé sur les outils de plus de 1 500 tonnes de gros bovins, les abattages de vaches sur les semaines 40 à 43 étaient en baisse de -4% /2020 pour les laitières et de -2% pour les vaches de type viande. Ceux de génisses étaient en légère hausse (+1%) et ceux de bœufs en progression significative (+7%). Mais cette dernière catégorie concerne des volumes trop réduits pour compenser le manque de femelles sur le marché français.

Les JB français profitent de l’envolée des prix sur le marché européen

La hausse des cours des jeunes bovins partout en Europe s’accélère et se transmet en France, d’autant que l’offre nationale est faible. Le JB U a encore gagné 15 centimes en 1 mois pour atteindre 4,39 €/kg de carcasse en semaine 44 (+16% /2020 et +11% /2019). Le JB R a gagné 17 centimes à 4,24 €/kg (+18% /2020 et +12% /2019). Le JB O s’est quant à lui renchéri de 8 centimes à 3,61 €/kg (+14% /2020 et +13% /2019).

Depuis maintenant plusieurs mois, les JB sont abattus plus jeunes qu’habituellement, leurs sorties étant anticipées afin de répondre à la demande du marché européen. A présent, la marchandise manque à l’appel. Les abattages de JB de type viande sur les semaines 40 à 43 étaient en retrait de -8% /2020 et ceux de JB de type lait de -24% !

Les sorties de JB viande depuis le début de l’année sont supérieures à la prévision issue du modèle MODEMO, ce qui traduit un rythme de prélèvement plus dynamique des mâles en ferme que la tendance des 4 années antérieures. Au 31 octobre, l’avance de sorties cumulée depuis le début de l’année atteignait +17 000 têtes.