Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La collecte française est ralentie depuis le début du dernier trimestre 2020, sous l’effet d’une baisse soutenue du cheptel. Cette tendance baissière se retrouve également outre-Rhin et entraine un certain ralentissement de la collecte de l’UE-27, qui a toutefois sa plus belle croissance des trois dernières années.

Collecte française ralentie fin 2020 et début 2021

Après des reculs modérés en octobre (-0,7% /2019) puis novembre (-0,4%), la collecte a reflué de -1,4% sur décembre 2020 /2019, soit un recul de 0,9% sur l’ensemble du dernier trimestre. D’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer, le repli atteindrait -3% sur janvier 2021, ce qui ramènerait la collecte à son bas niveau de début 2017.

Sur l’année civile 2020, la collecte nationale s’établit à 23,9 milliards de litres (24,6 millions de tonnes), finalement très stable d’une année sur l’autre avec une progression d’à peine 130 millions de litres (+0,3% effet bissextile neutralisé) alors qu’elle comptait encore près de 160 millions de litres d’avance (+0,5%) à l’entame du dernier trimestre, ce malgré l’effort de réduction des volumes au printemps lors du 1er confinement.

Presque toutes les régions ont été concernées par cette tendance baissière sur les derniers mois de l’année. La Normandie et le Grand Est font figure d’exception en maintenant un certain rythme sur la fin 2020 (respectivement +1,4% et +0,5% /2019 au dernier trimestre). Sur l’année entière, la Normandie atteint ainsi un nouveau record de collecte à près de 3,85 milliards de litres (+0,2% /2019 et +2,3% /2015, effet bissextile neutralisé) et s’affirme comme la 2ème région laitière française, place qu’elle a reprise à la région Pays de la Loire depuis 2018. Cette dernière a de son coté connu un tassement de sa collecte au dernier trimestre (-1% / 2019), au point de perdre une bonne partie de l’avance qu’elle avait accumulé sur les 9 premiers mois de 2020. Elle clôture l’année avec une collecte de 3,79 milliards de litres, en croissance d’une année sur l’autre (+0,5%), soit son plus haut niveau depuis 2016 (3,81 milliards de litres), mais loin de ses niveaux de 2014 et 2015 avec plus de 3,85 milliards de litres, désormais le niveau de la Normandie en 2020.

La région Grand Est  renoue pour sa part avec une nette croissance après plusieurs années consécutives de sécheresse : + 90 millions de litres soit +3,8% d’une année sur l’autre ! A 2,33 milliards de litres, la collecte annuelle se hisse à un niveau légèrement supérieur à celui de 2014, mais inférieur à 2015 (2,34 milliards de litres). Elle devance ainsi de peu la région Hauts-de-France sur l’année 2020, ce qui n’était plus arrivé depuis plusieurs années.

La Bretagne demeure sans conteste la 1ère région laitière. Si sa collecte s’est globalement tenue sur le dernier trimestre 2020 (-0,1% /2019) , mais les 4 mois consécutifs de baisse relativement prononcée (entre -2 et -4%) de mars à juin conduisent à un repli de la collecte annuelle de -0,7% /2019. A 5,42 milliards de litres, l’année 2020 n’arrive seulement qu’au 4ème rang historique pour la région, derrière 2019 donc, mais aussi derrière 2017 et 2014 par ordre décroissant.

La Bourgogne-Franche-Comté a elle aussi vu sa collecte décrocher en décembre (-2,6% /2019), conduisant à une baisse sur le dernier trimestre (-0,6%). Au final, elle ne voit donc sa collecte ne progresser « que » de +2% d’une année sur l’autre, à 1,62 milliard de litres. Comme la Normandie, elle atteint un nouveau record en dépassant son niveau de 2015 (1,60 milliard de litres).

Enfin, les collectes en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie continuent leur inexorable décrochage d’ordre structurel : de -3%  /2019 pour la 1ère qui dépasse encore tout juste le milliard de litres, sans doute pour la dernière année, et de -2% pour la 2ème, à 672 millions de litres. Depuis 2010, elles ont cédé respectivement 440 et 230 millions de litres.

Cheptel national : l’érosion s’accélère !

Après l’atteinte de son pic saisonnier en décembre à 3,585 millions de têtes au 1er de ce mois, soit 37 000 de plus qu’au point bas du 1er août, mais toujours en recul de 70 000 têtes d’une année sur l’autre (-1,9%), le cheptel national de vaches laitières a amorcé sa baisse saisonnière. Au 1er janvier, il a reculé de 15 000 têtes d’un mois sur l’autre pour s’établir à 3,57 millions de têtes. Mais surtout, il a reculé de 80 000 têtes (-2,2%) d’un mois de janvier à l’autre, un recul d’une ampleur inégalé ces dernières années !

Aucune région n’échappe à cette tendance baissière. La Bretagne et les Pays de la Loire, enregistrent un repli de -2,5%, supérieure à l’évolution nationale, avec respectivement 746 000 et 520 000 vaches.

La Normandie perd quelques 11 000 vaches d’une année sur l’autre, soit un recul de 1,9%, plus prononcé que son repli de 1,2% durant l’année précédente. En Auvergne-Rhône-Alpes, le cheptel s’est contracté de 8 400 têtes (-1,8% /2020), une baisse inférieure à celle constatée les deux années précédentes (-2,5% /2019 et 2018). Les régions Grand Est et Hauts-de-France ont pour leur part connu des replis de 1,7% chacune, soit environ 5 500 têtes de moins d’une année sur l’autre.

Parmi les grandes régions laitières, seule la région Bourgogne-France-Comté connait un repli inférieur à -1%, avec 2 400 têtes en moins (-0,9% / janvier 2020), ce qui reste tout de même 3 fois plus que l’an passé. Sur la partie correspondant à l’ex-région Franche-Comté, le recul n’est que de -0,7% contre -1,8% pour l’ex-région Bourgogne.

Prix du lait : léger repli en 2020

D’après les enquêtes mensuelles de FranceAgriMer, le prix du lait standard (toutes qualités confondues) s’est établi à 350 €/1 000 litres sur le dernier trimestre 2020, en repli de 3,5 € d’une année sur l’autre, contre -6 et -8 € sur les 2ème et 3ème trimestres. Sur l’ensemble de l’année, ce prix de base s’établit à 348 €/1 000 litres, soit 3,4 euros de moins qu’en 2019.

Le prix réel s’est lui établi à 385 €/1 000 l sur le dernier trimestre (-5 € /2019) et à 373 €/ 1 000 l sur l’ensemble de l’année, soit 2,8 € de moins qu’en 2019. L’amélioration des teneurs en matière grasse (+0,1% à 41,87 g/l) et matière protéique (+0,3% à 33,72 g/l) a légèrement tamponné la baisse du prix de base.

UE-27 : croissance ralentie en décembre

La collecte laitière de l’UE 27, qui s’établit à un peu plus de 11,5 millions de tonnes sur décembre 2020, a faiblement progressé (+0,3% /2019). Il s’agit de sa plus faible croissance depuis juin 2019. . En cumul sur l’année, elle atteint 144,6 millions de tonnes, soit +1,4% /2019 (effet bissextile neutralisé).

Tout comme en France, la collecte en Allemagne a reculé en décembre 2020 (-1% /2019). Soit le 5ème mois consécutif de repli d’une année sur l’autre pour le premier pays producteur de lait de l’UE-27. La tendance baissière s’est accentuée en janvier 2021, à -1,7% /2020 d’après les enquêtes hebdomadaires d’Agrarmarkt Informations. En 2020, la collecte annuelle est demeurée stable d’une année sur l’autre (+83 000 t, soit -0,01% effet bissextile neutralisé).

La collecte a également enregistré un repli en décembre (-0,4%) aux Pays-Bas, le 3ème livreur de lait de vache de l’UE-27. Sur l’année, le pays renoue malgré tout avec la croissance pour atteindre 12,8 millions de tonnes, son 3ème niveau historique, après 2016 et 2017.

L’Irlande et l’Italie poursuivent leur croissance

Si presque tous les autres pays producteurs de l’UE-27 sont toujours en croissance, certains manifestent des signes d’essoufflement. En Pologne, par exemple, la collecte n’a progressé que de +1,2% en décembre d’une année sur l’autre (contre une progression sur l’ensemble de l’année de +2,2% effet bissextile neutralisé).

A l’approche de son creux annuel de janvier, l’Irlande connaît toujours une collecte dynamique (+4,6% /2019), même si les volumes supplémentaires sont faibles à cette période de faible production. L’île verte dépasse pour la 1ère fois les 8 millions de tonnes de production annuelle (8 276 Mt soit+3,5% /2019).

Avec 1 065 Mt collectées sur décembre, soit +5% /2019, l’Italie serait l’un des pays les plus dynamiques du continent sur ce mois. Selon l’agence italienne AGEA, elle a connu une croissance spectaculaire de sa production laitière, malgré la crise sanitaire qui l’a durement touchée : à plus de 12,6 millions de tonnes, la collecte annuelle s’est accrue de plus de 550 000 tonnes par rapport à 2019 (+4,3% effet bissextile neutralisé), une croissance en volume jamais connue par le passé !