Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

La détection de cas de maladie hémorragique épizootique ou MHE en France a entraîné la fermeture du marché algérien aux importations de broutards français. Cependant, la forte baisse des naissances de veaux allaitants a nettement réduit les disponibilités. La demande en broutards reste donc bien présente en France et en Italie, ce qui a permis d’absorber les animaux destinés initialement à l’Algérie. La pression sur les cours dépend de la situation sanitaire dans chaque bassin de race : pour les bassins proches de foyers ou dans les zones réglementées, ils fléchissent, ailleurs ils restent fermes.

Nouveau contexte sanitaire depuis fin septembre

Fin septembre, les premiers cas de MHE, maladie déjà présente en Espagne et dans une partie du pourtour méditerranéen, ont été détectés dans les Pyrénées françaises. Depuis les premiers cas, la zone réglementée a été élargie au fil de nouveaux cas et inclut à présent l’Aveyron par exemple. La découverte d’un foyer de MHE en Suisse alémanique a conduit à la constitution d’une seconde zone réglementée englobant la Franche-Comté, la Haute-Savoie, le Haut-Rhin, les Vosges et frôlant la Saône-et-Loire.

Ce nouveau contexte a eu des répercussions sur les marchés des broutards vers l’export pays tiers. Le marché algérien, qui avait entrainé une hausse des cours début septembre, est fermé depuis le 23 septembre.

Côté UE, il n’y a pas de conséquence sur les flux pour les animaux de zone indemne. De plus, l’Espagne, déjà touchée par la MHE, accepte aussi les expéditions d’animaux de zones réglementées. L’Italie également puisqu’un accord a été trouvé pour les zones réglementées, avec un protocole de désinsectisation + PCR après 14 jours.

Des prix sous pression

Le recul des disponibilités en broutards du fait de la décapitalisation et la demande ferme, tant pour l’export que pour l’engraissement en France, ont permis au marché d’absorber dans un premier temps les animaux initialement destinés à l’Algérie.

En semaine 40 cependant, la déclaration d’un cas de MHE en Suisse et la mise en place d’une deuxième zone réglementée a mis sous pression les prix des broutards charolais. Ainsi, en semaine 41, le Charolais U de 350 kg cotait 3,49 €/kg, en repli de -9 cts sur quatre semaines, mais toujours supérieur de 5 cts à la cotation de 2022 (+1% /2022, +30% /2021). Le Charolais U de 450 kg était également en recul de -9 cts en quatre semaines, à 3,38 €/kg (+4 cts ou +1% /2022, +33% /2021).

En semaine 41, le Limousin E de 350 kg vif était pour sa part stable à 3,85 €/kg en semaine 41, un niveau supérieur de +20 cts ou +5% /2022. La cotation du broutard croisé R de 300 kg s’établissait 3,19 €/kg, en hausse de +4 cts sur quatre semaines et supérieure de 9 cts (+3%) à la cotation de 2022.

Les cours des femelles n’ont pas été non plus soumis à la baisse. Ainsi, les Limousines E de 270 kg cotaient 3,30 €/kg, au même niveau qu’en 2022 et stables depuis l’été. La cotation des Charolaises U de 270 kg s’établissait à 3,36 €/kg vif, en hausse de +8 cts /2022 (+2%) et de +6 cts sur quatre semaines.

Recul des naissances

En août, les naissances de veaux de mère allaitante étaient à nouveau en recul d’après SPIE-BDNI et s’établissaient à 178 000 veaux, soit -7,2% /2022 (-14 000 têtes). En cumul sur huit mois, 2 058 000 veaux sont nés de mère allaitante en 2023, soit un recul de -7% ou -155 000 têtes /2022. La décapitalisation allaitante, et sans doute un report des naissances vers l’automne, constaté en 2022, sont les causes principales de ce recul des naissances.

Au 1er septembre, le cheptel de vaches allaitantes poursuivait son repli, à 3 426 000 têtes (-2,6% ou -90 000 têtes /2022, -5,5% /2021).

Effectifs de mâles de 6 à 12 mois étoffés

Du fait de naissances stables à l’automne 2022 et de mises en place dynamiques dans les ateliers d’engraissement en France, les effectifs de mâles allaitants âgés de 6 à 12 mois au 1er septembre ont augmenté de +2% /2022, à 711 000 têtes présentes dans les exploitations françaises.

Le décalage des naissances vers l’automne produit un déficit de mises bas au printemps et a donc l’effet inverse sur les effectifs de broutards de moins de six mois. Ainsi, au 1er septembre, seuls 649 000 mâles allaitants de moins de six mois étaient présents dans les fermes françaises, soit un recul de -7% /2022 (-47 000 têtes).

Hausse des envois de broutards lourds vers l’Espagne

D’après les Douanes, les exportations sont restées dynamiques vers l’Espagne en juillet : 7 000 broutards ont été expédiés outre-Pyrénées, en hausse de +7% /2022 et +24% /2021. Sur fond de sécheresse, les engraisseurs espagnols continuent de préférer les broutards plus lourds pour réduire la durée d’engraissement et les besoins en aliment. En conséquence, la hausse des exportations est tirée par les envois de mâles de plus de 300 kg (3 000 têtes en juillet, +60% /2022), alors même que les exportations de broutards légers, mâles et femelles de 160-300 kg, reculaient de -20%, à 3 000 têtes.

En cumul sur sept mois, la dynamique est la même, avec 63 000 animaux expédiés en Espagne (+29% /2022, mais -18% /2021), dont 26 000 mâles de plus de 300 kg (×2 /2022 et +63% /2021) et 34 000 animaux de 160 à 300 kg (-4% /2022 et -42% /2021).

Vers l’Italie, les exportations totales de broutards étaient en baisse de -5% /2022 sur sept mois, à 472 000 têtes, du fait du manque de disponibilités liée à la décapitalisation. La baisse est à attribuer aux exportations de broutardes destinées à la production de génisses, viande plus chère, qui ont souffert (-14% /2022 sur sept mois) alors que les envois de mâles sur les sept premiers mois de 2023 ont été similaires à ceux de 2022.

Forte baisse des exportations en août

Après avoir atteint un minimum en juillet (semaines 27 à 30) avec une moyenne de 12 000 têtes exportées par semaine, les envois de broutards ont poursuivi leur baisse en août, tendance désormais habituelle avec les fortes chaleurs et les congés estivaux des opérateurs. Ainsi, d’après SPIE-BDNI, 70 000 bovins de type viande âgés de 4 à 16 mois ont été exportés entre les semaines 31 à 35 (toutes destinations confondues), en net recul (-22%) par rapport à la même période 2022. En cumul sur 37 semaines, les exportations de broutards ont reculé de -7% /2022 et -15% /2021. Ce recul touche nettement plus les Charolais (-9% /2022) que les Limousins (-4% /2022).

Forte hausse des envois vers l’Italie dans les dernières semaines

Conséquence de la fermeture sanitaire du marché algérien, les animaux préparés pour l’Algérie ont été orientés vers les autres destinations. Ainsi, selon les données TRACES-DGAL, les exports vers l’Italie tous bovins confondus ont augmenté de +15% /2022 (+9 000 têtes) sur les semaines 39 à 41 (du 25/09 au 15/10), et ont atteint 67 000 animaux en trois semaines, après une forte baisse en août.