La production de viande ovine en Irlande comme au Royaume-Uni a débuté l’année à de bons niveaux en janvier mais a ensuite baissé alors que la demande, notamment à l’export, augmente graduellement à l’approche des fêtes religieuses : baisse de l’offre et hausse des commandes font ainsi grimper les cours. En Espagne, comme en France, ils sont également soutenus par une faiblesse de l’offre.
Royaume-Uni : flux de viande ovine dynamiques et cours qui s’emballent début 2024
Le cours britannique poursuit sa traditionnelle hausse bien au-dessus du niveau des années précédentes. En semaine 10, il se situait à 8,70 €/kg, soit +2,96 €/kg comparé à 2023 et +1,84 €/kg /2022.
La production britannique de viande ovine a totalisé 45 000 t sur les deux premiers mois de 2024, en hausse de +2% d’une année sur l’autre. Cela s’explique par une baisse de -9% des abattages de réformes (-26 000 têtes) contrebalancée par une hausse des abattages d’agneaux (+3% soit +48 000 têtes). Comparée à la moyenne 2015-2019, la production recule de -2%. Selon Defra, la production serait en baisse en février et la tendance se poursuivrait en mars, expliquant cette envolée de la cotation.
Les importations de viande ovine ont continué de croître d’une année sur l’autre, poursuivant la dynamique entamée au 2nd semestre 2023 et illustrant bien la mise en place des accords commerciaux avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie (printemps 2023). Elles ont ainsi progressé de +62% /2023 en janvier 2024, à 4 330 téc, triplant quasiment en provenance de Nouvelle-Zélande et augmentant de +36% d’Australie. Elles ont outre progressé de +8% depuis l’Irlande.
Avec un disponible croissant, les exportations britanniques de viande ovine ont alors aussi poursuivi la même dynamique qu’au 2nd semestre 2023, bondissant de +14% en janvier 2024 /2023. Elles ont progressé de +38% vers la France mais se sont repliées de -8% vers l’Allemagne. Elles dépassaient ainsi de +4% leur niveau d’avant Brexit et pandémie de Covid-19 (moyenne 2015-2019).
Irlande : la demande s’accentue tandis que l’offre se replie
En semaine 10 de 2024, la cotation du Hogget irlandais s’établissait à 8,35 €/kg, soit +1,97 €/kg au-dessus de son niveau de 2023, et +1,35 €/kg au-dessus de celui de 2022.
Après avoir fléchi de -1% /2022 en 2023, les abattages d’ovins irlandais ont progressé de +2% /2023 en janvier. Les effectifs d’agneaux abattus ont légèrement progressé, de +5% /2023 et ceux des réformes reculé, de -13%. La production de viande ovine en volume a alors gagné +2%, à 5 800 téc : c’est le niveau le plus élevé enregistré depuis au moins 1982.
Malgré cela, les exportations de viande ovine irlandaise étaient stables d’une année sur l’autre en janvier 2024, à 4 500 téc, avec – 6% vers la France mais +17% vers le Royaume-Uni. La demande d’agneau irlandais augmenterait à l’approche du Ramadan et de Pâques pour les principaux pays importateurs, tandis que l’offre irlandaise se serait contractée en février, faisant flamber les cours.
Espagne : repli de l’offre
Le cours de l’agneau espagnol est stable depuis plusieurs semaines, après avoir légèrement diminué en début d’année. En semaine 10, il s’établissait à 8,05 €/kg, soit + 0,94 €/kg, au-dessus de son niveau de 2023. Ce cours élevé illustre probablement une offre toujours en repli.
Du côté des exportations, la tendance se poursuit en janvier 2024 : baisse des envois de vifs comme de viande.
En janvier 2024, les exportations de viande ovine espagnoles reculaient de – 7% /2023, à 2 500 téc, principalement du fait d’un important recul de la demande des pays du Moyen-Orient (Qatar, Bahreïn, …) et de la France (-16%).
Sur la même période, les envois d’agneaux vivants ont nettement chuté, de -40% /2023 à 40 000 têtes, en raison de fortes baisses vers la Jordanie (-14 000 agneaux) et le Portugal (-15 000 agneaux). Parallèlement, les envois de réformes ont doublé, atteignant 11 500 têtes.
Compte-tenu de la cotation soutenue et de la baisse des envois de viande et de vifs début 2024, on imagine que la production de viande ovine espagnole est restée modeste en début d’année. Pour rappel, la production espagnole avait déjà enregistré une forte baisse sur l’année 2003 : -11% /2022.
Nouvelle-Zélande : la baisse de demande chinoise réoriente les flux vers l’Europe début 2024
Après avoir augmenté de +1% entre 2022 et 2023, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande a augmenté de +4% d’une année sur l’autre en janvier, à 50 100 t.
La hausse des exportations de viande ovine est moins importante : +1% /2023, à 39 000 téc, notamment du fait d’un recul de la demande chinoise (-13%). Elles augmentent donc vers l’Europe, avec +48% vers le Royaume-Uni et +8% vers la France.
Malgré les conflits en Mer Rouge et la sécheresse qui frappe le canal du Panama depuis l’été dernier, et même si le trajet par voie maritime en est rallongé (d’une semaine en moyenne), cela ne semble pas impacter significativement les volumes néozélandais envoyés en Europe.