Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La cotation du veau gras a poursuivi sa hausse ces dernières semaines. La prudence des mises en place après deux années de crise a fait reculer l’offre, permettant de soutenir les prix dans un contexte de hausse généralisée des coûts de production. Le marché néerlandais se porte bien, mais le renforcement des mesures sanitaires dans plusieurs pays européens pourrait peser sur la demande.

Vers une stabilisation des cours ?

En semaine 47, la cotation du veau de boucherie rosé clair O a atteint le niveau record de 6,47 €/kg de carcasse, avant de perdre un centime en semaine 48. A 6,46 €/kg, elle dépasse très largement les prix 2020 (+12% ou +70 cts) et 2019 (+11% ou +64 cts).

Il est habituel d’observer une remontée des cours du veau de boucherie entre septembre et novembre. Cette période est marquée par la réouverture de nombreux établissements de restauration collective et par le retour d’une météo automnale propice à la consommation de veau. La hausse saisonnière de 2021 a toutefois été exceptionnellement forte pour plusieurs raisons. Après deux années de crise pour le secteur du veau de boucherie, les mises en place ont probablement été plus prudentes en 2021 : l’offre était en léger recul alors même que la demande était soutenue en cette période de l’année. Par ailleurs, dans un contexte de hausse généralisée des coûts de production et notamment du prix des aliments pour veau, cette hausse est la bienvenue.

La hausse est similaire pour la cotation du veau R rosé clair qui a bondi de 19 centimes en 4 semaines, à 6,90 €/kg en semaine 48 (+8% /2020 et +9,5% /2019).

Les coûts alimentaires ont continué de grimper

La cotation de la poudre de lactosérum doux a poursuivi sa hausse pour atteindre 1 100 €/t en semaine 47, un niveau jamais égalé ces dernières années (+51% /2020 et +39% /2019).

Le prix de la poudre maigre a également atteint des niveaux record. A 3 210 €/t, il était supérieur de +49% /2020 et de +43% /2019 en semaine 47.

L’IPAMPA des autres aliments pour veaux a bondi en octobre : à 118,5 points, il dépassait de 16 points son niveau de 2020 et de 19 points celui de 2019. Les prix des céréales et des substituts protéiques restent très élevés dans un contexte de forte demande mondiale et de prix élevés de l’énergie.

En Europe, le cours du gaz brut atteignait 0,08 €/kWh en novembre 2021, un prix multiplié par 5,7 en un an. Le gaz représente 5% du total des charges des éleveurs spécialisés en veau de boucherie et suivis dans le cadre du réseau Inosys.

La production n’a pas retrouvé son niveau pré-pandémie

En octobre, 102 500 veaux gras ont été abattus en France, en net retrait de -5,5% /2020 (-6 000 têtes) et de -12% /2019. En tonnage, la baisse est moins marquée : 15 400 téc soit -4% /2020 et -9% /2019. Cependant, le mois d’octobre 2021 comptait un jour ouvré de moins qu’octobre 2020, les abattages seraient en réalité plutôt stables. En revanche ils restent en net recul par rapport au mois d’octobre 2019 qui comptait un jour ouvré de plus.

La baisse de la production concerne avant tout les abattages de veaux importés (-26% /2020 avec 4 000 têtes abattues en octobre).

En cumul sur les dix premiers mois de l’année, 993 000 veaux ont été abattus (-0,8% /2020 et -5% /2019) pour un total de 147 500 téc (-0,5% /2020 et -4% /2019). La prudence des mises en place a fait reculer l’offre, sur la lancée de 2020.

Le poids carcasse reste élevé en octobre

L’âge et le poids à l’abattage ont entamé leur baisse saisonnière habituelle du fait d’un meilleur équilibre entre l’offre et la demande à cette période de l’année.

Néanmoins, le poids à l’abattage est resté relativement élevé en octobre : à 150 kg éc, il dépassait de +3 kg son niveau 2020 et de +4,2 kg son niveau 2019. Par ailleurs, alors que l’âge à l’abattage était plutôt jusque-là en retrait par rapport à 2020, il s’est à l’inverse accru au mois d’octobre de +1,6 jour /2020 et de +3 jours /2019 (189,6 jours).

Aux Pays-Bas, les cours poursuivent leur hausse

A 5,65 €/kg de carcasse en semaine 48, la cotation du veau de boucherie néerlandais dépassait toujours largement ses niveaux 2020 (+31%) et 2019 (+13%). Le marché du veau blanc néerlandais se porte bien, tiré notamment par des demandes française et italienne soutenues alors que l’offre néerlandaise est plutôt réduite.

Le marché du veau rosé est plus encombré, la demande n’étant pas très dynamique aux Pays-Bas et en Belgique, marchés de prédilection de cette production : la hausse des cours a légèrement ralenti ces dernières semaines.

Comme en France, la hausse des cours des veaux gras est à mettre en parallèle de la hausse des coûts alimentaires : les veaux qui sortiront dans les prochaines semaines auront été produits à un prix de revient plus élevé et seul un maintien des cotations pourra permettre de couvrir les coûts de production.

En cumul sur les 9 premiers mois de l’année, les abattages de veaux néerlandais se maintiennent en téc (164 000 téc, -0,2% /2020), mais reculent en têtes (1,02 million soit -2,3% /2020). Les intégrateurs néerlandais ont réduit les mises en place après les difficultés rencontrées en 2020 du fait de la fermeture de la RHD européenne.