Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La collecte française poursuit une baisse  saisonnière marquée depuis la mi-avril. Les éleveurs, dont les cheptels sont peu étoffés, ont visiblement intégré les messages de modération envoyés par certains collecteurs.

La collecte laitière a amorcé précocement sa baisse saisonnière. Elle a nettement fléchi en mai (-1,4% /2019) d’après les sondages hebdomadaires de FranceAgriMer, après avoir marqué le pas en avril (-0,2% /2019). Rappelons qu’au 1er trimestre, elle avait progressé de +1,2% /2019 (effet année bissextile neutralisé), retrouvant ainsi le niveau moyen des cinq années précédentes. La bonne qualité des fourrages et le bon prix du lait avaient alors stimulé la production malgré un cheptel laitier réduit d’un hiver à l’autre (-1,6% /2019).

Croissance stoppée depuis avril

L’arrêt de la croissance de la collecte début avril puis la baisse saisonnière précoce tiennent pour une part à des raisons météorologiques. Les précipitations réduites depuis le confinement et les nuits fraîches début avril ont visiblement ralenti la production herbagère dans de nombreuses régions. Elles ont en revanche permis aux éleveurs de réaliser les ensilages d’herbe dans de bonnes conditions, même si les rendements ont été décevants dans les régions de l’Est (Lorraine, Bourgogne) et du Sud-Est, confrontées depuis janvier à des déficits hydriques importants.

L’arrêt de la croissance semble aussi découler des signaux de modération envoyés par de nombreux collecteurs. Des éleveurs ont écourté des lactations et davantage réformé. D’après les données de SPIE-BDNI, les effectifs réformés ont bondi de +9% en mars et +3% en avril d’une année sur l’autre, tandis que les entrées en lactation ont reculé de 2%. En somme le bilan mensuel a été plus négatif que la normale. Ainsi l’effectif de vaches laitières a enregistré une baisse saisonnière plus prononcée d’un mois à l’autre, passant de -1,5% au 1er mars à -1,8% au 1er mai d’une année sur l’autre.

L’évolution du cheptel laitier est de plus en plus marquée selon les bassins laitiers : baisse toujours limitée en Nord Picardie (-0,4%), en Normandie (-1,0%) dans le Grand Est (-1,1%) et; dans la moyenne nationale dans le Grand Ouest (-1,9%) ; supérieur à -3% dans les bassins au sud de la Loire (Charentes-Poitou, Auvergne-Limousin et Sud-Ouest).

Prix du lait de printemps : des écarts croissants entre laiteries et entre régions

Après avoir été relativement stable et plutôt élevé en janvier et février (353 €/1 000 l), le prix du lait standard (moyenne nationale toutes qualités confondues) a fléchi depuis mars à 344 €/1 000 l,passant sous le bon niveau de 2019. L’évolution du prix du lait d’un printemps à l’autre différera selon les collecteurs. Plusieurs groupes laitiers (Eurial, Savencia, Sodiaal et Terra Lacta) appliquent un malus ou pénalité sur le prix du lait payé au printemps pour modérer la collecte printanière, compensé dans certains cas d’un bonus sur le prix payé en été pour encourager la production lors du creux saisonnier. Après avoir maintenu inchangé le prix de base en avril et mai, Lactalis annonce pour juin une baisse de 10 €/1 000 l d’un mois à l’autre.

L’évolution du prix du lait diffèrera aussi selon les bassins laitiers. En Franche-Comté, il devrait se maintenir. En revanche, il risque de baisser dans le Massif Central avec des écarts croissants entre les éleveurs selon le profil laitier de leur collecter/transformateur.