Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Les cours des JB restent très élevés partout en Europe. Ils augmentent encore dans la plupart des État membres, mais se sont toutefois réajustés de quelques centimes en Allemagne.

ALLEMAGNE : surplus momentané de sorties

En Allemagne, les rétentions en élevage pendant la phase de croissance très rapide des prix ont donné lieu à un afflux de JB fin mars et début avril, d’autant que la flambée du prix de l’aliment réduisait l’incitation à rajouter des kg. Ainsi, alors qu’ils étaient en baisse de -10% /2021 en moyenne sur les 10 premières semaines de l’année, les abattages de jeunes bovins sur les semaines 11 à 14 ont dépassé de +5% leur niveau de 2021. Puis ils sont revenus à un niveau relativement faible (-14% /2021 et -5% /2020 sur les semaines 15 à 18).

Les prix ont subi le contre-coup de ce décalage d’abattage, se réajustant à la baisse après la croissance vertigineuse de mars. Ils restent toutefois à des niveaux bien plus élevés qu’en France. Le JB U cotait 5,51 €/kg de carcasse en semaine 18 (+43% /2021 et +60% /2020), le JB R 5,45 €/kg (+43% /2021 et +61% /2020) et le JB O 5,25 €/kg (+45% /2021 et +67%/2020).

ITALIE : prix stationnaires à de très haut niveaux

En Italie, l’offre et la demande sont bien équilibrées, ce qui permet de maintenir les prix à un haut niveau. Comme chaque année, l’arrivée des chaleurs estivales limite les achats des consommateurs. Mais cette année, les faibles volumes de viande sur le marché permettent un maintien des prix au lieu de la baisse saisonnière habituelle. La cotation du JB mâle charolais à la bourse de Padoue s’est stabilisée à 3,21 €/kg vif (+29% /2021 et +21% /2020). Celle du mâle limousin à Modène s’est stabilisée à 3,38 €/kg vif entre les semaines 15 et 19 (+23% /2021 et +22% /2020).

Les cotations des femelles sont également stationnaires depuis plusieurs semaines. A la bourse de Modène, la femelle charolaise cotait 3,26 €/kg vif début mai (+21% /2021 et +26% /2020) et la femelle limousine 3,45 €/kg (+18% /2021 et +20% /2020).

Toutefois, la guerre en Ukraine inquiète le secteur. Même si les céréales importées sont plutôt destinées à l’alimentation des monogastriques, les craintes d’une spirale inflationniste sont largement partagées.

L’inflation est regardée de près par les distributeurs qui craignent une modification de la composition du panier des ménages. Elle était toutefois en baisse en avril par rapport à mars selon Istat (+6,0% /2021 contre +6,7% en mars) grâce à une moindre hausse des prix de l’énergie (+42% en avril contre +51% en mars).

D’après une récente enquête auprès de 3 000 familles italiennes conduite par l’ISMEA et Nielsen, seul 1% des familles cite les produits alimentaires parmi les 3 catégories de produits sur lesquels elles pourraient s’imposer des restrictions en cas de baisse de pouvoir d’achat. Les voyages arrivent en tête, cités par 23% des familles, les sorties au restaurant arrivent en 2ème position (21%) suivies des vêtements et chaussures (15%) et du matériel électronique (13%).

POLOGNE : hausse des cours

En Pologne, le JB R cotait 5,16 €/kg de carcasse en semaine 18 (+56% /2020 et +96% /2020) et le JB O 4,93 €/kg (+56% /2021 et +92% /2020).

La pénurie de jeunes bovins sur le marché européen et la forte demande de la restauration avec la sortie de la crise Covid stimulent la demande pour la viande polonaise. La production polonaise est par ailleurs relativement limitée. Les tonnages de jeunes bovins abattus sur les deux premiers mois de l’année ont égalé leur niveau de l’an dernier à 47 600 téc.

D’après les experts polonais, la production nationale de viande bovine pourrait être stable en 2022 par rapport à 2021, à 556 000 téc.

La Pologne exporte 85% de sa production de viande bovine. La demande alimentaire interne pourrait croître en 2022 en raison du grand nombre de réfugiés ukrainiens accueillis dans le pays (2,6 millions d’Ukrainiens sont entrés en Pologne entre le 24 février et le 11 avril d’après le HCR, représentant une hausse de 7% de la population nationale, elle-même estimée à 37,8 millions au 1er janvier). Une hausse de la consommation nationale diminuerait le disponible exportable, même si le bœuf reste loin d’être la viande préférée des Polonais et des Ukrainiens.

ESPAGNE : l’inflation inquiète

En Espagne, la hausse du prix de l’alimentation du bétail inquiète. L’Espagne est en effet très dépendante de l’importation pour la fabrication d’aliments et les systèmes d’engraissement de bovins sont basés principalement sur des rations sèches.

Mais ce qui semble préoccuper encore plus la filière espagnole ce sont les difficultés à pouvoir passer des hausses sur les prix à la consommation. En effet, le pouvoir d’achat des Espagnols est confronté à une très forte inflation des dépenses contraintes et notamment de l’énergie. Même si elle a ralenti en avril après de le pic de mars (+8,3% en avril contre +9,6% le mois précédent), l’inflation reste forte. Les familles espagnoles se tournent donc vers les viandes les moins chères, le porc ou la viande hachée de bœuf. Les industriels espèrent que le retour du tourisme permettra de mieux valoriser les pièces nobles.

Le Ramadan est à présent terminé depuis le 2 mai et la demande des pays méditerranéens est moins présente. Heureusement le marché européen reste très en demande de viande de jeune bovin.

Les prix entrée abattoir sont restés stationnaires ces dernières semaines, à des niveaux élevés. Le JB U espagnol cotait 5,06 en semaine 18 (+30% /2021 et +39% /2020). Le JB R cotait 4,98 €/kg (+32% /2021 et +41%/2020).