Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Malgré la modeste consommation de viande d’agneau par les ménages français, les faibles disponibilités soutiennent le cours de l’agneau lourd, qui ne cesse de croître, surplombant son niveau des années précédentes.

La rareté de l’offre soutient la cotation

En semaine 49 (se terminant le 10 décembre 2023), la cotation entrée abattoir atteignait 8,73 €/kg, soit +1 centime d’une semaine sur l’autre et +21 centimes d’une année sur l’autre.
Les abattages poursuivent leur baisse saisonnière, sur fond de très faibles sorties des élevages français et d’importations de vifs réduites. Les importations de viande ovine restent elles aussi en retrait, diminuant d’autant le disponible sur le marché français.

En octobre, l’IPAMPA ovin viande était stable d’un mois sur l’autre, après avoir augmenté en septembre. A l’indice 134, il est toutefois en repli de -4% /2022. L’indice énergie et lubrifiants (-7% /2022, et -3% /2021), tout comme ceux des engrais (-38% /2022, mais +1% /2021) et des aliments achetés (-9%, mais +1% /2021) restent à des niveaux historiquement élevés.

Inquiétante baisse des abattages

Au vu de la baisse importante des sorties d’élevage, de nombreux éleveurs ovins auraient arrêté de désaisonner. D’une part l’été est une période suffisamment chargée, sans avoir à ajouter les agnelages, et, d’autre part, le prix des agneaux, historiquement élevé, n’incite plus les éleveurs à aller chercher la prime de désaisonnement. Ainsi, de moins en moins de brebis et agneaux sortent en novembre/décembre (phénomène déjà observé en 2022), ce qui accentue le recul général des disponibilités.
Traditionnellement début décembre, la reprise des abattages faisaient pression sur les prix qui se détendaient, ce qui n’est plus le cas depuis deux ans.
Selon Agreste, la production ovine (agneaux et réformes) a donc de nouveau chuté en octobre (-6% /2022). Au total, sur 10 mois, elle a atteint 63 400 téc, soit -8% /2022.
De janvier à octobre, les abattages d’agneaux ont reculé de -9% en effectifs, à 2,8 M de têtes, et de -8% en volume, à 52 000 téc, sous l’effet d’une légère hausse de leur poids moyen de carcasse (+0,3% /2022), à 18,5 kgéc. Les abattages de réformes ont quant à eux reculé de -7% en effectifs, et de -8% en volume (allègement du poids moyen des carcasses, de 26,8 à 26,5 kgéc).

Avec le repli des importations d’agneaux espagnols (-38% /2022 à 97 000 têtes sur 10 mois de 2023) et, surtout, la baisse des sorties d’agneaux français (-8% /2022 à 2,8 M de têtes sur 10 mois), les abattages français reculent inéluctablement en 2023, d’autant que les exportations d’agneaux ont sensiblement progressé (+1% /2022 à 190 000 têtes).
Selon Ovinfos, les abattages d’ovins sont restés faibles en novembre ainsi que début décembre, bien en-deçà de leur niveau de 2022. Cette tendance pourrait perdurer au moins début 2024, notamment du fait d’une baisse prévue des sorties d’agneaux Lacaune ; un certain nombre d’élevages ovins, notamment aveyronnais, ayant cessé leur activité.

Le recul des importations de viande ovine ralentit en octobre

La baisse des importations de viande ovine a ralenti en octobre, de -1% d’une année sur l’autre, à 7 050 téc, car la viande d’import est plutôt compétitive.
Le volume des imports cumulé sur 10 mois a ainsi baissé de -3% /2022, à 67 500 téc. Comparé à la moyenne 2015-2019, avant la pandémie de covid-19, la baisse des imports s’est accentuée nettement (-13%).
Seuls les imports de viande en provenance du Royaume-Uni ont progressé (+11% /2022). Ceux en provenance d’Irlande, d’Espagne et de Nouvelle-Zélande ont reculé de respectivement -5%, -15% et -9% /2022.

Le disponible français de viande ovine recule franchement

Sur 10 mois, le disponible français en viande ovine a logiquement baissé, de -6% /2022, avec des abattages et des importations de viande ovine en retrait. Il se situe ainsi très en dessous du niveau de la moyenne quinquennale pré-covid (-12%).