Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

L’évolution de la collecte semble se stabiliser, après un début d’année en forte croissance. Les ventes de fromages de chèvre dans les rayons libre-service des GMS sont restées dynamiques au 1er semestre 2020, mais la valeur des achats ne suit pas au même rythme, plombant les prix moyens.

La progression se poursuit, mais la cadence baisse

La collecte française de lait de chèvre a poursuivi sa progression jusqu’au pic de production de mai, puis a amorcé sa baisse saisonnière. La progression s’élève à +3,3 % par rapport à 2019 pour les mois de mai et juin et est estimée à +4 % /2019 pour le mois de juillet, selon le sondage hebdomadaire de FranceAgriMer. Après avoir été très dynamique au premier trimestre (+6 % /2019), la collecte a progressé moins vite au deuxième trimestre (+4 % /2019). Ainsi, la collecte nationale cumulée à juillet s’établirait à près de 320 millions de litres, soit +5 % /2019 ; un niveau  inégalé depuis la crise qui frappa la filière caprine en 2012.

Ce dynamisme de la production contribue à la renationalisation de l’approvisionnement industriel français. Alors qu’elle affichait des taux de progression inédits jusqu’au mois d’avril, grâce à des conditions météorologiques favorables au printemps et à des prix en hausse, la progression de la collecte ralentit en partie sous l’effet de la crise sanitaire et des signaux dissuasifs de la part des transformateurs. A l’automne, la collecte devrait ralentir davantage, si l’on tient compte de la sécheresse qui a touché plusieurs régions françaises.

La progression des volumes commercialisés de fromage de chèvre se poursuit

Alors qu’en début d’année, la demande en fromage de chèvre connaissait une croissance ralentie, elle a retrouvé pendant le confinement une bonne dynamique, qui s’est prolongée ensuite. Les ventes de fromages au rayon en libre-service des GMS, qui absorbent près de la moitié des fabrications totales de fromages de chèvre, ont progressé de +17% en avril, +16% en mai et +6% en juin par rapport à 2019. Les ventes de fromages affinés ont été plus dynamiques que celles des fromages  frais (+4% /2019, contre +1,1%), c’est notamment la buchette affinée qui porte cette dynamique (avec une progression de +6% /2019).

Les ventes de fromages AOP évoluent favorablement aussi, avec cependant des résultats très variables entre appellations : la progression des ventes de Ste-Maure-de-la-Touraine (+7% /2019) et du Valençay (+13%) a compensé la baisse des ventes de la Rigotte de Condrieu (-9%) ou du Poligny-Saint-Pierre (-8,4%). Ainsi, les volumes commercialisés des fromages de chèvre retrouvent une dynamique similaire à celle de 2016. Cependant, cette évolution a lieu dans un contexte de dégradation des prix de vente de fromage de chèvre : à 11,86 €/kg en moyenne, soit -1,2% /2019. Cette tendance s’est accentuée pendant le confinement puis s’est prolongée en juin. La baisse du prix moyen de vente des fromages provient de la déformation de la structure des produits vendus en LS : d’un côté l’explosion des ventes de bûches et bûchettes, et de l’autre le recul des ventes de fromages à plus haute valeur.

Lente reprise des exportations des fromages de chèvre

Les exportations françaises de fromages de chèvre ont été lourdement impactées par l’épisode de crise sanitaire, qui a ralenti les échanges et freiné la demande extérieure. Après un mois de mars relativement stable (seulement +30 tonnes supplémentaires ont été expédiées), et alors que l’Europe (principal marché pour les fromages de chèvre français) se confinait, les envois d’avril ont chuté de -30% /2019 (à 1 580 t) et de -28% en mai (1 540 t) d’après l’enquête mensuelle laitière de FranceAgriMer. Dans les semaines qui ont suivi le déconfinement, elles ont retrouvé des niveaux proches de la normale, avec 2 010 t exportées en juin, soit -4% /2019. Le cumul des exportations à juin s’élève à 11 000 tonnes, soit -1 400 tonnes en moins par rapport à 2019 (-11% /2019).

La crise sanitaire a accéléré le recul des exportations qui étaient orientées à la baisse depuis 2018.