Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La très forte inflation des charges est concomitante à la hausse des prix des bovins finis. En octobre, l’IPAMPA viande bovine était en hausse de +13% /2020, quand celle du prix moyen pondéré des gros bovins finis entrée abattoir atteignait +11% /2020. Le manque criant de disponibilités de jeunes bovins en France et la pénurie de femelles partout dans l’UE permettent des hausses de prix sur toutes les catégories de bovins.

Des charges en forte hausse

En octobre 2021, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles) se situait au niveau record de 118,0 (+13% /2020 et +12% /2019). L’indice des aliments achetés, plus volatile, était à +12% /2020 et +16% /2019 et celui des énergies et lubrifiants à +50% /2020 et +15% /2019. L’IPAMPA viande bovine devrait rester élevé dans les prochains mois compte tenu des anticipations des prix des grains, des tourteaux et de ceux de l’énergie. (Pour en savoir plus, lire l’article du mois dernier sur les prix des grains).

Face à cette flambée des charges qui pèse sur les coûts de production, les prix des bovins finis se sont heureusement revalorisés. Le PMP (prix moyen pondéré) des gros bovins finis entrée abattoir s’établissait en octobre à 3,96 €/kg de carcasse (+11% /2020 et +13% /2019). Il a encore progressé en novembre, pour atteindre 4,10 €/kg en semaine 48 (+16% /2020 et +18% /2019).

Manque de JB dans l’Hexagone, alors que la demande export explose

Sur les 5 semaines 44 à 48, les abattages de jeunes bovins de type viande ont reculé de -10% /2020 et ceux de JB de type lait de -15% d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev. Les anticipations d’abattage réalisées les mois précédents ont conduit à une réelle pénurie sur ce marché. Les jeunes bovins sont sortis plus jeunes et plus légers qu’en novembre 2020 : -8 jours et -8,5 kg pour les JB type viande ; et même -14 jours et -11 kg pour les JB type lait !

L’indicateur hebdomadaire de sorties de JB viande montre toujours une nette avance par rapport à la modélisation MODEMO réalisée en début d’année. Les sorties cumulées du 1er janvier au 28 novembre étaient toujours supérieures de +14 000 têtes aux prévisions du modèle, témoignant d’un rythme de prélèvement en ferme très dynamique par rapport au disponible. Les opérateurs continueront donc à avoir du mal à trouver suffisamment de jeunes bovins pour couvrir leurs besoins dans les prochaines semaines.

L’ensemble du marché européen est dans une situation similaire, ce qui fait grimper les prix dans tous les États membres et dope la demande adressée aux exportateurs français. La hausse des cours se poursuit donc naturellement en France. Le JB U a encore gagné 18 centimes en un mois pour atteindre 4,57 €/kg de carcasse en semaine 48 (+21% /2020 et +13% /2019). Le JB R a gagné 15 centimes à 4,39 €/kg (+21% /2020 et +13% /2019). Le JB O s’est quant à lui renchéri de 5 centimes à 3,66 €/kg (+15% /2020 et +12% /2019).

La vache R à 4,31 €/kg début novembre, la vache U à 4,89

Compte tenu du fort recul de l’offre de jeunes bovins, les volumes supplémentaires de vaches abattues en novembre n’ont pas pesé sur les prix, d’autant que la viande importée s’est elle aussi considérablement renchérie.

La cotation de la vache U s’est maintenue à 4,89 €/kg de carcasse (+8% /2020 et +12% /2019), celle de la vache R a encore gagné 3 centimes en un mois à 4,31 €/kg (+8% /2020 et +16% /2019).

Contrairement à la tendance saisonnière habituelle, les cotations des vaches laitières ont poursuivi leur hausse en novembre en lien avec le dynamisme de la demande en viande hachée (voir article conso) et le renchérissement des importations. La vache O cotait ainsi 3,65 €/kg en semaine 48 (+22% /2020 et +23% /2019) et la vache P 3,47 €/kg (+26% /2020 et +36% /2019).

Après un mois d’octobre clément qui a permis de maintenir de nombreux animaux au pâturage, les abattages de femelles et de bœufs ont été plus nombreux en novembre. D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev basé sur les abattoirs traitant plus de 1 500 tonnes de gros bovins, les abattages de vaches sur les semaines 44 à 48 étaient en hausse de +8% /2020 pour les laitières et de +9% pour les vaches de type viande. Ceux de génisses étaient en légère hausse (+2%), de même que ceux de bœufs (+3%). Le marché est toutefois resté très fluide, comme en témoignent les prix, car ces animaux sont venus combler le manque de jeunes bovins dans les abattoirs.

Les prix des muscles importés au plus haut

Les prix record des réformes sur le marché européen et le redémarrage du secteur de la restauration en France ont conduit à une forte hausse du prix des muscles origine UE sur le marché de Rungis.

En moyenne sur novembre, la bavette d’aloyau semi-parée origine UE était à 8,00 €/kg (+22% /2020 et +27% /2019), le faux filet à 9,70 €/kg (+58% /2020 et +43% /2019), l’entrecôte à 12,30 €/kg (+34% /2020 et +40% /2019) et le filet à 28,20 €/kg (+58% /2020 et +44% /2019).