Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Les abattages totaux de gros bovins se replient malgré la production régulière de jeunes bovins (JB) viande, avec des cours soutenus par la demande élevée et la baisse de l’offre.

Abattages en recul malgré la dynamique en jeunes bovins

Sur les sept dernières semaines connues (40 à 46) d’octobre à mi-novembre, les abattages de gros bovins sont en recul sur un an (-2% /2023) d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev et selon la dynamique suivante :

  • Les sorties de jeunes bovins de type viande restent dynamiques (+2% /2023, sans atteindre la hausse de la période précédente : +11% des semaines 36 à 41) grâce à la relocalisation de l’engraissement en France.
  • Ces sorties ne compensent pas le recul des réformes laitières de 5% /2023 sur les sept dernières semaines, après l’afflux ponctuel de vaches laitières à l’abattoir en septembre.
  • Les abattages de JB de type lait sont eux aussi dans un recul plus habituel, de 3% /2023 après un mois de septembre positif.
  • Les abattages de vaches de type viande s’érodent de 2% par rapport à l’an passé, tandis que les abattages de génisses viande sont restés stables sur les sept semaines, malgré le recul du cheptel mère.

Hausse des cours des jeunes bovins

Les cours des jeunes bovins poursuivent leur hausse saisonnière, à un rythme rapide ces quatre dernières semaines. Le marché européen manque de viande, avec peu d’offre en Italie et en Allemagne, une meilleure demande en Allemagne que l’an passé et des prix en hausse dans toute l’UE. En Espagne, la demande des pays du pourtour sud de la Méditerranée met les cours en tension (voir notre article sur les JB en Europe de ce mois-ci).

Prix-du-JB-U-entree-abattoir-en-France-en-semaine-45-en-2024

En conséquence :

  • La cotation française du Jeune Bovin (JB) U a gagné 15 centimes en quatre semaines pour atteindre 5,65 €/kgéc de carcasse en semaine 45 (+3% /2023).
  • Le prix du JB R a gagné 16 centimes en quatre semaines à 5,50 €/kgéc (+3% /2023).
  • La cotation du JB O a repris des couleurs, gagnant 7 centimes en quatre semaines pour atteindre 4,81 €/kgéc (= /2023) à la faveur de l’arrêt de la baisse saisonnière du cours de la vache O.

Les cours des vaches laitières stabilisés

L’arrivée plus importante de réformes laitières en septembre avait fait fléchir les cours des vaches moins conformées. Cet afflux de laitières s’est tari ces trois dernières semaines (s44 à 46, du 28 octobre au 17 novembre) et les cotations ont donc stoppé leur baisse en semaine 45.

Prix-de-la-vache-O-entree-abattoir-en-France-en-semaine-45-de-2024

La cotation de la vache O s’établissait donc 4,54 €/kg de carcasse en semaine 45 (-9 centimes en quatre semaines mais = /2023). Le cours de la vache P a perdu 11 centimes en un mois mais s’est stabilisé à 4,18€/kg (-2% /2023).

Bonne tenue des cours des femelles allaitantes

Les cours des vaches de race à viande restent bien orientés car l’offre est à peine suffisante pour répondre à la demande des abattoirs.

Prix-de-la-vache-R-entree-abattoir-en-France-en-semaine-45-de-2024
  • La cotation de la vache R a gagné un centime en semaine 45 pour s’établir à 5,55 €/kg de carcasse (-2 centimes en quatre semaines, mais toujours +2% /2023).
  • La vache U standard a engrangé 4 centimes en quatre semaines, à 6,1 €/kg en semaine 45, au-dessus des niveaux atteints les années passées (+4% /2023).

L’IPAMPA décroît mais le SMIC augmente de 2%

En septembre, l’Indice des Prix d’Achat des Moyens de Production Agricoles (IPAMPA) viande bovine a poursuivi son repli par rapport au mois précédent (-0,3%) et par rapport aux deux années précédentes (-4,5% /sept. 2023 et -6,7% /sept. 2022). Il reste toutefois à un niveau historiquement élevé : +12% /sept. 2021.

IPAMPA-viande-bovine-et-partie-aliments-achetes-en-septembre-2024

Notons que l’IPAMPA ne couvre pas l’ensemble des charges des élevages. Coûts salariaux, travaux par tiers, etc., ne sont pas pris en compte dans l’IPAMPA et restent en hausse par rapport à 2023 :

  • Le SMIC vient d’augmenter de 2% au 1er novembre, après 1,1% au 1er janvier 2024,

Un cheptel qui recule

La décapitalisation se poursuit. Au 1er octobre, la France comptait 3,393 millions de vaches allaitantes, soit 58 000 de moins qu’un an plus tôt (-1,7%) et 132 000 de moins qu’il y a deux ans. A cela s’ajoutaient 3,315 millions de vaches laitières, soit 54 000 de moins qu’en 2023 (-1,6%) et 117 000 de moins que deux ans auparavant. Au total au 1er octobre, la France a encore perdu 112 000 vaches en un an (-1,6%).

Evolution-du-cheptel-de-vaches-allaitantes-en-France-mois-par-mois-sur-4-ans

La baisse du cheptel reproducteur conduit au repli du cheptel total de bovins, donc des abattages, malgré la récente renationalisation de l’engraissement de jeunes bovins. Au 1er octobre, la France comptait 16,4 millions de bovins de toutes catégories d’après la BDNI, soit déjà 290 000 de moins qu’il y a un an.