Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les difficultés logistiques liées à la pandémie de Covid-19 persistent et perturbent fortement les flux mondiaux. Les envois néozélandais sont particulièrement impactés, notamment par le manque de conteneurs, alors même que la demande européenne s’est récemment réanimée à l’approche des fêtes de fin d’année. Cela tend davantage le commerce mondial de la viande ovine et, dans un contexte d’approvisionnements déjà restreint, embrase les prix.

Royaume-Uni : abattages réduits et prix soutenus

Les services statistiques du gouvernement écossais ont récemment annoncé une hausse du nombre d’agneaux en Écosse, de +1% /juin 2020 à 3,35 millions de têtes. A l’échelle du Royaume-Uni, cette évolution atténue légèrement la baisse des effectifs d’ovins en Angleterre de -4% /juin 2020.

La cotation britannique a continué de se déprécier en octobre pour atteindre 5,30 £/kg en semaine 43, soit+ 0,89 £ /2020 et +1,56 £ /2019. Malgré cette baisse saisonnière, les prix relativement élevés de l’agneau découlent d’approvisionnements limités.

Les abattages britanniques étaient toujours en repli d’une année sur l’autre en septembre (-15% / 2020, à 23 000 t) et la légère hausse des importations de viande ovine en juillet et août, grâce aux exportations néozélandaises, n’a pas permis de contrebalancer cette tendance.

Sur 8 mois, les envois britanniques de viande ovine ont chuté de -25% d’une année sur l’autre en volume et de -6% en valeur, selon HMRC.

Après l’Australie, le Royaume-Uni a conclu le 20 octobre dernier un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande, qui prévoit l’élimination sur 15 ans des droits de douanes qui s’appliquent à l’agneau.

Irlande : des opportunités pour les fêtes de fin d’année

La cotation de l’agneau lourd irlandais a poursuivi sa hausse saisonnière en semaine 43 (se terminant le 31 octobre), à des niveaux toujours très élevés : 6,55 €/kg, soit +1,27 € /2020 et +2,03 € /2019 !

En septembre Les abattages ont égalé le niveau élevé de l’an dernier, et nettement dépassé les effectifs de 2019 (+16%). Les exportations ont ainsi nettement repris et, pour la première fois, progressé d’une année sur l’autre (+4% /sept. 2020), signe d’une douce reprise du commerce international pour l’Irlande.

A l’approche de Noël, Les expéditions pourraient s’intensifier vers le Royaume-Uni, si la Nouvelle-Zélande est dans l’incapacité d’honorer ses clients britanniques en raison de la pénurie de containers. Selon AHDB, seuls trois cargos contre six d’ordinaire ont été affrétés pour les fêtes de Noël, dont l’un arrivera avec du retard.

Espagne : un déficit en Europe qui stimule les envois espagnols

En Espagne, la cotation espagnole ne cesse de croître depuis fin août, atteignant 7,24 €/kg en semaine 43 ! La forte demande sur le marché extérieur soutient les prix de l’agneau.

L’offre espagnole atteint son creux saisonnier et tant que celle-ci restera à de bas niveaux, les prix continueront de grimper de façon traditionnelle. Jusqu’en août au moins (données les plus récentes), les abattages étaient plus élevés que les années précédentes.

La production abattue sur 8 mois a augmenté de +6% /2020. Les achats d’agneau par les Espagnols resteraient à de faibles niveaux, en raison de la cherté de la viande.

En revanche, les exportations de viande ovine ovine restent quant à elles dynamiques, notamment vers l’Allemagne. Les volumes exportés ont bondi de +32% sur 8 mois comparé aux niveaux 2020 et 2019.

Les envois d’ovins vifs espagnols sont quant à eux moindres qu’en 2020, -6% d’agneaux vivants exportés sur 8 mois, même s’ils se sont redressés en août (x 3/2020).

Nouvelle-Zélande : des envois contraints par des difficultés logistiques

En Nouvelle-Zélande, en septembre, les abattages d’agneaux étaient stables d’une année sur l’autre, et ceux de réformes ont baissé de -1% /2020. Au total, la production abattue a diminué de -1% /2020, à 25 200 téc. De janvier à septembre, la production cumulée a reculé de -2% /2020 : la hausse des réformes (+3%) n’a pas permis de contrebalancer la réduction du nombre d’agneaux abattus (-5%).

Les exportations ont conjointement baissé de -12% en septembre, principalement vers le Royaume-Uni (-53%) et l’Allemagne (-76%), tandis que les envois vers la Chine (+5% /2020) et les USA (+9%) sont restés en hausse. Sur 9 mois, les envois néozélandais de viande ovine sont stables comparé à l’an passé.

Malgré de bonnes commandes pour les fêtes de fin d’année, les envois pour l’Europe au départ de la Nouvelle-Zélande sont freinés par la pénurie de conteneurs.

Australie : des perspectives positives pour 2021-2022

Selon un rapport récent de MLA, la récente reprise économique aux États-Unis et au Moyen-Orient serait propice à un regain de la demande pour la viande d’agneau australienne, et soutiendrait la cotation. En revanche, le cours des réformes devrait légèrement baisser compte-tenu d’un affaiblissement de la demande chinoise, lié à la hausse de la production porcine en Chine. Les exportations australiennes d’ovins vivants devraient elles aussi augmenter, conjointement à la croissance économique au Moyen-Orient.

Les conditions saisonnières favorables dans les États de l’Est devraient encourager les éleveurs à continuer de reconstituer leurs troupeaux. L’offre australienne en viande ovine devrait donc y rester modérée.

Sur la saison en cours 2021-2022, les abattages d’agneaux devraient toutefois croître de +3% et les réformes rebondir de +13%. L’alourdissement des poids de carcasse pourrait conduire à un rebond de la production abattue, de +8% /2020-21. Les exportations de viande ovine sont aussi prévues à la hausse, de +6% /2020-21.