Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Le déficit de lait de chèvre s’est encore accentué en juillet, face à une collecte en repli et à l’effondrement des importations. Si les transformateurs ont réussi à fournir tant bien que mal un marché domestique bien orienté, en limitant la reconstitution des stocks et en redirigeant les volumes exportés sur le marché domestique, la situation devrait se tendre en fin d’année.

 

La baisse de la collecte s’atténue progressivement

A 302 millions de litres cumulés en juillet, la collecte de lait de chèvre s’est encore repliée de 1,5% d’une année sur l’autre (-4,3 millions de litres). Néanmoins, l’amplitude de la baisse s’est progressivement s’atténuée. En effet, après le repli de 3% en janvier, elle évoluait entre -1,6 et -1,9% sous le niveau de 2018 entre février et mai, en lien avec l’important décalage des naissances en début d’année. Grâce à un cheptel étoffé, la tendance aurait dû s’inverser, après le pic de collecte, mais les canicules estivales en juin et juillet ont impacté les lactations. Ainsi, la baisse de collecte s’est certes atténuée (-0,8% en juin ; -0,7% en juillet), mais est restée négative. L’enquête hebdomadaire de FranceAgriMer, qui portait sur 78% de la collecte nationale en 2018, semble cependant annoncer une amélioration de la situation en fin d’été, avec une progression moyenne supérieure à 3% en août et septembre. Si cette tendance se confirme au 4èmetrimestre, la collecte de lait de chèvre devrait tout juste rattraper le retard accumulé depuis le début de l’année.

Régionalement, la Nouvelle-Aquitaine, principal bassin de collecte, connaît toujours un repli très marqué (-4% /2018), au même titre que le Centre-Val de Loire (-4%). Ces régions semblent toujours pâtir d’un difficile renouvellement générationnel. La production migre ainsi toujours davantage vers les Pays de la Loire où elle croît de 2% par rapport à 2018. En revanche, la très bonne dynamique observée en Occitanie en début d’année a connu un brutal coup de frein pendant l’été, conséquence des conditions climatiques estivales particulièrement sévères.

L’approvisionnement des transformateurs sous pression

Si cette baisse de collecte a amputé l’approvisionnement des transformateurs de près de 4 millions de litres, ce dernier a surtout souffert de l’effondrement des importations. Elles ont en effet reculé de 32 millions de litres d’une année sur l’autre (-48%), à seulement 35 millions de litres en cumul à juillet. Leur part dans l’approvisionnement est ainsi passé de près de 21% en 2018, à seulement 12% cette année. La collecte de lait de chèvre en Espagne, premier fournisseur des importations françaises, a en effet chuté de 4% en cumul de janvier à juillet, faisant chuter les disponibilités de près de 13 millions de litres. Simultanément, le prix du lait de chèvre s’est envolé de près de 17% en début d’année à 26% en juillet. A 683 €/1 000 l en juillet, il a ainsi dépassé de près de 29 € le prix français. Si ce différentiel de prix est à nuancer par la composition plus riche du lait de chèvre espagnol, la hausse a été très impressionnante et, cumulée aux frais d’approche nécessaires au transport en France, a rendu le lait espagnol beaucoup moins intéressant pour les transformateurs.

Des fabrications en baisse

Face au moindre approvisionnement, les fabrications de fromages de chèvre se sont logiquement orientées à la baisse. A près de 57 700 t cumulés à juillet, elles ont chuté de 2% d’une année sur l’autre (-1 200 t). Même constat pour les fabrications de lait liquide conditionné, qui ont baissé de 3%. Seules celles de yaourts ont progressé (+4%), mais à un rythme ralenti comparé à la croissance  à deux chiffres lors des années précédentes. Pourtant, les transformateurs ont limité la baisse des fabrications grâce à une faible reconstitution des stocks de produits de report, nécessaires à la fourniture du marché en fin d’année. A 5 940 t fin juillet, ils ont ainsi baissé de près de moitié (47%) d’une année sur l’autre.

Une demande domestique préservée, au détriment des exportations

La demande française en fromages de chèvre a été très dynamique depuis le début de l’année. Les achats des ménages ont connu une progression moyenne de 2,6% au 1er semestre selon le panel IRI-CNIEL, alors même que le prix moyen de vente progressait de 2,3%. Afin de fournir le marché domestique dans un contexte de baisse des disponibilités fromagères, les transformateurs ont cependant dû réorienter les volumes de fromages exportés sur le marché intérieur. A 14 700 t, les exportations ont ainsi baissé de près de 18% d’une année sur l’autre (-3 300 t).