Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

L’an passé à la même époque, en plein premier confinement, nous titrions le Dossier Annuel caprin : « Résister d’abord, relancer ensuite ». Au prix d’efforts de tous ses acteurs et d’abord des éleveurs, la filière laitière caprine a plié sous les fermetures de débouchés (RHD, rayons à la coupe, marchés de plein air…), mais a vite rebondi en France

Si bien que sur 2020, la collecte aura progressé de +4% d’une année sur l’autre malgré la sécheresse qui a une fois de plus affecté la plupart des régions caprines. Le prix du lait payé aux livreurs a été porteur (+3,1% en prix moyen) alors que le prix de vente des fromages par les transformateurs industriels (PVI) progressait lui aussi (+2,1%). La consommation nationale a progressé, surtout les achats des ménages face à la fermeture de l’essentiel de la RHD durant plus du tiers de l’année. Le marché s’est aussi renationalisé, avec la chute des importations de caillé congelé.

Tout irait bien dans le meilleur des mondes caprins possibles ? Malheureusement, le constat n’est pas si simple. D’une part le marché du chevreau a considérablement pâti à Pâques 2020, avec des stocks de congelé qui ont affecté le marché tout le reste de l’année. Si les ventes de chevreaux représentent en moyenne 1% à 3% du produit caprin (selon que les éleveurs engraissent ou non), la dévalorisation se traduit directement sur le revenu. D’autre part, les producteurs fermiers ont dû dépenser une énergie considérable pour trouver ou créer des circuits alternatifs. Enfin, beaucoup d’éleveurs ont une nouvelle fois été affectés par la sécheresse estivale et tous sont touchés par la hausse des prix des aliments achetés et de l’énergie depuis la fin 2020, qui s’est accentuée début 2021. Les revenus estimés pour 2020 sont cependant en hausse pour presque tous les systèmes, l’atelier caprin permettant éventuellement de compenser les baisses des autres ateliers, bovins viande ou grandes cultures.

2021 restera compliqué avec la situation sanitaire que l’on connaît. Mais les perspectives semblent toujours positives pour la filière caprine, malgré la hausse des matières premières, la dévalorisation du chevreau et les aléas climatiques plus fréquents. Le contraste est frappant avec la situation en Espagne (prix et collecte en berne), et aux Pays-Bas où la filière fait face aux à des contraintes environnementales de plus en plus drastiques.

Dossier Économie de l’Élevage n°518 – Mars 2021