Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les effets de la Covid-19 dans l’Union européenne et aux États-Unis ont entraîné un recul de la production laitière dans l’hémisphère Nord en avril. Ce recul a été compensé par la progression dans les bassins du Sud qui se trouvent dans le creux de leur collecte annuelle, mais la croissance de la production se tasse après avoir connu un pic de croissance en mars.

en mai, l’évolution de la production des principaux exportateurs mondiaux de produits laitiers est similaire à celle de l’UE  soit une tendance à une moindre progression de la production laitière sur mai. Alors que la production cumulée des 5 principaux exportateurs dépassait son niveau de l’an passé de +500 000 tonnes en mars, cette progression n’était plus que de 110 000 tonnes en mai. L’hémisphère Nord, via ses deux grands bassins que sont l’UE-27 + Royaume et les États-Unis, accuse même un recul de sa production de 47 000 tonnes, lié essentiellement au fort recul étasunien.

La filière laitière états-unienne dans la tourmente

Ce ralentissement se fait notamment sous l’influence du recul états-unien. En effet, alors que la production y avait continué sa progression en avril (+1,2% /2019), dans la lignée des mois précédents (mais avec une collecte en baisse, environ 2% du lait ayant été jeté sur les fermes), elle a reculé de -1,1% en mai. A un peu plus de 8,5 Mt produites sur le mois, il s’agit du plus bas niveau depuis mai 2016.

Durement touchés par la crise sanitaire, alors qu’ils se relevaient tout juste en 2019 de plusieurs années de prix bas, les producteurs subi une nouvelle chute du prix du lait en mai, à 300 $/t (-24% /2019). Il faut remonter à septembre 2009 pour trouver un prix plus bas ! La baisse du coût alimentaire (-9% /2019) ne suffit pas et un effondrement de la marge sur coût alimentaire est constaté. A 118 $/t (-80$/t soit -40% /2019), elle est à son plus bas niveau depuis 7 ans.

Ces baisses de prix ont conduit de nombreux élevages à réduire leur cheptel. Ainsi, même s’il reste supérieur à son bas niveau de l’an passé à la même période (+0,4%), le cheptel de vaches laitières dénombré en mai s’est contracté de 11 000 têtes d’un mois à l’autre.

Dynamisme de la production dans l’hémisphère Sud

La production laitière néo-zélandaise poursuit sa baisse saisonnière à l’approche de son creux de collecte annuel de juin. Malgré tout, à 905 000 t en mai, elle a progressé de 37 000 t d’une année sur l’autre (+4,2% en volume et +3,8% en MSU) pour la première fois depuis août dernier, ne semblant pas impactée par les annonces de prix assez pessimistes de Fonterra sur la campagne à venir.

En Australie, le mois de mai a constitué le 5ème mois consécutif de hausse de la production laitière (+6% /2019). Sur les 11 premiers mois de la campagne démarrée en juillet 2019, la collecte n’accuse plus qu’un retard de 0,7% par rapport à la précédente contre 4,4% à la mi-campagne fin décembre.

En Argentine, la collecte laitière poursuit la dynamique amorcée début 2020. A 830 000 t sur mai, elle a progressé de +11% d’une année sur l’autre sous l’effet de conditions climatiques favorables et de prix toujours élevés en monnaie locale (+25% /2019). Le pays compense presque le recul américain à lui seul. Malgré tout, avec un débouché intérieur peu dynamique et des débouchés internationaux qui pourraient devenir de plus en plus incertains avec la crise économique, certains experts prédisent d’ores et déjà un possible effondrement du prix au producteur dans les mois à venir.