Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 347 Février 2023 Mise en ligne le 21/02/2023
Viande ovine
La baisse des achats pèse sur les marchés
En France, la baisse des abattages permet le maintien d’une cotation historiquement élevée, face à une demande morose. En Irlande comme au Royaume-Uni, cette baisse de la demande encombre les marchés et pèse sur la cotation.
En Espagne, l’export d’ovins vifs, dynamique, permet d’alléger le marché et de maintenir, comme en France, la cotation de l’agneau au-dessus du niveau des années précédentes.
Début février, le cours de l’agneau français poursuit sa baisse saisonnière sous l’effet d’un alourdissement du marché par les sorties d’agneaux Lacaune face une demande traditionnellement basse à cette période de l’année. Dans le contexte actuel de baisse du pouvoir d’achat des ménages, la limitation des abattages et une éventuelle hausse des envois de vifs permettraient de réguler l’approvisionnement.
Le cours de l’agneau se maintient
Les sorties d’agneaux Lacaune se poursuivent et, face à une demande pourtant toujours morose, le cours ne plonge pas. Le marché français ne serait donc pas encombré et deux éléments pourraient permettre d’expliquer ce phénomène : -la nette baisse des abattages depuis le début d’année, selon les données d’Ovinfos. L’aval reste particulièrement prudent dans ses commandes auprès des abatteurs dans un contexte de tension du pouvoir d’achat des ménages ; -une éventuelle hausse des exportations d’ovins vifs début 2023 (à vérifier une fois les donnée douanières publiées). La cotation française recule de façon saisonnière, mais se maintient bien au-dessus du niveau des années précédentes : en semaine 6 de 2023, elle s’élevait à 7,97 €/kg, en hausse de +0,28 €/kg /2022 et de +0,89 €/kg /2021.
L’IPAMPA ovin viande s’est de nouveau légèrement déprécié en décembre (138,1 points), mais reste tout de même +18 points au-dessus de son niveau de 2021. L’indice énergie et lubrifiants était en hausse de +25% /2021, celui des engrais et amendements de +26%, et celui des aliments achetés de +27%.
Nouvelle baisse des abattages d’agneaux en décembre
Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était en repli de -5% d’une année sur l’autre en décembre, à 5 300 téc. Le nombre d’agneaux abattus a encore diminué (-7% /2021 et – 9% /moyenne quinquennale). En volume, la baisse est de -6%, le poids de carcasse moyen étant en très légère hausse +0,3%, à 17,7 kgéc. Les réformes étaient de nouveau en hausse d’une année sur l’autre en décembre (+3,2% /2021, mais- 2% /moyenne quinquennale). La hausse des volumes abattus est légèrement moindre (+2,7%), du fait d’un allègement des carcasses (-0,5% /2021 à 26,8 kgéc), en lien avec des abattages plus précoces.
En 2022, la production s’est finalement repliée de -3% /2021, à 79 000 téc, avec des effectifs d’agneaux abattus en net recul (-4% /2021), partiellement compensés par des réformes plus nombreuses (+5%). Des éleveurs ont décapitalisé pour faire face à la baisse des disponibilités fourragères (sécheresse) et à la cherté des aliments achetés (inflation).
La chute des importations d’agneaux vivants espagnols de septembre à novembre (respectivement -53%, -67% puis -17% /2021), en grande partie pour cause de variole ovine, a aussi été un obstacle à l’approvisionnement du marché français.
Des importations encore croissantes d’une année sur l’autre
En novembre, les importations françaises de viande ovine ont continué de croître d’une année sur l’autre, de +5% /2021, à 6 900 téc. Les achats de viande néozélandaise sont restées dynamiques (+22% /2021), tout comme ceux de viande britannique (+13%), tandis qu’ils ont fléchi en provenance d’Irlande et d’Espagne (respectivement -9% et -18% / nov. 2021). De janvier à novembre 2022, 75 700 téc ont été importées en France, soit +6% /2021, mais -4% comparé à la moyenne des cinq dernières années. Seuls les achats de viande ovine espagnole ont reculé sur la même période, d’une année sur l’autre.
Le disponible sur le marché français s’améliore, mais reste réduit
Les abattages français sont en repli tandis que les importations – malgré un regain – restent modérées, ce qui affecte d’autant le disponible français : de janvier à novembre 2022, il a progressé modestement (+2% /2021), pour demeurer faible, en repli de -3% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
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Les pays exportateurs de viande ovine à la peine
Les cours des agneaux irlandais et britanniques démarrent l’année à de modestes niveaux. La faiblesse de la demande, notamment à l’export, engorge les marchés. En Espagne comme en France, respectivement importateur et exportateur de vif, les cours restent historiquement élevés. En Nouvelle-Zélande, ils sont bas, proches des 4 €/kg.
Royaume-Uni : une cotation sous le niveau des années précédentes
Début 2023, le cours britannique se maintient sous son niveau de 2021. En semaine 6, il se situait à 5,60 €/kg, en chute de -1,41 € /2022 et de -1,20 € /2021. La livre sterling a perdu -5% de sa valeur face à l’euro en janvier.
La production britannique de viande ovine a totalisé 276 400 t en 2022, en hausse de +4% /2021, mais en retrait de -5% par rapport à la moyenne quinquennale. Elle démarre l’année au même niveau qu’en 2022 alors que les effectifs d’agneaux abattus ont augmenté de +3% /2021 et ceux des réformes de +11% : la chute du poids de carcasse moyen des ovins abattus (-3%) explique ce résultat. En 2022, les exportations britanniques de viande ovine ont totalisé près de 79 000 t, en hausse de +8% /2021. Les volumes expédiés vers la France ont baissé de -3% et ceux vers les Pays-Bas de -24%. Ils en revanche bondi vers l’Irlande (+90% /2021), ce qui est surprenant, l’Irlande étant exportateur de viande ovine. Des investigations s’avèrent nécessaires pour comprendre les causes d’un tel bond. Les exportations vers l’Allemagne (+15%), la Belgique (+18 %) et l’Italie (+40 %) ont aussi progressé. Les importations ont aussi augmenté, de +21% entre 2021 et 2022, totalisant 64 000 t. Elles ont été multipliées par quatre en provenance d’Irlande, ont progressé de +2,5% en provenance de Nouvelle-Zélande et de +5% d’Australie.
Irlande : les éleveurs manifestent face à la chute des cours de l’agneau
La cotation irlandaise du Hoggets poursuit sa baisse saisonnière. Son bas niveau reflète très probablement un marché encombré, la demande étant toujours ralentie sur les marchés à l’export. Début février, les éleveurs irlandais étaient dans la rue pour exprimer leur mécontentement et leurs inquiétudes, croissantes dans un contexte de charges élevées. En semaine 6 (se terminant le 12 février), le cours s’établissait à 6,30 €/kg, soit -0,60 €/kg sous son niveau de 2022 et -0,10 €/kg sous celui de 2021.
Sur les 6 premières semaines de 2023, les abattages d’ovins irlandais ont progressé de +4% /2022, à 314 350 têtes, avec +2% pour les agneaux et +13% pour les réformes. Ils étaient aussi plus élevés qu’en 2021 et 2020 sur la même période. L’offre abondante et le prix attractif de l’agneau irlandais ont dynamisé les exportations de viande ovine, de +12% /2021, à 60 640 téc en 2022, dont +23% vers le Royaume-Uni et +12% vers la France.
Espagne : des envois de vifs dynamiques
Le cours espagnol démarre l’année au-dessus du niveau des années précédentes : en semaine 6, il atteignait 7,01 €/kg, soit +0,32 € /2022 et +1,24 € /2021.
Sur 11 mois 2022, la production abattue était en léger recul, de -0,6 % d’une année sur l’autre, à 107 000 t, tandis que les effectifs d’ovins abattus reculaient plus fortement, de -3,5%, notamment du fait de la forte hausse des abattages de réformes (+42% en effectifs et +46% en volume), avec un poids de carcasse moyen plus élevé. Les effectifs d’agneaux abattus ont quant à eux chuté de -8% /2021 (-9% en volume). Du côté des exportations, la tendance se poursuit : hausse des envois de vifs et baisse des envois de viande ovine. Toujours sur 11 mois, les exportations de viande ovine espagnoles se sont en effet repliées, de -9% /2021, à 47 000 téc, principalement vers la France (-14% /2021). En revanche, les envois d’agneaux vivants ont dans le même temps progressé de +18% /2021, principalement vers la Jordanie, tandis que ceux de réformes ont bondi de +77%. Un nouveau foyer de variole ovine a été détecté en Espagne, dans la province de Ciudad Real : mi-février, on en dénombrait 26 dans le pays.
Nouvelle-Zélande : baisse des exportations en 2022
En 2022, la production néozélandaise de viande ovine a été presque stable (-0,5% /2021, à 437 000 t), malgré des effectifs réduits d’agneaux abattus (-5% /2021, à 18 millions de têtes), et de réformes (-2%, à 3,5 millions de têtes). Les exportations de viande ovine ont parallèlement baissé de -5% d’une année sur l’autre, avec un net repli vers la Chine (-17% /2021), partiellement compensé vers l’UE-27 (+22%, dont +9% vers la France, +24% vers l’Allemagne, +14% vers les Pays-Bas et x3 vers la Grèce). Elles ont aussi progressé vers le Canada (+14%), mais ont reculé vers les Etats-Unis (-7%).