Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 348 Mars 2023 Mise en ligne le 21/03/2023
Viande ovine
Début d’année difficile en Irlande et au Royaume-Uni
Alors que la production se maintient ou s’améliore au Royaume-Uni comme en Irlande, la demande est toujours contrainte par la baisse de pouvoirs d’achat des ménages, ce qui pèse sur les cours. A l’approche du Ramadan puis de Pâques, ces pays exportateurs devraient toutefois connaître une reprise de commandes, propice au soutien des prix de l’agneau.
Le cours de l’agneau français débute sa hausse saisonnière mi-mars, restant toujours au-dessus du niveau des années précédentes. Le net recul des abattages français perdure et permet de ne pas engorger le marché de viande ovine, face aux achats toujours atones. Le début du Ramadan, en semaine 12, devrait ponctuellement redynamiser le commerce, tout comme Pâques, début avril.
La cotation augmente à quelques semaines de Pâques
En semaine 10 de 2023 (se terminant le 12 mars), la cotation était à 7,93 €/kg, finissant sa traditionnelle baisse à quelques semaines du Ramadan et de Pâques. Celle-ci restait tout de même +0,49 €/kg plus élevée que l’an passé.
Depuis le début de l’année, la nette baisse des abattages permet de soulager le marché, face à une demande particulièrement atone. Les agneaux sont pourtant là et ne peuvent être repoussés trop longtemps, sous peine d’être trop gras et dévalorisés au paiement… La situation actuelle est délicate, d’autant que les prix des intrants demeurent très élevés.
En effet, l’IPAMPA ovin viande est reparti à la hausse en janvier 2023 (139,8 points), +17 points au-dessus de son niveau de 2022. L’indice énergie et lubrifiants était en hausse de +23% /2022, celui des engrais et amendements de +16%, et aliments achetés de +25%.
Le recul de la production française s’accentue en 2023
Selon Agreste, la production française de viande ovine a atteint 79 290 téc en 2022, soit -3% /2021, et 2% sous la moyenne des cinq dernières années. Les abattages d’agneaux ont reculé de -4% à 3,5M de têtes et les réformes ont augmenté de +5% à 553 400 têtes. La sécheresse et l’inflation ont rendu les aliments du bétail peu disponibles et coûteux, si bien que des éleveurs ont choisi de réduire leur cheptel.
La chute des importations d’agneaux vivants espagnols (-19% /2021) a aussi été un obstacle à l’approvisionnement du marché français. En janvier 2023, la tendance se poursuit : recul de -10% des volumes abattus, avec -13% d’agneaux et +13% de réformes. Selon les données d’Ovinfos, le repli des abattages français continue après janvier.
Regain des importations de viandes néozélandaises et britanniques en 2022
En décembre 2022, les importations françaises de viande ovine ont continué de croître d’une année sur l’autre, de +14% /2021, à 8 000 téc. Les achats ont de nouveau progressé en provenance de Nouvelle Zélande (+21% /2021), du Royaume-Uni (+13%), mais ont encore fléchi d’Irlande (-7%). Ils étaient en hausse en provenance d’Espagne (+2%), après de nombreux mois de baisses. Au total en 2022, 83 800 téc ont été importées en France, soit +7% /2021, mais 10% sous la moyenne 2015-2019, avant covid-19. Seuls les achats de viande ovine espagnole ont reculé d’une année sur l’autre. On constate un regain des envois britanniques, irlandais et surtout néozélandais vers la France.
En 2022, le disponible français a retrouvé son niveau de 2020
En 2022, les abattages français ont fléchi tandis que les importations – malgré un regain – sont restées modérées, affectant d’autant le disponible français : il a progressé modestement (+2% /2021), mais demeure faible, en repli de -6% par rapport à la moyenne 2015-2019.
Viande ovine » UE et monde »
Début d’année compliqué pour les exportateurs
Les achats de viande ovine s’estompent avec la baisse du pouvoir d’achat des ménages dans les pays touchés par l’inflation. Les pays exportateurs se retrouvent ainsi avec des volumes excédentaires qui pèsent sur le prix des animaux. L’inflation fait aussi gonfler les charges des éleveurs qui subissent des dégradations de marges.
Royaume-Uni : la hausse des exportations ne suffit pas à désengorger le marché
Le cours britannique oscille sous son niveau de 2022, avec une tendance baissière depuis le début de l’année 2023. En semaine 9, il se situait à 5,70 €/kg, en baisse de -1,13 €/kg d’une année sur l’autre. Les volumes de viande d’agneau produits début 2023 ont surpassé la demande, ce qui pèse sur la cotation.
La production britannique de viande ovine, à 21 000 tonnes en janvier 2023, était au niveau de janvier 2022. Les effectifs d’agneaux abattus ont augmenté d’une année sur l’autre (+3%) et ont été plus lourds (+3%), tout comme les réformes (+11%), dont le poids de carcasse moyen a en revanche subi un franc recul (-10%). Cette hausse des abattages est due à des reports plus élevés d’agneaux de 2022 sur 2023. En effet, la sécheresse de l’an passé a amputé la production de fourrages et de céréales, ce qui, associée à la hausse des coûts de l’aliment, a ralenti la croissance des agneaux et incité les éleveurs à reporter leurs sorties. Dans ce même contexte, de nombreux ovins adultes ont été réformés précocement. Malgré la baisse des achats de viande d’agneau par les ménages et la RHD dans de nombreux pays à cause de l’inflation, les exportations britanniques de viande ovine ont bondi en janvier 2023 de +48% /2022, dont +46% vers la France. Dans le même temps les importations ont en revanche chuté de -38% /2022. Elles ont en premier lieu été divisées par deux en provenance de Nouvelle-Zélande.
Irlande : les éleveurs sont dans la rue
Après plusieurs semaines de pressions à la baisse sur les prix des Hoggets, la situation s’améliore début mars, avec une petite reprise de la demande, selon Irish Farmer Journal. A 6,30 €/kg en semaine 9, la cotation de Hoggets a gagné 15 centimes d’une semaine sur l’autre, restant toutefois 65 cents sous ses niveaux de 2022 et 2021. Sur les deux premiers mois de l’année, elle se situe en moyenne 0,65 €/kg sous celui de 2022.
La baisse de la demande (intérieure et export) a alourdi le marché, face à une production irlandaise restée dynamique. Sur les 9 premières semaines de 2023, les abattages d’ovins ont progressé de +1% /2022, à 467 000 têtes. On constate un léger repli des abattages d’agneaux de -1% /2022 à 412 000 têtes (+7% /2020), tandis que les réformes ont augmenté de +12% /2022. Parmi les effectifs abattus, nombre d’agneaux sont abattus trop gras, après avoir été repoussés parfois plusieurs semaines faute de demande. La hausse de production abattue en 2022 a dynamisé les exportations de viande ovine : à 61 000 téc en 2022, elles ont progressé de +12% /2021, dont +24% vers le Royaume-Uni et +12% vers la France.
Espagne : hausse des exports de vifs mais baisse des exports de viande en 2022
Le cours espagnol se maintient légèrement au-dessus de son niveau de 2022 depuis le début de l’année. En semaine 9, il se situait à 7,08 €/kg, soit +0,18 € /2022 et +1,27 €/2021.
En 2022, la production abattue a légèrement reculé (-0,6% /2021). La hausse des poids moyens de carcasse a compensé le repli des effectifs totaux. Le nombre d’agneaux abattus a reculé de -8% tandis que les réformes ont bondi de +42% d’une année sur l’autre. Les envois d’agneaux vivants ont progressé de +18% /2021, triplant vers la Jordanie. Mais ceux de réformes ont bondi de +77%. Un nouveau foyer de variole ovine a été détecté début février en Castille-La Manche et de nouvelles mesures ont donc été prises dans la zone pour parer toute éventuelle propagation de la maladie. Les exportations de viande ovine ont quant à elles reculé de -9% /2021, en grande partie du fait d’un fort repli vers la France (-14%).
Nouvelle-Zélande : production médiocre début 2023
En 2022, la production de viande ovine néozélandaise a été quasiment stable d’une année sur l’autre (-0,5%), à 437 000 téc : les effectifs d’agneaux abattus ont été stables, à 18 millions de têtes, tandis que ceux des réformes ont reculé de -6%, à 3,5 millions de têtes. En janvier 2023, la production abattue en Nouvelle-Zélande a baissé de -5% d’une année sur l’autre, à 48 000 téc. Du côté des exportations, après avoir reculé de -5% /2021 en 2022, à 211 000 téc, en janvier 2023, celles-ci ont augmenté, de +19% /2022, à 40 000 téc, retrouvant leur niveau de 2020. Elles ont notamment progressé vers la Chine (+21%), l’UE-27 (+65%), les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne. Stables vers la France, elles ont en revanche reculé vers le Royaume-Uni (-8%) et les Etats-Unis (-20%).