Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 332 Octobre 2021 Mise en ligne le 19/10/2021

Viande ovine

Faibles disponibilités sur les marchés

Hormis l’Espagne qui parvient à produire plus que les années précédentes, l’offre reste restreinte dans les autres pays membres de l’UE à 27, de même qu’au Royaume-Uni.

En Nouvelle-Zélande, malgré une production en légère baisse, les envois sont dynamiques à l’approche de Noël tandis qu’en Australie, la recapitalisation semble porter ses fruits et les exportations de viande ovine repartent à la hausse.

Sommaire du numéro 332
Viande ovine

7,44 €/kg, la cotation de l’agneau français début octobre,

soit +0,44 €/kg d’une année sur l’autre et +1,27 € /2019.

Viande ovine » France »

L’offre réduite soutient la cotation

La production française a diminué en août, conjointement à une baisse des importations d’agneaux espagnols. Quelle que soit la provenance, les importations de viande ovine ont aussi nettement reculé. Face à une demande peu dynamique, les très faibles disponibilités tendent encore plus les prix.

La hausse saisonnière de la cotation s’accentue

A 7,46 €/kg en semaine 40 (se terminant le 10 octobre), la cotation française poursuit une hausse saisonnière très prononcée, débutée fin juin. L’offre réduite entraîne une accentuation de cette hausse des cours. En août, les abattages français ont ralenti tandis que les importations de viande ovine sont demeurées faibles.

Les cours sont certes historiquement élevés, mais dans le même temps la flambée des prix des intrants augmente les coûts de production. L’IPAMPA ovin viande continue son inexorable hausse. En août 2021, il atteignait l’indice 113,3 (+9 points /2020).

Recul des abattages d’agneaux et de réformes

En août 2021, la production abattue était de 6 500 téc, soit -6% /2020, via la baisse conjointe des effectifs d’agneaux abattus (-3%) et de réformes (-23%). Les carcasses de réformes se sont franchement alourdies, de +0,9 kg d’une année sur l’autre, atteignant 26,9 kg. Le nombre d’agneaux importés était de nouveau inférieur à l’an passé (-18% à 30 000 têtes) : la forte hausse en provenance des Pays-Bas (x2,5) n’a que partiellement compensé la chute des achats d’agneaux espagnols (- 37% /2020).

Sur les 8 premiers mois de 2021, les abattages d’ovins ont toutefois augmenté de +2% /2020 et de +3% /2019, en volume. La baisse perdurerait au moins jusqu’à la mi-octobre selon les dires des éleveurs : la diminution est certes saisonnière mais sur une cette période donnée, les sorties des années précédentes étaient supérieures.

Le repli des importations de viande ovine perdure

Les importations de viande ovine destinées au marché français se sont encore amoindries en août (- 15% /2020), à 6 100 téc. Elles étaient largement inférieures aux volumes importés en 2019 (-27%).

Les achats en provenance de tous les principaux fournisseurs ont reculé, même d’Espagne (-13% /2020). En provenance du Royaume-Uni, la baisse était de -13%, de -12% d’Irlande et de -15% en provenance de Nouvelle-Zélande.

Sur 8 mois, les importations s’élevaient à 51 700 téc, soit -4% /2020 et -15% /2019.

Les faibles volumes de viande importée font grimper leur prix d’achat, ce qui amplifie le phénomène.

Sur 8 mois, la consommation par bilan était en légèrement baisse d’une année sur l’autre, de -1%, à 106 000 téc. En revanche, comparé à 2019, la baisse atteint -5%. Le niveau du disponible français en viande ovine reste donc préoccupant.

Viande ovine » UE et monde »

Des prix mondiaux très élevés

Les disponibilités, toujours limitées dans les plus grandes régions productrices, soutiennent les prix mondiaux de la viande ovine. La demande d’agneau est bien supérieure à l’offre, notamment depuis la levée des restrictions sanitaires de Covid-19 au Royaume-Uni et en Europe qui a relancé la consommation dans la restauration commerciale.

Royaume-Uni : abattages limités et prix fermes

En Angleterre, le cheptel reproducteur a baissé de -1,5% d’une année sur l’autre, selon l’inventaire de juin 2021 communiqué par AHDB. Les effectifs d’agneaux ont chuté de -4%. Qu’en est-il des autres nations du reste du Royaume-Uni ? Quoi qu’il en soit, la production ovine au Royaume-Uni pourrait atteindre en 2021 son plus bas niveau de puis 2010.

La cotation britannique a continué de se déprécier en septembre pour atteindre 4,94 £/kg en semaine 39, soit+ 0,31 £ /2020 et +1,22 £ /2019.

Les abattages britanniques étaient toujours en repli d’une année sur l’autre en août et la légère hausse des importations de viande ovine, grâce aux disponibilités néozélandaises, n’a pas permis de contrebalancer cette tendance : l’offre était toujours en recul.

Sur 7 mois, les envois britanniques de viande ovine ont ainsi chuté de -26% d’une année sur l’autre en volume et de -6% en valeur, selon HMRC. Les plus fortes baisses ont été enregistrées vers l’Irlande et l’Allemagne.

Irlande : des perspectives positives pour la filière

En Irlande, après plusieurs sursauts, la cotation de l’agneau lourd irlandais a rebondi en semaine 39 (se terminant le 3 octobre), à 6,28 €/kg, soit +1,03 €/kg /2020.

Pour la première fois depuis le début de l’année, les abattages ont dépassé ceux de l’an dernier en août, sans retrouver leur niveau de 2019 (-6%).

La chute des importations d’ovins vifs d’Irlande du Nord (-30% sur 7 mois /2020) et la hausse du taux de renouvellement expliquent la faible production irlandaise (-7% sur 7 mois). Les exportations ont davantage baissé (-18% /2020), aussi du fait de difficultés logistiques post-Brexit, comme la pénurie de chauffeurs routiers.

Par ailleurs, ces dernières semaines, le protocole d’accord entre l’Irlande et la Chine a (enfin) été signé, pour l’export d’agneau irlandais.

Le cheptel ovin irlandais a augmenté +1,4% en juin 2021 /2020 (Irish June Livestock Survey), via une hausse des effectifs de reproductrices de plus de 2 ans (+5%). Les effectifs d’agneaux étaient par ailleurs en baisse (-1%) du fait d’abattages précoces au 1er semestre (prix attractifs et pression de l’aval). Les bonnes conditions d’agnelage au printemps 2021 devraient rehausser les sorties d’agneaux au printemps 2022.

Espagne : des exportations de viande ovine toujours dynamiques

Après s’être stabilisée autour des 6,50 €/kg, la cotation espagnole est repartie à la hausse en septembre, pour atteindre 6,59 €/kg en semaine 39. La forte demande, sur les marchés intérieur comme extérieur, tire les prix de l’agneau.

L’augmentation de la production abattue sur 7 mois, de +6% /2020, a permis une forte hausse des exportations de viande ovine sur la même période de +30% par rapports aux niveaux 2020 et 2019.

Les envois d’ovins vifs espagnols sont quant à eux bien moindres qu’en 2020, -21% d’agneaux vivants exportés sur 7 mois. Selon les données du ministère espagnol, ils ont bondi de +56% en août.

Nouvelle-Zélande : des envois vers l’Europe en forte hausse pour Noël

En Nouvelle-Zélande, le cheptel ovin, estimé à 25,8 millions de têtes en juin 2021, enregistrait une légère baisse de -1 % /2020. Il se situe désormais 40% sous son effectif de 2000.

En août, les abattages d’agneaux ont progressé de +8% d’une année sur l’autre, et ceux de réformes ont bondi de +50% /2020. En volume, ils ont augmenté au total de +12% /2020, à 18 000 téc. Cette forte augmentation est liée au niveau bas d’août 2020 quand la seconde vague de covid-19 touchait la Nouvelle-Zélande et restreignait les abattages.

Malgré ce sursaut, la production de viande ovine a baissé sur 8 mois, de -2% /2020 : la hausse des réformes (+4%) n’a pas permis de contrebalancer la réduction du nombre d’agneaux abattus (-5%). Les exportations ont conjointement augmenté de +1%, principalement vers la Chine (+19% /2020). Elles ont bondi vers les USA (+49%) et le Canada (+18%), traduisant une reprise du secteur de la restauration nord-américaine.

Les commandes d’agneau néozélandais pour Noël auraient fortement augmenté en valeur.

Australie : le cheptel ovin se reconstitue progressivement

En Australie, le cheptel ovin pourrait atteindre 76 millions de têtes d’ici 2023, dépassant 70 millions cette année, avec une augmentation des abattages d’agneaux et du poids des carcasses.

Les projections de Meat & Livestock Australia estiment en effet que la prévision d’un printemps humide dans de nombreuses régions productrices d’ovins stimulera la croissance du cheptel national.

Le prix de l’agneau australien en septembre était très élevé, supérieur de 31% à celui de l’an dernier à pareille époque. Il devrait rester soutenu pour le reste de l’année et en 2022, grâce à une forte demande, notamment sur les marchés d’exportation où la notoriété de l’agneau augmente toujours (MLA).

Sommaire du numéro 332
Viande ovine