Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 333 Novembre 2021 Mise en ligne le 17/11/2021
Viande ovine
Apports restreints et cours en hausse
Les disponibilités sont toujours limitées sur le marché intérieur français. D’un côté, les importations françaises de viande ovine restent faibles, du fait principalement d’un manque d’approvisionnements en provenance du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande.
De l’autre les sorties d’agneaux des élevages français sont réduites malgré des importations d’agneaux vifs plutôt élevées qui n’ont fait que contrebalancer des exportations toutes aussi importantes.
L’alourdissement des carcasses a permis une légère hausse de la production abattue de viande ovine en septembre, malgré des effectifs en recul. Les importations de viande ovine ont toutefois poursuivi leur tendance à la baisse, alors même que les exportations étaient par ailleurs dynamiques, limitant d’autant plus le disponible dans l’Hexagone.
La cotation française continue de croître
A 7,75 €/kg en semaine 44 (se terminant le 7 novembre), la cotation française a poursuivi une hausse saisonnière très prononcée, débutée fin juin. L’écart était alors de +0,74 € /2020 et +1,56 € /2019.
L’offre, toujours réduite, contribue à accentuer la hausse saisonnière des cours. Les abattages français étaient en légère hausse en septembre, mais les importations de viande ovine sont demeurées faibles tandis que les exportations étaient dynamiques.
Les cours sont certes historiquement élevés, mais dans le même temps la flambée des prix des intrants impacte les coûts de production. L’IPAMPA ovin viande continue son inexorable hausse. En septembre 2021, il atteignait 114,4 points (+10,2 points /2020).
Une production abattue en légère hausse en septembre
En septembre 2021, la production abattue était de 5 900 téc, en hausse de +1% /2020, malgré une baisse des effectifs d’agneaux abattus (-1%) et une légère hausse des réformes (+1%). L’alourdissement des carcasses des agneaux (+1%) comme des réformes (+2%) explique cette augmentation des volumes abattus.
En effet, les sorties d’agneaux des élevages français étaient en léger recul d’une année sur l’autre en septembre (-1%) et la hausse des importations d’agneaux vivants (+4 300 têtes) a été presque totalement contrebalancée par l’augmentation conjointe des envois (+ 3 800 têtes).
Sur les 9 premiers mois de 2021, les abattages d’ovins ont atteint 65 800 téc, en hausse de +3% /2020 et de +2% /2019.
Les sorties des agneaux des élevages français seraient restées en-deçà de leur niveau des années précédentes pour le reste de l’automne, selon les opérateurs.
Les importations de viande ovine restent amoindries
En septembre, les importations de viande ovine destinées au marché français ont poursuivi leur repli d’une année sur l’autre (-7% /2020, à 6 500 téc), toutefois moins prononcé que les mois précédents. Les achats en provenance d’Irlande ont légèrement augmenté, pour la première fois depuis le début d’année : +1%, à 1 700 téc. Les importations de viande d’Espagne sont reparties à la hausse (+3% /2020), alors que la tendance est restée baissière en provenance du Royaume-Uni (-6%) et de Nouvelle-Zélande (-6%).
Sur 9 mois, les importations de viande ovine s’élevaient à 58 200 téc, soit -4% /2020 et -14% /2019.
Les faibles volumes de viande importée font grimper leur prix d’achat.
Sur 9 mois, la consommation calculée par bilan, estimée à 118 000 téc, accuse une légère baisse d’une année sur l’autre, de -1,7%, mais une chute de -7% /2019. Le disponible de viande ovine sur le marché français demeure historiquement faible et donc préoccupant sur l’évolution de la demande intérieure.
Viande ovine » UE et monde »
Disponibilités limitées et flux entravés
Les difficultés logistiques liées à la pandémie de Covid-19 persistent et perturbent fortement les flux mondiaux. Les envois néozélandais sont particulièrement impactés, notamment par le manque de conteneurs, alors même que la demande européenne s’est récemment réanimée à l’approche des fêtes de fin d’année. Cela tend davantage le commerce mondial de la viande ovine et, dans un contexte d’approvisionnements déjà restreint, embrase les prix.
Royaume-Uni : abattages réduits et prix soutenus
Les services statistiques du gouvernement écossais ont récemment annoncé une hausse du nombre d’agneaux en Écosse, de +1% /juin 2020 à 3,35 millions de têtes. A l’échelle du Royaume-Uni, cette évolution atténue légèrement la baisse des effectifs d’ovins en Angleterre de -4% /juin 2020.
La cotation britannique a continué de se déprécier en octobre pour atteindre 5,30 £/kg en semaine 43, soit+ 0,89 £ /2020 et +1,56 £ /2019. Malgré cette baisse saisonnière, les prix relativement élevés de l’agneau découlent d’approvisionnements limités.
Les abattages britanniques étaient toujours en repli d’une année sur l’autre en septembre (-15% / 2020, à 23 000 t) et la légère hausse des importations de viande ovine en juillet et août, grâce aux exportations néozélandaises, n’a pas permis de contrebalancer cette tendance.
Sur 8 mois, les envois britanniques de viande ovine ont chuté de -25% d’une année sur l’autre en volume et de -6% en valeur, selon HMRC.
Après l’Australie, le Royaume-Uni a conclu le 20 octobre dernier un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande, qui prévoit l’élimination sur 15 ans des droits de douanes qui s’appliquent à l’agneau.
Irlande : des opportunités pour les fêtes de fin d’année
La cotation de l’agneau lourd irlandais a poursuivi sa hausse saisonnière en semaine 43 (se terminant le 31 octobre), à des niveaux toujours très élevés : 6,55 €/kg, soit +1,27 € /2020 et +2,03 € /2019 !
En septembre Les abattages ont égalé le niveau élevé de l’an dernier, et nettement dépassé les effectifs de 2019 (+16%). Les exportations ont ainsi nettement repris et, pour la première fois, progressé d’une année sur l’autre (+4% /sept. 2020), signe d’une douce reprise du commerce international pour l’Irlande.
A l’approche de Noël, Les expéditions pourraient s’intensifier vers le Royaume-Uni, si la Nouvelle-Zélande est dans l’incapacité d’honorer ses clients britanniques en raison de la pénurie de containers. Selon AHDB, seuls trois cargos contre six d’ordinaire ont été affrétés pour les fêtes de Noël, dont l’un arrivera avec du retard.
Espagne : un déficit en Europe qui stimule les envois espagnols
En Espagne, la cotation espagnole ne cesse de croître depuis fin août, atteignant 7,24 €/kg en semaine 43 ! La forte demande sur le marché extérieur soutient les prix de l’agneau.
L’offre espagnole atteint son creux saisonnier et tant que celle-ci restera à de bas niveaux, les prix continueront de grimper de façon traditionnelle. Jusqu’en août au moins (données les plus récentes), les abattages étaient plus élevés que les années précédentes.
La production abattue sur 8 mois a augmenté de +6% /2020. Les achats d’agneau par les Espagnols resteraient à de faibles niveaux, en raison de la cherté de la viande.
En revanche, les exportations de viande ovine ovine restent quant à elles dynamiques, notamment vers l’Allemagne. Les volumes exportés ont bondi de +32% sur 8 mois comparé aux niveaux 2020 et 2019.
Les envois d’ovins vifs espagnols sont quant à eux moindres qu’en 2020, -6% d’agneaux vivants exportés sur 8 mois, même s’ils se sont redressés en août (x 3/2020).
Nouvelle-Zélande : des envois contraints par des difficultés logistiques
En Nouvelle-Zélande, en septembre, les abattages d’agneaux étaient stables d’une année sur l’autre, et ceux de réformes ont baissé de -1% /2020. Au total, la production abattue a diminué de -1% /2020, à 25 200 téc. De janvier à septembre, la production cumulée a reculé de -2% /2020 : la hausse des réformes (+3%) n’a pas permis de contrebalancer la réduction du nombre d’agneaux abattus (-5%).
Les exportations ont conjointement baissé de -12% en septembre, principalement vers le Royaume-Uni (-53%) et l’Allemagne (-76%), tandis que les envois vers la Chine (+5% /2020) et les USA (+9%) sont restés en hausse. Sur 9 mois, les envois néozélandais de viande ovine sont stables comparé à l’an passé.
Malgré de bonnes commandes pour les fêtes de fin d’année, les envois pour l’Europe au départ de la Nouvelle-Zélande sont freinés par la pénurie de conteneurs.
Australie : des perspectives positives pour 2021-2022
Selon un rapport récent de MLA, la récente reprise économique aux États-Unis et au Moyen-Orient serait propice à un regain de la demande pour la viande d’agneau australienne, et soutiendrait la cotation. En revanche, le cours des réformes devrait légèrement baisser compte-tenu d’un affaiblissement de la demande chinoise, lié à la hausse de la production porcine en Chine. Les exportations australiennes d’ovins vivants devraient elles aussi augmenter, conjointement à la croissance économique au Moyen-Orient.
Les conditions saisonnières favorables dans les États de l’Est devraient encourager les éleveurs à continuer de reconstituer leurs troupeaux. L’offre australienne en viande ovine devrait donc y rester modérée.
Sur la saison en cours 2021-2022, les abattages d’agneaux devraient toutefois croître de +3% et les réformes rebondir de +13%. L’alourdissement des poids de carcasse pourrait conduire à un rebond de la production abattue, de +8% /2020-21. Les exportations de viande ovine sont aussi prévues à la hausse, de +6% /2020-21.