En Italie, la fermeture des restaurants début mars a comme ailleurs provoqué un report de consommation vers les commerces de détail, privilégiant dans un premier temps la viande italienne ainsi que la viande française qui arrivait en complément. Mais assez vite, les autres viandes importées se sont fait leur place également, engendrant plus de pression sur les prix. A l’heure du déconfinement et de la réouverture des restaurants, la filière reprend espoir, avec toutefois la crainte que la consommation de viande bovine soit limitée par le pouvoir d’achat des ménages.
Les achats des ménages en hausse
En Italie, 34% des dépenses alimentaires, hors boissons alcoolisée, se font en dehors du domicile, contre 29% en France. La fermeture des restaurants et des cantines était donc un enjeu de taille pour les filières alimentaires. Les enseignes de GMS notamment ont fortement accru leurs ventes pendant la période et cette hausse se poursuit dans la période de déconfinement progressif. Le discount et les supérettes sont les deux segments à en profiter le plus, avec respectivement (+17% et +10% de chiffre d’affaires par rapport à la même période de 2019). Les ventes des supermarchés sont toujours à +6%. Comme en France, les ventes des hypermarchés ont beaucoup reculé (-14% dans la période de confinement et -4% dans la période de déconfinement).
Les achats de viandes bovines par les ménages selon le panel Nielsen-ISMEA étaient en hausse de 16% sur la période finissant le 23 mars et de 13% sur la période suivante (fin le 19 avril). Comme en France, la viande de veau a souffert de la crise, moins mise en avant dans les GMS et moins recherchée par les consommateurs qui allaient à l’essentiel pour leurs achats hebdomadaires. Au sein de l’univers des viandes bovines, les jeunes bovins mâles et femelles s’en sont donc plutôt bien sortis.
Les prix sous la pression d’une offre européenne en hausse
La hausse des ventes de viande bovine dans les boucheries et GMS pendant le confinement n’a pas permis de compenser l’intégralité de la valeur perdue sur les déhanchés, les peaux et les abats. Les GMS ont demandé davantage de catégoriel et moins de quartiers entiers. La viande française a naturellement trouvé sa place au début du confinement, en complément de l’offre italienne. Puis face à la demande des supermarchés pour plus de catégoriel, les viandes irlandaises, allemandes et polonaises, fortement dépréciées, ont fini par réussir à se positionner. Des filets origine Pologne ont été repérés dans un supermarché en Italie du Nord au prix de 11,90 €/kg début juin.
Les cotations des mâles finis à Modène ont enregistré leur baisse saisonnière, mais restent à des niveaux comparables à ceux des années précédentes. Celle du Charolais de 700-750 kg a perdu 22 centimes en 16 semaines, à 2,47 €/kg vif le 8 juin (-2% /2019 et +2% /2018). Le Limousin de 600-650 kg a perdu 10 centimes à 2,74 €/kg (-1% /2019 et = /2018). Les cotations des femelles continuent de s’effriter lentement, sans doute en lien avec la hausse de production de ces dernières années face à une demande qui semble à présent plafonner. La Charolaise cotait 2,58 €/kg le 8 juin (-3% /2019 et -2% /2018) et la Limousine 2,88 €/kg (-2% /2019 et 2018).
Hausse des effectifs de mâles en BDNI et retards de sorties
Au 31 mai, la BDNI italienne dénombrait 483 000 mâles de 1 à 2 ans, soit 13 000 de plus qu’un an plus tôt, alors que ce même effectif était encore en baisse au 31 mars dernier (-8 000 têtes /2019) et que la catégorie d’âge inférieur ne donnait pas de signe de hausse. Ceci indique de possibles retards de sorties et témoigne d’un marché italien moins fluide qu’en mars lorsque la mise en place du confinement avait accéléré les sorties pour fournir les enseignes de GMS dont la demande se porte en premier lieu sur la viande italienne de jeunes bovins mâles et femelles.
Les femelles de 1 à 2 ans étaient elles aussi plus nombreuses fin mai (+7 000 têtes). Mais il n’est pas possible dans ces données mensuelles de distinguer les femelles à l’engraissement des femelles de renouvellement, laitières inclues.
Les femelles de plus de 28 mois, pour l’essentiel des vaches, enregistraient une forte hausse fin mai (+30 000 têtes /2019, contre +11 000 têtes au 29 février). Ceci est dû au très fort ralentissement des abattages de vaches de réforme pendant le confinement en raison de la fermeture des fast-foods, principal débouché pour la viande de vache en Italie, mais aussi de la forte baisse de la demande en France pour les viandes européennes valorisées essentiellement en RHD.