Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 349 Avril 2023 Mise en ligne le 24/04/2023
Viande ovine
Le Ramadan et Pâques redynamisent les ventes
La production reste haussière au Royaume-Uni comme en Irlande, ce qui encombre le marché de ces deux exportateurs majeurs. Cependant le Ramadan puis Pâques ont redynamisé les ventes d’agneau, ce qui a soutenu les cours.
En France, les abattages d’agneaux pour Pâques ont été tardifs et peu élevés : la cotation a toutefois atteint un nouveau record, la demande étant elle aussi affaiblie.
Le cours de l’agneau a atteint un nouveau record pour Pâques 2023. L’offre, modeste, était finalement au niveau voire légèrement au-dessus de la demande : les consommateurs étaient aux achats pour Pâques, mais dans une moindre mesure que les années précédentes. Les prochains mois pourraient s’annoncer compliqués pour les éleveurs, entre charges élevées et possible sécheresse estivale, qui pourraient conforter le phénomène de décapitalisation à l’œuvre depuis quelques mois.
Nouveau record de la cotation, malgré le contexte économique
En semaine 14 de 2023 (se terminant le 9 avril dimanche Pâques), la cotation atteignait 8,55 €/kg . Elle s’établissait tout de même +0,88 €/kg au-dessus de son niveau de l’an passé la même semaine et +0,48 €/kg au-dessus de la semaine de Pâques 2022 (semaine 15).
Depuis le début de l’année, la baisse des abattages soulage le marché, face à une demande particulièrement atone. Ils ont augmenté de façon saisonnière à l’approche du Ramadan puis de Pâques, mais sont demeurés modestes. Selon les professionnels de la filière, cette offre quelque peu restreinte aurait suffi à couvrir la demande des consommateurs pour Pâques, bien plus timide cette année. L’IPAMPA ovin viande est quant à lui resté élevé en février 2023, à l’indice 137,8, soit 17 points au-dessus de son niveau de février 2022. La très forte augmentation des indices énergie et lubrifiants (+9% / 2022), aliments achetés (+21%), mais aussi engrais (+7%) expliquent la hausse de l’indice synthétique de l’IPAMPA.
L’offre en repli concorde avec une demande plus timide pour Pâques
Selon Agreste, les abattages d’ovins ont atteint 11 000 téc sur les deux premiers mois de l’année, en baisse de -10% /2022. La hausse des réformes de +5% (à 72 000 têtes) n’a que partiellement contrebalancé l’allègement de leurs carcasses, (-1,1 kgéc) et le net repli des abattages d’agneaux (- 11%, à 489 000 têtes). La sécheresse et l’inflation ont poussé les éleveurs à faire des arbitrages, et nombreux sont ceux qui ont choisi de réduire leur cheptel. Les commandes aux abatteurs ont été tardives pour Pâques cette année (davantage qu’en 2022) en raison de la prudence des distributeurs confrontés à l’incertitude sur le comportement d’achat de leurs clients. Selon Ovinfos, les abattages ont décollé deux semaines avant Pâques et les volumes produits ont été inférieurs à ceux des années précédentes, en agneaux comme en ovins adultes, les réformes ayant été particulièrement dynamiques depuis le 2nd semestre 2022. Si certains abatteurs ont fini Pâques avec des frigos vides, d’autres n’ont pu écouler la totalité de leur marchandise.
Face à la baisse des achats des ménages début 2023 (traditionnelle à cette période de l’année et accentuée par l’inflation), les importations d’agneaux vivants ont légèrement baissé en janvier (-2% /2022 soit – 150 têtes), tandis que les envois d’agneaux ont dans le même temps bondi (+24% /2022, soit + 9 400 têtes).
Les importations de Nouvelle-Zélande repartent à la baisse
En janvier 2023, les importations françaises de viande ovine ont continué de croître d’une année sur l’autre, mais de façon plus modérée que précédemment, de +2% /2022, à 6 000 téc. Elles sont restées ralenties, en recul de -11% comparé à la moyenne 2015-2019 (avant la pandémie de covid-19). Les achats ont de nouveau progressé en provenance du Royaume-Uni (+6% /2022), d’Irlande (+10%) et d’Espagne (+7%), mais ont nettement chuté en provenance de Nouvelle Zélande (-33% /2022).
Le disponible français fléchit en janvier 2023
En janvier 2023, avec des abattages français en net retrait et des importations de viande ovine qui ont ralenti leur croissance, le disponible français a fléchi, de -4% /2022, et de -9% par rapport à la dernière moyenne quinquennale.
Viande ovine » UE et monde »
Les fêtes du Ramadan et de Pâques ont ranimé les échanges
Depuis le 2nd semestre 2022, les marchés exportateurs subissent la baisse du pouvoir d’achat des ménages dans les bassins de consommation, mais la demande s’est nettement raffermie avec le Ramadan puis Pâques. Les commandes sont reparties à la hausse, permettant de libérer des volumes : les cotations britanniques et irlandaises ont alors décollé. Elles ne sont toutefois pas repassées au-dessus de leur niveau de 2022.
Royaume-Uni : les cours se raffermissent pour Pâques
Le cours de l’agneau britannique a décollé à l’approche du Ramadan et cette hausse s’est accentuée avec Pâques. En semaine 14, à 6,90 €/kg, il avait retrouvé le niveau de l’an dernier, mais se situait encore 0,57 €/kg sous celui de 2022. La demande a été raffermie par les festivités religieuses, ce qui a allégé le marché britannique et permis le redressement de la cotation.
La production britannique de viande ovine, à 22 000 t en février 2023, a cru de +6% d’une année sur l’autre. Les effectifs d’agneaux abattus ont bondi (+12% /2022) en raison de reports plus élevés d’agneaux de 2022 sur 2023 en lien avec la sécheresse de 2022 et le coût élevé des aliments achetés, mais leurs carcasses se sont de nouveau allégées (-1 kg). Les abattages de réformes ont également progressé (+4%), avec un poids de carcasse moyen de nouveau en franc recul (-1,5 kg). Malgré la baisse de la demande de viande d’agneau dans de nombreux pays déficitaires, pour cause d’inflation, les exportations britanniques de viande ovine ont bondi en janvier 2023, de +48% /2022, dont +46% vers la France. Rappelons qu’en janvier 2022, ces envois britanniques n’avaient pas totalement repris (effet Brexit). Le même mois, les importations britanniques de viande ovine ont en revanche chuté de -38% /2022, et ont été divisées par deux en provenance de Nouvelle-Zélande.
Irlande : les cours peinent à se redresser malgré une reprise de la demande
Après plusieurs semaines de pression à la baisse sur les prix des Hoggets, la situation s’est améliorée début mars, avec une reprise des commandes pour le Ramadan, puis pour Pâques. En semaine 14, à 6,95 €/kg, la cotation des Hoggets a gagné 15 centimes d’une semaine sur l’autre, mais se situait toutefois 45 cents sous son niveau de 2022. Les premières sorties des agneaux de nouvelle saison ont été observées et la cotation associée, pour la semaine 14, était enregistrée à 7,80 €/kg, soit -0,55 € /2022. Pour Pâques, la cotation s’est redressée, mais est restée sous son niveau de 2022, illustrant probablement une demande (marché intérieur et export) certes haussière, mais cependant bien inférieure à l’offre disponible.
Sur les 14 premières semaines de 2023, les abattages d’ovins ont progressé de +5% /2022, à 766 000 têtes, en agneaux (+5% /2022) à 691 000 têtes comme en réformes (+10% /2022). Sur le seul mois de mars, les abattages d’ovins irlandais ont bondi de +12% /2022, sans doute en lien avec le calendrier de Pâques : une semaine plus tôt qu’en 2022. Grace à une production haussière, les exportations de viande ovine irlandaise ont de nouveau progressé en janvier 2023, de +5% /2022, à 4 400 téc. Stables vers le Royaume-Uni et la France, elles ont augmenté vers d’autres pays de l’UE (Allemagne, Italie, Pays-Bas …).
Espagne : sursaut des importations d’agneaux français
Le cours de l’agneau espagnol a augmenté deux semaines avant le début du Ramadan, puis a continué de croître jusqu’à Pâques. En semaine 14, il s’établissait à 7,24 €/kg, soit +0,41 € /2022 et +0,97 € /2021.
En janvier 2023, la production abattue a légèrement augmenté (+0,6% /2022). Le repli des effectifs d’agneaux abattus (-1%) a été plus que compensé par la hausse des réformes (+9%), même si les poids de carcasse ont diminué pour ces deux catégories. Les envois d’agneaux vivants espagnols ont bondi en janvier, de +63% /2022, notamment vers la Jordanie, tandis que les expéditions de réformes ont reculé de -19%. Dans le même temps, les importations d’agneaux ont aussi bondi, principalement en provenance de France. Les exportations de viande ovine ont quant à elles progressé en janvier (+34% /2022), en grande partie du fait d’un fort regain des flux vers la France (+16%).
Nouvelle-Zélande : la production reste contrainte en février
En février, la production de viande ovine néozélandaise a de nouveau reculé d’une année sur l’autre, de -8% /2022, à 44 000 t : les effectifs d’agneaux abattus ont baissé de -13%, à 1,7 M de têtes, et ceux des réformes de -3%, à 479 000 têtes. En février 2023, les exportations de viande ovine ont fléchi, de -10% /2022, à 40 000 téc, malgré la reprise des ventes à la Chine (+4%), et le rebond vers les Pays-Bas (+44%). Elles ont revanche chuté vers le Royaume-Uni (-42%), la Malaisie (-80%), l’Allemagne (-47%), la France (-30%) … Beef and Lamb NZ prévoit une baisse des sorties d’agneaux, de -8% à 20,5 M de têtes, et des brebis reproductrices destinées à l’export, de -6%, lors de la campagne 2022-2023 qui s’achève en septembre. De telles baisses résultent surtout d’une année climatique particulièrement sèche. Ces conditions ont entraîné une baisse des exportations de viande ovine. Les dégâts causés par le cyclone Gabriel, qui a touché l’île du Nord, pourraient amputer encore davantage la production ovine.