Érosion de la consommation de viande bovine

Le disponible consommable en viande bovine a reculé an avril, du fait du fort recul des imports depuis les Pays-Bas et d’exportations de viande en hausse. La hausse du prix au consommateur du bœuf et du veau est supérieure à l’inflation et accélère depuis février.

Le disponible en viande bovine a reculé de 2% en avril

En avril 2025, la consommation par bilan de viandes bovines (y compris veau) a diminué de 2% comparé à 2024, du fait du recul des importations (-11% /avril 2024) et de la progression des exports (+5% /2024). Les abattages CVJA de gros bovins et de veaux sont demeurés stables par rapport à l’an passé. Au cours du premier quadrimestre 2025, la consommation par bilan enregistre une baisse de 3% /2024. Elle est affectée par la hausse des prix au consommateur et par un moral des ménages en baisse, impacté par des inquiétudes sur leur pouvoir d’achat et leur capacité d’épargne (voir l’article de l’INSEE).

D’après Agreste pour les abattages, et les Douanes pour le commerce extérieur du dernier mois, le disponible consommable d’avril était de 117 000 téc (-2%). La part d’import dans le disponible consommable a baissé de 1 point comparé à avril 2024, à 24%, du fait du fort recul des imports.


Part-de-la-viande-d-import-dans-les-viandes-bovines-consommee-en-France-en-2025

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée.

Par ailleurs, depuis le Brexit début 2021, les statistiques douanières sont perturbées par l’organisation des opérateurs. En effet, plusieurs exportateurs britanniques font dédouaner leurs viandes en France avant de les réexpédier vers les Pays-Bas afin de faciliter les procédures de dédouanement. Ces effets ne sont pas déduits ici.

L’inflation annuelle est réduite mais se poursuit

En mai, l’inflation se poursuivait à bas bruit, à un rythme annuel de 0,7%, contre 0,8% les trois mois précédents. Les prix de l’énergie reculaient toujours (-8,0% sur un an, quatrième mois consécutif de baisse) via la baisse des produits pétroliers (-9,7% sur un an) et de l’électricité (-14% sur un an). Cependant le conflit entre Israël et l’Iran depuis vendredi 13 juin crée quelques incertitudes sur le marché. Le prix des produits manufacturés a légèrement faibli en avril (-0,2% en rythme annuel) comme depuis plusieurs mois, mais ceux des services progressent toujours (+2,1% contre +2,4% un mois plus tôt) à travers la hausse des loyers, de l’eau et du coût des ordures ménagères. Le prix de l’alimentaire progressait un peu plus (+1,3% contre +0,6% deux mois plus tôt), en particulier pour les produits frais (+1,5%). En mai, le prix du bœuf et du veau a progressé de +3,9% sur un an (contre +2,9% un mois plus tôt) du fait de la hausse des prix au producteur qui finit par se répercuter en magasin.

Le chiffre d’affaires du steak haché réfrigéré en hausse

Entre les semaines 19 et 22, le chiffres d’affaires (C.A.) des ventes de steak haché réfrigéré a progressé de 4% /2024 tandis que celui du haché congelé s’est effrité de 1% /2024 (Circana). L’évolution positive du C.A. en réfrigéré reflète la hausse du prix de vente au consommateur. En cumul depuis le début de l’année les ventes en valeur de steak haché réfrigéré sont en progression de 5%, celui du congelé se replie de 3%.

En avril, les imports des Pays-Bas ont subi un revers

En avril 2025, les importations ont nettement reculé, à 26 500 téc (-11% /2024) tandis que les exportations de viandes bovines ont progressé de 5% /2024, à 20 000 téc, du fait de la demande export dynamique pour la viande de jeune bovin.

En cumul sur le premier quadrimestre de l’année, nos importations ont reculé de 5% /2024 (-6 000 téc) à 113 000 téc.

Sur quatre mois, nos imports ont reculé de 13% /2024 depuis les Pays-Bas, notre principal fournisseur (-3 500 téc, à 24 000 téc) du fait du recul historique des abattages de veaux néerlandais au premier trimestre (-22% / 2024 ou -12 000 téc, voir notre article sur le veau de boucherie). Nos achats au Royaume-Uni, en partie envoyés ensuite vers d’autres pays de l’UE ont reculé de 8% par rapport à 2024 (-1 000 téc, à 13 000 téc). Enfin nos achats en Espagne s’effondrent depuis le début de l’année : -21% (-1 500 téc) à 6 000 téc, les abattages espagnols ayant reculé de 5% au premier trimestre et la demande de la rive sud méditerranéenne étant particulièrement forte cette année.

Pour compenser une partie seulement de cette baisse, nos achats ont progressé de 3% en Irlande, à 20 000 téc et surtout de 12% en Pologne (+ 1 500 téc, à 12 000 téc), pour une viande à prix plus attractif.

Provenances-de-la-viande-importee-en-France-et-destinations-de-la-viande-FR-exportee-en-2025

Nos exportations de viande bovine progressent encore au premier quadrimestre de 3% /2024, à 77 000 téc, dont une hausse de 5% des envois en mars et en avril. Les expéditions ont augmenté ou sont stables vers nos trois principaux clients :

  • vers l’Italie (+11% /2024 ou +2 000 tec, à 17 500 téc) du fait de la baisse de la production nationale, confrontée à la réduction des envois français de broutards mâles (voir notre article sur les jeunes bovins en Europe pour plus de précisions)
  • vers la Grèce (+3% ou +300 téc /2024, à 11 000 téc)
  • et vers l’Allemagne, des envois quasi stables (-1% ou -100 téc, à 12 500 téc).

Nos expéditions vers les Pays-Bas ont nettement reculé, de 12% /2024 (-1 500 téc), notamment en rapport avec le recul des imports français depuis le Royaume-Uni (-1 000 téc).

Enfin, les envois de viande progressaient très nettement vers d’autres pays de l’UE (+61% ou +3 000 téc) notamment vers l’Espagne (+84% à 1 800 téc) et le Portugal (+71% à 2 300 téc), l’Espagne étant confrontée à la baisse de ses abattages et à de forts besoins en viande chez les pays tiers. L’Espagne a par exemple envoyé 9 000 téc de viande en Algérie sur les trois premiers mois de l’année (+71% ou +3 500 téc), qui manquent par conséquent sur le marché domestique.