Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

En février, la collecte européenne a pratiquement retrouvé son niveau de 2018, et pourrait croître de nouveau en mars. L’UE-28 demeure cependant divisée entre une moitié des pays qui accuse un repli de la production et une autre chez qui elle progresse.

Après avoir enregistré un très fort repli en janvier (-1,5% /2018), la collecte européenne s’est en février rapprochée de son niveau de l’année dernière, en affichant un léger recul de -0,3% /2018. Mais cette moyenne ne rend pas compte des différences d’évolution entre pays : la moitié des États ont encore enregistré des baisses de collecte, dont la France, les Pays-Bas et l’Italie.

Prolongation de la baisse de production française

La baisse de production nationale, entamée en août 2018, a connu en février son 7ème mois de repli consécutif. Après avoir atteint -3,8% en novembre, le recul s’atténue de mois en mois, mais reste encore fort en février (-2,5% /2018). La Bretagne et la Normandie sont les seules régions qui affichent une hausse de la collecte. Les Hauts de France enregistrent un faible repli en février (-0,6% /2018), tandis que la baisse est plus forte dans les Pays de la Loire (-3,3%) et le Grand Est (-4%). Sur les deux premiers mois, le recul au niveau national atteint les 2,6% /2018.

Avec 3,668 millions de vaches au 1er mars (-0,8% /2018), le recul du cheptel laitier est stabilisé depuis novembre, après avoir traversé une période de réformes abondantes de juillet à octobre qui a limité la hausse saisonnière des effectifs, malgré des entrées abondantes de génisses. En février, les entrées de génisses ont légèrement baissé et les sorties de vaches, réformes essentiellement, ont nettement reculé, avec au final un solde mensuel un peu moins négatif qu’en 2018.

Après une baisse saisonnière limitée durant l’automne grâce à la remontée des cours des ingrédients laitiers, le prix du lait standard toutes filières confondues (y compris les laits AB et AOP) a stagné en février à 346 €/t (+2,3% /2018), le niveau le plus élevé pour le deuxième mois de l’année depuis 2014. En février, la qualité du lait, s’est de nouveau dégradée. Le taux de la matière grasse s’est replié pour le 3ème mois consécutif et s’établit à 42,42 g/l (+0,13 g /2018) et celui de la matière protéique pour le 2ème mois consécutif à 33,57 g/l (+-0,05 g/l /2018). Le prix du lait standard conventionnel s’est également stabilisé en février, à 333 €/1 000 l. La lente amélioration de la valorisation commerciale du lait transformé en beurre et poudre maigre n’a pas permis une hausse des prix du lait. Mais les prix de plusieurs de nos voisins ont reculé (Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas).

La relative bonne tenue du prix du lait, un effectif de vaches stabilisé et des conditions climatiques favorables en mars à la pousse de l’herbe ont probablement atténué la baisse de la production, attendue en recul de moins de -2% en mars d’après nos estimations basées sur les sondages hebdomadaires FranceAgriMer. La collecte française pourrait se rapprocher de son niveau de 2018 en avril, sauf si les faibles pluies et les températures fraiches pour la saison freinaient la pousse de l’herbe.

Stabilisation de la collecte allemande

Après un creux enregistré en janvier (-2% /2018), la collecte allemande s’est redressée, retrouvant en février et en mars les volumes de 2018 grâce à des températures relativement douces et saisonnières. Sur le 1er trimestre elle aurait reculé de -0,8% /2018. A 319 €/1 000 l, (ramené à 38 g de MG et 32 g de MP), le prix du lait standardisé a légèrement reculé en février mais est repassé au-dessus de son niveau de 2018 (+1% soit +3 €/1 000 l).

Recul de la production dans la moitié des États membres

Outre la France, de nombreux pays ont encore affiché un recul de la collecte. Si les Pays-Bas ont enregistré en février leur 13ème mois de consécutif de repli, le mouvement s’est atténué grâce à de bonnes conditions météorologiques (-1,8% /2018). Sur les deux premiers mois de l’année, la baisse de la collecte néerlandaise s’établit à -3,6% /2018. L’Autriche et l’Italie affichent également des productions en recul.

Des hausses de production dans les pays du Nord

Au Royaume-Uni, La collecte a poursuivi sur sa lancée en février, avec un nouveau record historique (+3,1% /2018), malgré un prix en recul d’un mois sur l’autre (-1,5%) et par rapport à 2018 (-0,4%). Sur les deux premiers mois de 2019, la hausse se chiffre à 2,9% /2018. Cette progression serait due à l’utilisation importante d’aliments concentrés pendant l’hiver en raison d’une faible production de fourrages l’été dernier, tirant les rendements par vache. En outre, s’il persiste, le climat doux pourrait avoir des effets bénéfiques sur la production laitière dans les semaines à venir. Les experts britanniques tablent sur une hausse de production 0,7% sur la nouvelle campagne laitière 2019/2020 qui débute le 1er avril.

Après un dernier trimestre 2018 particulièrement dynamique (+21% /2017), la collecte irlandaise continue de croître, mais à un rythme ralenti au cours deux deux premiers mois de 2019 (+3,2% /2018). Le prix du lait aurait de nouveau reculé en février, conséquence des incertitudes liées à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et de la stabilité des cours des produits laitiers sur le marché mondial.

La production reste dynamique en Pologne et au Danemark où elle enregistre une croissance de +3,2% /2018 sur les deux premiers mois.