Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les cotations des ingrédients laitiers connaissent des trajectoires différentes depuis le début de l’année 2024. Portés par une demande étasunienne en progression, les cours mondiaux du beurre sont orientés à la hausse. A l’inverse, le recul de la demande (notamment chinoise) de poudre maigre pèse sur les prix qui poursuivent leur mouvement de repli.

Les cours mondiaux du beurre orientés à la hausse

Depuis le début d’année 2024, les prix du beurre sont globalement orientés à la hausse aussi bien dans l’UE-27, qu’aux États-Unis ou en Nouvelle-Zélande. En avril 2024, ils oscillaient entre 5 740 €/tonne dans l’UE (+6% /janvier 2024 et +22% /2023) jusqu’à 6 180 €/t en Océanie (+17% /janvier 2024 et +43% /2023) en passant par 6 050 €/t en Amérique du Nord (+14% /janvier 2024 et +28% /2023) d’après AMI.

Entre début janvier et début mai 2024, les enchères du Global Dairy Trade pour la matière grasse ont enregistré de fortes hausses en termes de prix unitaires, aussi bien pour le beurre (+20%) que pour la matière grasse anhydre (+27%).

La demande mondiale de beurre portée par les États-Unis

Pourtant, les fabrications de beurre aux États-Unis ont été en hausse sur chacun des trois premiers mois de 2024. En cumul sur le premier quart de l’année 2024, elles ont même été supérieures aux trois années précédentes (+7,2% /2022, +5,0% /2021 et +3,9% /2020). Avec près de 95 000 tonnes produites (+1,7% /2022), le total des fabrications de beurre en mars 2024 constitue même un record pour un mois de mars depuis le début de la publication de cette donnée par l’USDA en 2011.

Cette progression de la production de beurre aux États-Unis rencontre une demande intérieure croissante. La consommation domestique de beurre sur le 1er trimestre 2024 aux États-Unis affichait une hausse substantielle, à plus de 239 000 tonnes (+8,6% /2022, +1,0% /2021 et +9,6% /2020). D’après l’USDA, la demande de beurre au détail reste hétérogène (notamment dans le secteur de la restauration) mais orientée à la hausse. Les stocks commerciaux de beurre ont également progressé sur la période. Ils affichaient en mars 2024 une hausse sur un an de +2% /2023.

Malgré la progression de ses fabrications, la demande étasunienne en beurre et butter-oil participe à la progression des cours sur le marché mondial. Sur le premier trimestre 2024, les importations des États-Unis ont affiché une nette hausse : +4 000 t ou plus +19% /2023. Si l’Indonésie était également à l’achat (+ 2 000 t ou plus +44% /2023), les autres principaux importateurs ont été moins actifs sur le marché mondial. C’est notamment le cas de la Chine, 1er acheteur mondial mais qui connait des difficultés économiques. 107 000 tonnes ont été importées par le pays depuis le début de l’année (-10% /2023 et -28% /2022). En Australie également, les importations ont reculé de -25% à 35 000 tonnes. Même constat pour le Royaume-Uni (-26% à 36 000 t).

Hausse des exports de beurre en Nouvelle-Zélande, baisse en UE

Du côté des exportations de beurre et butter-oil, seule la Nouvelle-Zélande a tiré son épingle du jeu sur le premier quart de l’année 2024 avec 124 000 tonnes expédiées (+7% /2023).

Les exportations de de beurre l’UE-27 ont reculé d’après nos estimations (-4% /2023) dans le sillage de fabrications de beurre en recul sur le 1er trimestre 2024 (-6%). Les fabrications d’autres produits laitiers affichaient également une baisse en Europe : poudre maigre (-6%), poudres grasses (-7%) et dans une moindre mesure laits fermentés et crème (-1% pour chaque). Les diminutions successives du cheptel de vaches laitières de l’UE et la collecte limitée sur les trois premiers de 2024, avec une baisse importante en Irlande (-9% /2023), ont limité les disponibilités.

La demande plus limitée en poudre maigre pèse sur les cours

Contrairement au marché du beurre et des matières grasses, les cours de la poudre maigre sont globalement orientés à la baisse, bien que l’ampleur de celle-ci soit limitée cependant. Ils oscillaient entre 2 350 et 2 400 €/tonne. Entre début janvier et début mai 2024, le prix des enchères du Global Dairy Trade pour la poudre maigre affichait un recul contenu (-2,4%).

Cette baisse de prix est liée à un recul de la demande mondiale alors que l’offre est globalement contrainte depuis le début de l’année.

Moindres fabrications de poudre maigre dans l’hémisphère Nord, hausse des exportations au Sud

Les fabrications de l’UE-27 ont fortement baissé au premier trimestre 2024, de -11 000 t soit -3% /2023. Aux États-Unis, les fabrications ont même chuté plus fortement (-16% /2023 soit -52 000 t en cumul 3 mois). Une partie du lait collecté a notamment été réorienté vers les fabrications fromagères tandis que la collecte a légèrement reculé sur le premier quart de l’année (-1,0%).

Et en Océanie, la fabrication de poudre maigre a été plutôt en hausse début 2024 selon l’USDA, elle serait en recul désormais dans la région, dans le sillage de la baisse des volumes de lait collectés en lien avec la fin de la saison de production.

Côté export, les dynamiques divergent. Sur le 1er trimestre 2024, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont vu leurs exportations progresser (respectivement +13% /2023 à 148 kt et +21% à 44 kt). Ce n’était pas le cas en UE (-9% à -191 kt) d’après nos estimations ou aux États-Unis (-9% à 190 kt). Elle restait à l’étiage en Argentine où la collecte s’est effondrée depuis le début de l’année.

La demande en poudre maigre baisse en Chine

Plusieurs importateurs majeurs sur le marché mondial de la poudre maigre ne sont plus aux achats depuis le début de l’année. C’est le cas notamment de la Chine, 1er acheteur mondial. Après un deuxième semestre 2023 à la baisse, les importations de poudre maigre ont à nouveau reculé au premier trimestre 2024, à 89 000 tonnes (-29% /2023).

D’autres importateurs ont cependant été aux achats sur le premier trimestre 2024, notamment en Asie. Les importations ont augmenté en Malaisie (+76% /2023 à 36 kt), en Indonésie (+21% à 52 kt), en Thaïlande (+42% à 27 kt), à Singapour (+14% à 15 kt) ou au Japon (+229% à 6,5 kt).