Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

La filière lait biologique doit composer avec les incertitudes liées à la crise économique et aux modifications des pratiques d’achat des consommateurs et distributeurs depuis le 1er confinement. Ce alors même que sa collecte reste relativement dynamique.

Collecte : une croissance qui reste dynamique

À un peu plus de 82 millions de litres sur septembre, soit +11% d’une année sur l’autre, la collecte de lait biologique reste dynamique à son creux saisonnier annuel. En cumul de janvier à septembre, elle s’établit à 827 millions de litres, soit près de 12% au-dessus de son niveau de l’an passé.

La collecte voit sa forte croissance des années précédentes s’atténuer légèrement (elle était de +17% en 2019 /2018 après une envolée supérieure à +32% sur l’année 2018) alors que les conversions nouvelles se font plus rares depuis 2019. Ce ralentissement a été renforcé par l’appel des opérateurs à la modération des livraisons printanières, comme ce fût déjà le cas en 2019, et évidemment en lien étroit avec les complications liées à la pandémie ce début d’année. Elle reste malgré tout relativement soutenue. Selon de nombreux opérateurs, les habituelles tensions sur la ressource de fin d’été-début d’automne liées aux besoins en matière grasse n’ont pas été aussi prononcées cette année, les laiteries étant plutôt confrontées à une offre excédentaire  par rapport à leurs besoins.
Une telle situation s’explique par des conditions climatiques plutôt favorables à l’étirement de la saison de pâturage en amont, et des commandes des distributeurs plus timorées en aval. Fin octobre, à l’approche du second confinement, les commandes des distributeurs sont toutefois reparties à la hausse.

Le prix du lait décroche par rapport à l’an passé

Cette situation de moindre tension sur la ressource (voire même d’excédents) a conduit à une certaine dégradation du prix du lait biologique ces derniers mois. Celui-ci est en effet retombé à des niveaux inférieurs à l’an passé sur août puis septembre d’après les résultats de l’enquête mensuelle laitière de FranceAgriMer, à respectivement 485 et 506 €/1 000 l (toutes compositions, toutes primes et toutes qualités confondues) contre 491 et 513 € à pareille époque l’an passé. Il retrouve des niveaux comparables à l’année 2017 et supérieurs à ceux de 2018. A noter que ce décrochage s’expliquerait au moins pour partie par la dégradation des teneurs en matière sèche utile sur ces deux mois d’une année sur l’autre.

Consommation : tassement des achats durant la période estivale

Après avoir plutôt bénéficié des achats des ménages en hausse lors du premier confinement, les produits laitiers biologiques font face à une situation nouvelle avec un tassement des croissances depuis le printemps. Les yaourts apparaissent comme la catégorie de produits laitiers la plus affectée. Selon les données du panel Kantar arrêtées fin septembre, les ventes de yaourts « bio » sur 12 mois seraient en repli de près de 4% d’une année sur l’autre en volume (contre une croissance de +13% sur l’année 2019 /2018). Les autres produits connaissent pour leur part une croissance moins rapide que par le passé : +4% pour les laits liquides ; +8% pour les beurre ; +11% pour les crèmes ou encore +12% pour les fromages (contre respectivement +11% ; +23% ; +21% et +21% sur l’année entière 2019/2018).

La priorisation des budgets des ménages affectés par la crise économique vers d’autres achats au cours de la période estivale peut constituer une des explications de ce tassement de la consommation de produits laitiers biologiques. Les opérateurs de la filière sont en tout cas attentifs à ces évolutions qui apportent leur lot d’interrogations dans une période où la visibilité à court terme manque particulièrement.