Après une année 2020 très dynamique, la collecte de lait de chèvre s’est repliée en début d’année. Le démarrage des lactations semble pénalisé par des fourrages de médiocre qualité et le renchérissement de l’alimentation animale.
Timide démarrage de la collecte
La croissance de la collecte de lait de chèvre a été stoppée en début d’année, après avoir été progressivement ralentie au 2nd semestre 2020. Ainsi, la collecte a été stable d’une année sur l’autre en janvier, et s’est repliée de -1% en février (selon les données diffusées dans l’enquête hebdomadaire de FranceAgriMer). Sur ces deux mois, elle s’établit à presque 60 millions de litres, soit -0,5% /2020.
La timidité de ce démarrage peut être imputée en partie à la baisse des rendements laitiers, impactés par des stocks fourragers, récoltés à l’automne 2020, de médiocre qualité. Une tendance renforcée par le renchérissement de l’alimentation animale. En effet, à l’indice 110,7 en février, l’IPAMPA Lait de chèvre-aliments achetés a grimpé de +4,2 points en trois mois.
Les importations reprennent…
Avec 5,1 millions de litres en janvier, les importations de produits de report caprins ont bondi de +21% par rapport au très bas niveau de 2020. Mais elles restent inférieures de-26% au très haut niveau de 2019. Contraints par une collecte nationale ralentie, les transformateurs ont dû importer davantage de caillé cet hiver afin de maintenir les fabrications fromagères.
… mais la collecte européenne pourrait limiter les importations
Cependant, la reprise des importations, entamée en décembre 2020, pourrait être de courte durée, compte tenu de la baisse des disponibilités chez nos voisins européens.
D’un côté, la collecte espagnole s’est repliée de plus de -10% au premier bimestre de 2021, à 65 millions de litres ; tendance qui pourrait se poursuivre les mois prochains au vu des prix à la production qui sont orientés à la baisse. De l’autre, si le cheptel s’est sensiblement étoffé aux Pays-Bas ces dernières années, la collecte est de plus en plus orientée vers la fabrication de poudre de lait pour satisfaire la demande chinoise croissante en poudre de lait infantile. Dans ce contexte, même s’il n’y a pas de statistiques mensuelles de collecte aux Pays-Bas, on peut s’attendre à une limitation des disponibilités.
Fléchissement des fabrications fromagères en janvier
La hausse des importations a dopé l’approvisionnement total des industriels français, qui a ainsi augmenté de +3% en janvier, à un peu moins de 31 millions de litres. Mais face à une collecte stationnaire aux creux hivernal, les transformateurs ont privilégié la reconstitution des stocks de report, au détriment des fabrications fromagères.
Ainsi, les fabrications de fromages au lait de chèvre ont reculé de -3% /2020 en janvier, à près de 7 900 t ; les fabrications de lait de consommation suivent la même tendance, et ont reculé de -5%, à près de 1,2 million de litres embouteillés. Seules les fabrications de yaourts ont progressé, s’établissant à 1 100 t, soit une hausse de +5% d’une année sur l’autre.
A noter toutefois que la baisse des fabrications fromagères de janvier ne présage pas d’une évolution analogue le reste de l’année. En effet, celles-ci reposent principalement sur la demande, qui a été dynamique en libre-service des GMS au 1er trimestre 2020, selon les premières données du panel IRI-CNIEL. Si cette tendance persiste, les fabrications fromagères pourraient croître de nouveau, aidées par la hausse saisonnière de la production laitière.