Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 335 Janvier 2022 Mise en ligne le 18/01/2022

Viande ovine

Marché perturbé durant les fêtes de fin d’année par la nouvelle vague de Covid-19

Alors qu’en France, l’approvisionnement semble avoir été bien ajusté à la demande pour les fêtes de fin d’année, l’équilibre des marchés a été plus compliqué dans d’autres pays.

Comme en Espagne, le Covid-19 a limité les rassemblements et, conjugué à des prix de l’agneau peu attractifs pour les acheteurs et une production dynamique, a pesé sur les cours.

Viande ovine » France »

L’agneau français a dépassé les 8 €/kg entrée abattoir

Malgré un léger rebond des importations de viande ovine en novembre, l’offre française est restée modeste à l’approche des fêtes de fin d’année. Bien que très dynamiques, les achats d’agneaux vifs n’ont su contrebalancer la baisse des sorties et la production française était de nouveau en léger recul comparé à 2020. La cotation entrée abattoir s’est ainsi envolée fin 2021, dépassant la barre historique des 8 €/kg. 2022 débute sur une note moins positive, avec des difficultés de commercialisation qui entrainent des concessions tarifaires.

La cotation française achève 2021 à plus de 8 € du kg

La cotation française entrée abattoir a terminé l’année 2021 en beauté, dépassant le cap des 8 €/kg. Pour la 1ère semaine de 2022, le ralentissement de la demande face à des stocks de fin 2021 dans les abattoirs français ont provoqué une chute de 13 centimes de la cotation d’une semaine sur l’autre, atteignant alors 7,94 €/kg. Elle surpassait toutefois de +0,68 € son niveau de 2021 et de +1,16 € celui de 2020.

Les agneaux de lait sont venus compléter les approvisionnements en décembre face à des achats actifs pour les fêtes, tirant les cours vers le haut. Les prix sont particulièrement élevés vu la rareté des agneaux et les « Babies » – agneaux de lait très jeunes – s’achètent 90 € pièce, soit le prix d’un agneau fini il y a trois ans.

Face à ces cours élevés, la flambée des prix des intrants continue d’impacter les coûts de production. En novembre 2021, l’IPAMPA ovin viande atteignait 119 points (+13,6 points /2020).

Léger recul de la production en novembre

En novembre 2021, la production abattue était de 5 040 téc, en baisse de -1% /2020. Les effectifs d’agneaux abattus ont chuté de -1% tout comme ceux des réformes, tandis que les poids de carcasses étaient stables. Le dynamisme des importations d’agneaux vivants, avec des effectifs en novembre presque multipliés par deux (+90% /2020), a presque contrebalancé la nouvelle baisse de sorties des élevages français (-2% /2020). De janvier à novembre 2021, la production abattue d’ovins a atteint 76 000 téc, en hausse de +2% /2020 et de +1% /2019.

Les sorties d’agneaux Lacaune, de plus en plus précoces (pour répondre aux besoins des laiteries), auraient débuté en novembre. Le pic devrait avoir lieu en janvier/février, diminuant d’autant les effectifs en mars/avril.

Pour Noël, les achats d’agneaux de lait des Pyrénées étaient actifs et les exportations similaires aux années précédentes. A contrario, les envois d’agnelets Lacaune vers l’Espagne et l’Italie étaient en repli, du fait d’un prix français très élevé et du ralentissement de la demande espagnole après Noël (mesures sanitaires). Les agneaux Lacaune non exportés devraient venir gonfler l’offre sur le marché français en février/mars.

Selon Ovinfos, les effectifs abattus durant la semaine de Noël 2021 ont été plus importants qu’en 2020, grâce à un jour d’abattage supplémentaire et la production fin décembre n’aurait pas été entièrement écoulée. Des reports de stocks début 2022 aurait ainsi accentué les difficultés de commercialisation durant cette période de creux des achats, avec des prix pratiqués pour l’agneau revus à la baisse.

Les importations de viande ovine restent modestes

En novembre, les importations de viande ovine destinées au marché français ont légèrement progressé (+3% /2020, à 6 600 téc), mais restent bien en-deçà de leur niveau de 2019 (-6%). Les achats en provenance de Nouvelle-Zélande ont reculé le même mois (-26% /2020), poursuivant la tendance à l’œuvre depuis maintenant quelques années. Ils étaient par ailleurs en hausse en provenance d’Espagne (+6%), d’Irlande (+18%) et même du Royaume-Uni (+11%).

Sur 11 mois, les importations de viande ovine sont toujours en retrait, de -3% /2020 et -13% /2019, à 71 200 téc.

Les importations françaises de viande ovine devraient rester à de bas niveaux début 2022 : Il y a actuellement peu d’agneaux espagnols disponibles pour le marché français, les disponibilités sont toujours limitées au Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande reste concentrée sur la Chine et les USA.

Sur 11 mois, la consommation calculée par bilan, estimée à 139 600 téc, accuse une légère baisse d’une année sur l’autre, de -2%, mais une chute de -7% /2019. Le niveau du disponible français en viande ovine, historiquement aussi faible, demeure donc préoccupant.

 

Viande ovine » UE et monde »

Le Covid continue de perturber les achats

Bien que la demande ait augmenté pour les fêtes de fin d’année dans de nombreux pays, l’apparition d’un nouveau variant de Covid-19 – Omicron – a une nouvelle fois incité de nombreux pays à limiter les rassemblements et la fréquentation des restaurants, temporisant les achats. La circulation très active du virus a aussi provoqué une hausse de l’absentéisme dans certains abattoirs, ce qui a impacté l’activité et les disponibilités. En ce début d’année 2022, l’approvisionnement reste réduit et soutient les prix à de hauts niveaux.

Royaume-Uni : des approvisionnements toujours très restreints

La cotation britannique est légèrement retombée en dernière semaine de 2021, atteignant 7,17 €/kg, soit +1,96 € /2020 et +2,10 € /2019.

Les abattages d’agneaux comme de réformes étaient toujours en repli en novembre (-10% /2020, à 25 000 téc). L’offre réduite depuis déjà deux ans limite les exportations, en baisse de -16% /2020 en octobre et de -23% sur 10 mois.

Avec des volumes réduits, les abattoirs britanniques privilégient leurs clients historiques, comme la France, pour livrer leurs carcasses d’agneaux. Par ailleurs, les importations de viande ovine, en recul de -16% sur 10 mois, ne parviennent à maintenir le disponible sur le marché intérieur.

Les supermarchés sont privilégiés pour consommer de l’agneau, les restrictions sanitaires diminuant la fréquentation des pubs et restaurants. Les achats des Britanniques ralentissent traditionnellement en janvier, mais la hausse des cas de Covid-19 accentue le phénomène, impactant à la fois la demande et la production.

L’accord de libre-échange du Royaume-Uni avec l’Australie, signé le 16 décembre 2021 pour une mise en œuvre courant 2023, aboutirait à 75 000 t d’agneau australien à droits nuls la 10ème année. Pour le Royaume-Uni, c’est une porte d’entrée vers le Partenariat transpacifique global et progressif (CPTPP), qui lui permettrait d’accéder à un bassin de consommation en forte expansion.

Irlande : regain des abattages d’agneaux en novembre

La cotation du Hoggets irlandais a démarré 2022 à de très bons niveaux : 7,25 €/kg, soit +1,1 €/kg/ 2021 et +2,0 € /2020 !

En novembre, la production abattue a progressé de +9% /2020, à 5 900 téc : les volumes d’agneaux étaient en hausse de +11% tandis que ceux de réformes étaient stables. Sur 11 mois, la production a reculé de -5% /2020, en grande partie à cause du manque d’agneaux nord-irlandais.

Alors même que les sorties d’agneaux nord-irlandais ont atteint de bons niveaux en 2021, leurs flux vers le sud de l’île ont en effet nettement diminué en 2021 : de – 60 000 têtes soit -15% /2020, L’essentiel de la baisse a eu lieu entre janvier et juillet, puis la situation s’est améliorée au 2nd semestre. Une grande partie de ces agneaux a été réorientée vers la Grande Bretagne (+165%, à 32 000 têtes), aux dépens de la République d’Irlande. Avec l’appréciation de la livre sterling face à l’euro, l’Irlande a de plus moins intérêt à importer des produits britanniques.

Les exportations irlandaises sont demeurées contenues en octobre : elles ont reculé de -11% /2020, à 4 600 téc, dont -28% vers le Royaume-Uni et -1% vers la France. Sur 10 mois, la baisse était de – 14% /2020.

Espagne : le cours et la demande fléchissent fin 2021

Après s’être rapprochée des 8,0 €/kg, la cotation espagnole s’est repliée pour atteindre 7,61 €/kg en semaine 52, soit +1,50 € /2020 et +1,47 € /2019. La propagation d’un nouveau variant du Covid-19 a freiné la consommation d’agneau de lait (réunions et dîners annulés, commandes de l’industrie hôtelière ralenties), alors que la production nationale était au rendez-vous.

Le prix particulièrement élevé des agneaux en fin d’année a aussi participé à une baisse des achats, ce qui a finalement pesé sur la cotation.

Au total, la production abattue en Espagne était dynamique (+6% /2020 sur 10 mois), permettant aux exportations espagnoles de viande ovine de bondir de +29% /2020, avec une hausse de +44% vers le marché français. A l’inverse, les envois d’ovins vifs espagnols ont reculé sur la même période, de -5% /2020.

Nouvelle-Zélande : l’UE à 27 privilégiée pour les fêtes de fin d’année

Face à l’augmentation du nombre d’agneaux finis, les cours ont entamé leur traditionnelle baisse saisonnière fin novembre. A 5,40 €/kg au 1er janvier 2022, Ils restent toutefois élevés, en hausse de +1,27 € en l’espace d’un an.

Les sorties d’agneaux néozélandais ont légèrement augmenté sur l’année 2021, à 22,7 millions de têtes, selon Beef and Lamb NZ : la diminution du cheptel reproducteur a été compensée par un taux d’agnelage plus élevé. Cette hausse n’a toutefois pas permis de contrebalancer la baisse des réformes, si bien que la production néozélandaise accuse un repli d’une année sur l’autre, de -3% sur 10 mois, à 357 000 téc.

En novembre, les exportations de viande ovine ont diminué de -8% /2020, dont -18% vers le Royaume-Uni, -17% vers la Chine, +36% vers l’UE- 27 (+57% vers l’Allemagne et +53% vers les Pays-Bas, mais -2% vers la France) et +31% vers les Etats-Unis. Sur 11 mois, les exportations de viande ovine (394 000 téc) ont reculé de -1% par rapport à leur niveau de 2020.

Le recul des envois vers la Chine semble s’accentuer d’autant qu’en novembre, la Nouvelle-Zélande semble surtout avoir privilégié une UE à 27 très demandeuse pour les fêtes de fin d’année. Ce vaste et proche marché chinois devrait cependant rester un client majeur en 2022, selon Beef and Lamb NZ.