Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Début 2024, les importations françaises de viande bovine comme la consommation calculée par bilan étaient en retrait. Si l’inflation alimentaire poursuit son ralentissement, la hausse des prix des services et de l’énergie continue d’affecter le pouvoir d’achat des ménages.

Maintien du niveau limité d’export et baisse de l’import début 2024

En janvier 2024, d’après les Douanes françaises, les exportations françaises de viande bovine ont été légèrement supérieures au niveau limité du début de l’année 2023. Elles ont atteint 17 900 téc (+1% /2023 mais -11% /2022). Dans le même temps, les importations étaient en léger retrait sur un an, à 29 700 téc (-8% /2023 mais +17% /2022).

Les exportations étaient en hausse vers la Grèce (+6% /2023 à 2 700 téc), l’Allemagne (+4% à 3 300 téc) ou encore la Belgique (+2% à 1 900 téc). Les importations affichaient un recul depuis les Pays-Bas (-16% /2023 à 7 000 téc), l’Irlande (-13% à 4 600 téc), l’Allemagne (-27% à 2 700 téc) ou encore le Royaume-Uni (-3% à 3 700 téc).

Attention toutefois, les échanges sont affectés par des flux « parasites » avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas depuis la mise en œuvre du Brexit. Des opérateurs britanniques font dédouaner des viandes britanniques en France avant réexportation vers les Pays-Bas (cf. infra).

La consommation calculée par bilan démarre l’année 2024 en repli

Dans le sillage de 2023, le disponible consommable en janvier 2024 était en retrait sur an pour le dixième mois consécutif. D’après nos estimations, il s’est établi à 119 500 téc, niveau intermédiaire entre les deux années précédentes (-4% /2023 mais+1% /2022).

Hors effets liés au Brexit et au retour de procédures douanières, la part de l’import dans le disponible consommable en France en janvier 2024 était en léger retrait (25,0% contre 26,0% un an auparavant).

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée.

Mais avec le Brexit et le retour de nouvelles procédures douanières entre l’UE et le Royaume-Uni en 2021, les statistiques douanières sont perturbées par l’organisation des opérateurs. En effet, plusieurs exportateurs britanniques font dédouaner leurs viandes en France avant de les réexpédier vers les Pays-Bas afin de faciliter les procédures. Après correction de ces flux « parasites », le niveau d’importations dans la consommation calculée par bilan en janvier 2024 serait en fait inférieur : 22,6% contre 23,6% en janvier 2023.

Poursuite du ralentissement de l’inflation

L’inflation en France a de nouveau poursuivi sa dynamique de lent ralentissement en février 2024. D’après l’INSEE, Le rythme de progression de l’indice général français des prix à la consommation harmonisé (IPCH) avait reculé à nouveau en février 2024, à +3,2% sur un an (contre +3,4% en janvier 2024). C’est particulièrement vrai pour l’alimentaire (+3,6% sur un an en février contre +5,8% en janvier) et notamment pour les viandes de bœuf et de veau (+1,4% sur un an contre +2,2% un mois auparavant). Ce sont désormais les prix des services et de l’énergie qui devraient soutenir la progression de l’inflation.

La réduction du rythme de l’inflation sur un an des prix de l’alimentation et des viandes de bœuf et de veau était semblable dans l’ensemble l’UE au début de l’année 2024.

L’inflation à deux ans reste soutenue dans le commerce de détail

En février 2024, l’inflation sur un an des prix au détail dans les rayons alimentaires (et petit bazar) poursuivait sa décrue, à +4,5% /février 2023 (contre +5,6% un mois auparavant).

Si le ralentissement de l’inflation s’est poursuivi, les prix au détail restaient bien au-delà des prix pratiqués avant le début de la période de forte inflation. Ainsi, l’inflation cumulée à 2 ans restait proche des 19% en février 2024.

Depuis le début de 2024, cette progression des prix soutenait encore la hausse en valeur des ventes au détail des produits de grande consommation et de frais libre-service (PGC-FLS) d’après Circana. Mais cette hausse des prix a continué de peser sur les ventes en volume. En cumul sur les 9 premières semaines de 2024, les ventes de PGC étaient en hausse en valeur (+3% /2023) mais pas en volume (-2% /2023) par rapport à l’année dernière.

Depuis le début de 2024, le report de consommation de viande hachée depuis le frais vers le congelé, moins cher, était toujours d’actualité, soulignant une certaine descente en gamme. D’après Circana, sur les 9 premières semaines de 2024, seules les ventes en valeur sur un an de bœuf haché surgelé avaient progressé (+2% /2023), pas celles du frais (-2% /2023).

Les autres circuits de commercialisation de produits alimentaires comme la RHD ont également été affectés par l’inflation. Mais le même phénomène de ralentissement est observé. En février 2024, la hausse des prix sur un an pour l’ensemble de la restauration était de +4%. La progression concernait tous les segments : les restaurants et les cafés (+4% /2023), la restauration rapide (+4%) et également les cantines (+3%).