A l’entame du dernier trimestre, la collecte laitière française a marqué le pas, impactée par une baisse du cheptel plus prononcée. D’autres grands producteurs de l’UE-27, comme l’Allemagne ou même les Pays-Bas, voient aussi leur collecte s’essouffler, contrairement à l’Irlande et la Pologne où elle reste dynamique. La collecte du vieux continent devrait croître moins vite sur le dernier trimestre.
La collecte française décroche depuis octobre
Après avoir alterné les phases de croissance et de décroissance d’une année sur l’autre au cours de l’été, se manifestant au final par une hausse de +1% sur le 3ème trimestre à 5,8 millions de tonnes, la collecte laitière semble avoir pris une orientation baissière plus marquée à l’entame du dernier trimestre 2020. Elle aurait reculé de -0,8% /2019 en octobre, à 1,954 million de tonnes selon l’enquête mensuelle laitière. Ce repli aurait été accentué en novembre à -1,3% /2019 d’après les sondages hebdomadaires de FranceAgriMer. En cumul de janvier à octobre, la collecte française demeure toutefois modestement croissante (+0,3% effet bissextile décompté).
La Normandie apparait comme la région la plus épargnée par cette baisse de fin d’année. Alors qu’elle accusait un retard de -0,2% de janvier à août, la collecte affiche désormais un cumul en croissance fin octobre (+0,4% /2019) et les sondages hebdomadaires y restent orientés à la hausse sur novembre. Le Grand Est et les Hauts de France ont également connu des hausses sur octobre (respectivement +1,8% et +0,6% /2019), permettant à la 1èrerégion d’afficher un cumul en croissance de +4,7% fin octobre tandis que la 2nde accuse un léger retard (-0,1%). En revanche, les collectes régionales en Bretagne, dans les Pays de la Loire et en Auvergne-Rhône-Alpes connaissent des baisses comprises entre -1,0 et -1,3% sur octobre. Pour la 1ère, la collecte cumulée fin octobre s’éloigne de ses niveaux de l’an passé (-0,7%), tandis que les deux autres préservent malgré tout une certaine marge (+1,1 et +1,4%). C’est finalement la Bourgogne-Franche-Comté qui enregistre les reculs les plus forts sur octobre (-6,3% /2019). En cumul depuis janvier, son avance se réduit (+2,3% contre +4% fin août). Enfin, la collecte en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine continuent de décrocher (-4% et -5,5% /2019 sur octobre pour des reculs en cumul sur 10 mois de -1,4% et -2,6%).
Un renouvellement réduit du cheptel
Si les conditions météorologiques peuvent expliquer une partie de la baisse de collecte (temps relativement frais et agité en octobre avec également la tempête Alex, puis temps plus doux mais sec sur novembre), le recul du cheptel de vaches laitières apparait comme le principal facteur explicatif. D’une année sur l’autre, l’effectif national de vaches laitières présentes dans les élevages laitiers a reculé de -2% au 1er octobre et au 1er novembre, soit un rythme double de la tendance de ces dernières années, avant qu’un 1er décrochage ne soit déjà constaté à partir d’octobre 2019 (-50 000 têtes /octobre 2018) et continue de s’amplifier tout au long de 2020.
Parmi les grandes régions laitières, le recul du cheptel est le plus prononcé en Bretagne (-2,3% /2019). Il demeure limité en Bourgogne-Franche-Comté (-0,7%, et inférieur à -0,6% dans la partie Franche-Comté). Les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine connaissent quant à elles les reculs les plus marqués au plan national, avec respectivement -3,7% et -5,1%.
Avec un fort recul des entrées de génisses dans le cheptel laitier (-5% en septembre puis -4% en octobre par rapport à 2019), la remontée saisonnière du nombre de laitières d’un mois sur l’autre (de 3,578 millions de têtes au le 1er octobre à 3,586 millions de têtes le 1er novembre) tient surtout au net recul des sorties des réformes (-7% /2019). La baisse accentuée du cheptel laitier se répercute sur les naissances de veaux en forte baisse lors du pic saisonnier.
Ces évolutions pourraient refléter un ralentissement de la croissance des élevages en place qui compenserait encore moins que par le passé les cessations d’activité toujours aussi nombreuses. En 2019, le nombre de livreurs a reculé de 4,1% d’une année sur l’autre, d’après l’enquête annuelle laitière qui dénombrait 51 592 producteurs livreurs.
Croissance toujours forte en Irlande et en Pologne
Alors que parmi les autres grands pays producteurs de l’UE, les collectes allemandes et néerlandaises peinent à maintenir leur niveau de l’an passé (-0,9% /2019 pour la première et -0,1% pour la seconde sur octobre), les collectes irlandaises et polonaises demeurent dynamiques, en hausse respective de +8% et +2% sur octobre. Pour ces deux pays, il faut souligner que les prix du lait sont bien orientés depuis l’été, supérieurs à leur niveau de l’an passé (391 € /t sur octobre en Irlande soit +25 € /2019, et 325 €/t soit +11 € en Pologne d’après le MMO). En revanche, le prix du lait est stable en Allemagne à 347 €/t et en légère baisse aux Pays-Bas (-10 € à 337 €/t).
Au total, la collecte de l’UE-27 est demeurée croissante en octobre, en hausse de +1,1% /2019 d’après nos estimations à 11,57 millions de tonnes. En cumul depuis janvier, elle aurait approché 122 millions de tonnes, soit +1,5% /2019.
La collecte britannique confirme quant à elle son rebond de septembre (+0,7% /2019) avec une croissance de +2,2% sur octobre, soit la plus forte croissance depuis juillet 2019 ! En cumul de janvier à octobre, elle accuse un retard de seulement -0,6% désormais, contre -1,3% à la fin du 1er semestre.