Les achats de viande ovine s’estompent avec la baisse du pouvoir d’achat des ménages dans les pays touchés par l’inflation. Les pays exportateurs se retrouvent ainsi avec des volumes excédentaires qui pèsent sur le prix des animaux. L’inflation fait aussi gonfler les charges des éleveurs qui subissent des dégradations de marges.
Royaume-Uni : la hausse des exportations ne suffit pas à désengorger le marché
Le cours britannique oscille sous son niveau de 2022, avec une tendance baissière depuis le début de l’année 2023. En semaine 9, il se situait à 5,70 €/kg, en baisse de -1,13 €/kg d’une année sur l’autre. Les volumes de viande d’agneau produits début 2023 ont surpassé la demande, ce qui pèse sur la cotation.
La production britannique de viande ovine, à 21 000 tonnes en janvier 2023, était au niveau de janvier 2022. Les effectifs d’agneaux abattus ont augmenté d’une année sur l’autre (+3%) et ont été plus lourds (+3%), tout comme les réformes (+11%), dont le poids de carcasse moyen a en revanche subi un franc recul (-10%).
Cette hausse des abattages est due à des reports plus élevés d’agneaux de 2022 sur 2023. En effet, la sécheresse de l’an passé a amputé la production de fourrages et de céréales, ce qui, associée à la hausse des coûts de l’aliment, a ralenti la croissance des agneaux et incité les éleveurs à reporter leurs sorties. Dans ce même contexte, de nombreux ovins adultes ont été réformés précocement.
Malgré la baisse des achats de viande d’agneau par les ménages et la RHD dans de nombreux pays à cause de l’inflation, les exportations britanniques de viande ovine ont bondi en janvier 2023 de +48% /2022, dont +46% vers la France. Dans le même temps les importations ont en revanche chuté de -38% /2022. Elles ont en premier lieu été divisées par deux en provenance de Nouvelle-Zélande.
Irlande : les éleveurs sont dans la rue
Après plusieurs semaines de pressions à la baisse sur les prix des Hoggets, la situation s’améliore début mars, avec une petite reprise de la demande, selon Irish Farmer Journal.
A 6,30 €/kg en semaine 9, la cotation de Hoggets a gagné 15 centimes d’une semaine sur l’autre, restant toutefois 65 cents sous ses niveaux de 2022 et 2021. Sur les deux premiers mois de l’année, elle se situe en moyenne 0,65 €/kg sous celui de 2022.
La baisse de la demande (intérieure et export) a alourdi le marché, face à une production irlandaise restée dynamique. Sur les 9 premières semaines de 2023, les abattages d’ovins ont progressé de +1% /2022, à 467 000 têtes. On constate un léger repli des abattages d’agneaux de -1% /2022 à 412 000 têtes (+7% /2020), tandis que les réformes ont augmenté de +12% /2022. Parmi les effectifs abattus, nombre d’agneaux sont abattus trop gras, après avoir été repoussés parfois plusieurs semaines faute de demande.
La hausse de production abattue en 2022 a dynamisé les exportations de viande ovine : à 61 000 téc en 2022, elles ont progressé de +12% /2021, dont +24% vers le Royaume-Uni et +12% vers la France.
Espagne : hausse des exports de vifs mais baisse des exports de viande en 2022
Le cours espagnol se maintient légèrement au-dessus de son niveau de 2022 depuis le début de l’année. En semaine 9, il se situait à 7,08 €/kg, soit +0,18 € /2022 et +1,27 €/2021.
En 2022, la production abattue a légèrement reculé (-0,6% /2021). La hausse des poids moyens de carcasse a compensé le repli des effectifs totaux. Le nombre d’agneaux abattus a reculé de -8% tandis que les réformes ont bondi de +42% d’une année sur l’autre.
Les envois d’agneaux vivants ont progressé de +18% /2021, triplant vers la Jordanie. Mais ceux de réformes ont bondi de +77%. Un nouveau foyer de variole ovine a été détecté début février en Castille-La Manche et de nouvelles mesures ont donc été prises dans la zone pour parer toute éventuelle propagation de la maladie.
Les exportations de viande ovine ont quant à elles reculé de -9% /2021, en grande partie du fait d’un fort repli vers la France (-14%).
Nouvelle-Zélande : production médiocre début 2023
En 2022, la production de viande ovine néozélandaise a été quasiment stable d’une année sur l’autre (-0,5%), à 437 000 téc : les effectifs d’agneaux abattus ont été stables, à 18 millions de têtes, tandis que ceux des réformes ont reculé de -6%, à 3,5 millions de têtes. En janvier 2023, la production abattue en Nouvelle-Zélande a baissé de -5% d’une année sur l’autre, à 48 000 téc.
Du côté des exportations, après avoir reculé de -5% /2021 en 2022, à 211 000 téc, en janvier 2023, celles-ci ont augmenté, de +19% /2022, à 40 000 téc, retrouvant leur niveau de 2020. Elles ont notamment progressé vers la Chine (+21%), l’UE-27 (+65%), les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne. Stables vers la France, elles ont en revanche reculé vers le Royaume-Uni (-8%) et les Etats-Unis (-20%).