Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 361 Mai 2024
Viandes bovines
Ralentissement de la décapitalisation sur un an
Les cours des vaches en Europe se sont maintenus à un niveau élevé en mars, soutenus par la baisse de l’offre et une demande qui reste ferme. Sur un an, la décapitalisation marque le pas en France, tant en vaches allaitantes que laitières. Les prix des jeunes bovins finis en France poursuivent leur baisse saisonnière, tandis qu’ils restent élevés en Italie et en Espagne.
Côté Broutards, compte tenu de l’offre restreinte et des besoins en engraissement du marché national et des importateurs, les prix continuent leur ascension. Les exportations sont en recul vers l’Espagne et l’Italie.
Le recul des naissances, et la forte demande espagnole, tirent le prix des jeunes veaux laitiers à un niveau élevé début mai. La baisse saisonnière des cours du veau de boucherie a débuté en France et aux Pays-Bas. Mais si la production néerlandaise est dynamique avec des abattages en hausse, elle est légèrement en retrait début mai en France.
La décapitalisation ralentit. Le faible nombre de réformes est compensé par davantage de sorties d’animaux jeunes. Les cotations des vaches sont bien orientées, celles des JB poursuivent leur baisse saisonnière.
La décapitalisation ralentit
Au 1er avril, le nombre de vaches allaitantes présentes en France enregistrait un recul moindre qu’au 1er mars (-1,7% /2023 contre -1,8% au 1er mars). La décapitalisation a fortement ralenti en 1 an : elle était encore de -3,2% au 1er avril 2023 /2022.
Du côté laitier, la baisse du nombre de vaches se poursuit (-1,4% au 1er avril 2024 /2023) mais est également moins rapide que ce qu’elle était il y a un an (-2,5%). Depuis le 1er avril 2017, la France a perdu 582 000 vaches allaitantes et 381 000 vaches laitières.
Abattages : toujours moins de vaches et plus de jeunes animaux
Sur les semaines 14 à 18 (incluant la semaine de Pâques en 2024 et 2023), les abattages de gros bovins étaient en baisse de -2% /2023 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev. Les abattages de vaches étaient toujours ralentis (-7% en type viande et -4% en type lait), en lien avec le ralentissement de la décapitalisation. A l’inverse, la relocalisation de l’engraissement en France a permis d’augmenter les sorties d’animaux jeunes : Les jeunes bovins laitiers étaient à +5%, les jeunes bovins de races à viande à +2%, de même que les génisses. Les bœufs étaient à +3%.
Les cotations des vaches allaitantes soutenues par le manque d’offre
La forte baisse de l’offre à abattre permet de soutenir les cours des vaches de race à viande. La cotation de la vache U poursuit sa lente ascension. Elle a atteint 5,99 €/kg de carcasse en semaine 19 (+3% /2023). Celle de la vache R est elle aussi orientée à la hausse, à 5,49 €/kg de carcasse (+1% /2023).
Les cotations des vaches laitières poursuivent leur hausse mais restent inférieures à leur niveau des années passées. Celle de la vache O a gagné 10 centimes en 3 semaines, pour atteindre 4,63 €/kg en semaine 19 (-5% /2023) et celle de la vache P 8 centimes, à 4,30 €/kg (-7% /2023).
Baisse saisonnière prononcée pour les cours des jeunes bovins
Alors que les prix à la production se tiennent particulièrement bien en Italie et ont cessé de baisser en Allemagne, les cotations françaises des jeunes bovins poursuivent leur baisse saisonnière. Le retour de l’offre de jeunes bovins en France grâce à la renationalisation partielle de l’engraissement semble peser sur les prix.
La cotation du JB U a perdu 13 centimes en 4 semaine pour tomber à 5,32 €/kg de carcasse en semaine 19 (-2% /2023). Celle du JB R a perdu 7 centimes en un mois, à 5,20 €/kg en semaine 19 (-3% /2023). La cotation du JB O est en revanche repartie à la hausse dans le sillage de celle des vaches laitières : elle est remontée à 4,77 €/kg (-7% /2023).
L’IPAMPA stable sur un mois
En mars, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) est resté stable par rapport à février. Il était en baisse par rapport aux deux années précédentes (-4% / 2023 et -2% /2022), mais restait bien plus élevé qu’avant de le déclenchement de la guerre en Ukraine (+20% / mars 2021). Par ailleurs, l’IPAMPA ne couvre pas l’ensemble des charges des exploitations. D’autres charges comme les coûts salariaux ou les coûts des travaux par tiers, qui ne sont pas pris en compte dans l’IPAMPA, restent en hausse par rapport à 2023. A noter que pour les engraisseurs spécialisés, le prix du broutard représente également une hausse importante de charge.
Viandes bovines » Gros bovins » France »
L’inflation ralentit mais la consommation reste en retrait
L’inflation alimentaire a poursuivi son ralentissement en avril comme depuis le début de l’année, mais la hausse du prix des services et de l’énergie affecte le pouvoir d’achat des ménages. En mars, les importations de viande bovine comme la consommation calculée par bilan ont reculé.
L’inflation ralentit encore son rythme en avril
L’inflation en France poursuit son ralentissement en avril 2024. D’après l’INSEE, le rythme de progression de l’indice général français des prix à la consommation harmonisé (IPCH) recule à nouveau en avril, à +2,2% sur un an (contre +2,3% en mars sur un an et +3,0% en février). L’inflation alimentaire ralentit nettement, à +1,2% sur un an en avril (contre +1,7% en mars, +3,6% en février et +5,8% en janvier). Ce sont maintenant les prix des services (+3,0% sur un an) et de l’énergie (+3,8% contre +3% un mois plus tôt,) qui soutiennent l’inflation.
La consommation calculée par bilan en repli depuis un an
Dans le sillage de 2023, le disponible consommable en mars 2024 était en retrait sur an pour le douzième mois consécutif. D’après Agreste, pour les abattages, et les Douanes pour le commerce extérieur, le disponible s’est établi à 126 000 téc (-3% /2023 et -4% /2022).
En mars 2024, avec le recul des volumes importés, la part de l’import dans le disponible consommable en France était en léger retrait (24% contre 25% un an auparavant).
Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée.
Depuis le Brexit début 2021, les statistiques douanières sont perturbées par l’organisation des opérateurs. En effet, plusieurs exportateurs britanniques font dédouaner leurs viandes en France avant de les réexpédier vers les Pays-Bas afin de faciliter les procédures de dédouanement. Ces effets ne sont pas pris en compte ici.
En mars, les imports en fort recul
En mars 2024 selon les Douanes françaises, les importations étaient en net retrait sur un an, à 28 900 téc (-8% /2023 et -12% /2022). Ce recul des imports est apparu il y a un an déjà et pourrait être lié à la baisse de la demande avec le recul du pouvoir d’achat des ménages français.
Contrairement au mois passé, les exportations françaises de viande bovine étaient légèrement inférieures au niveau de mars 2023. Elles ont atteint 17 700 téc (-2% /2023 et même -24% /2022).
Sur les 3 premiers mois de l’année, les importations reculaient depuis de nombreuses destinations : les Pays-Bas (-11% /2023 à 21 000 téc), l’Irlande (-10% à 14 000 téc), l’Allemagne (-26% à 7 500 téc) et la Pologne (-4% à 8 000 téc). Elles ont progressé depuis le Royaume-Uni (+4% à 10 500 téc) et l’Espagne (+12% à 5 500 téc).
Les exportations au 1er trimestre ont reculé vers l’Italie (-15% /2023 à 11 000 téc), l’Allemagne (-2% à 9 000 téc) et les Pays-Bas (-9% à 8 500 téc). Elles étaient en hausse en revanche vers la Grèce par rapport à un bas niveau un an plus tôt (+12% /2023 à 8 000 téc), la Belgique (+7% à 5 000 téc), les autres pays de l’UE (+38% /2023 à 3 500 téc) et enfin vers les pays tiers (+57% /2023 à 2 500 téc, dont 1 100 téc vers l’Algérie).
Attention toutefois, les échanges sont affectés par des flux « parasites » avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas depuis la mise en œuvre du Brexit. Des opérateurs britanniques font dédouaner des viandes britanniques en France avant réexportation vers les Pays-Bas. Ces flux ne sont pas retranchés des chiffres ci-dessus.
Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »
Les cours de JB européens se tiennent bien
La baisse de l’offre en Europe et la demande toujours dynamique sur les marchés méditerranéens ont continué à maintenir les prix des jeunes bovins en Italie et en Espagne. Les abattages en net recul en Allemagne ont permis un maintien des cours jusque mi-mai. En Pologne, les abattages sont très dynamiques pour répondre à la demande turque, sans permettre de maintenir les prix.
Italie : la baisse de l’offre soutient les cours
En Italie, les sorties de jeunes bovins restent modérées. Sur les trois premiers mois de l’année, 324 000 jeunes bovins mâles et femelles ont été abattus d’après l’Anagrafe Zootecnica (-4% / 2023 et -8% /2022), dont 186 000 mâles (= / 2023) et 138 000 femelles (-7% /2022).
La baisse des disponibilités en broutards français a en effet réduit les mises à l’engraissement en Italie. Ceci permet de maintenir les prix à la production des animaux finis à des niveaux historiquement hauts. En semaine 19, le mâle charolais « Prima qualità » cotait 3,60 €/kg vif à la bourse de Modène, soit + 6% /2023 et +15% /2022. Le JB limousin « Extra » de 600-650 kg cotait 3,84 €/kg vif (+3% /2023 et +15% /2022), la femelle limousine 3,75 €/kg vif (+2% / 2023 et +10% /2022 et la femelles charolaise 3,54 €/kg (+3% /2023 et +10% /2022).
Espagne : bon maintien des prix
En Espagne, l’euphorie est retombée après la fin du Ramadan, qui avait conduit à des exportations très dynamiques vers l’Algérie, et après les fêtes de Pâques. Toutefois les sorties avaient été légèrement anticipées pour faire face à la forte demande et l’offre actuellement prête à sortir n’est pas pléthorique. Par ailleurs, l’Algérie reste aux achats, même si les commandes se font sur de plus petits volumes que durant le Ramadan.
Dans ce contexte de marché équilibré, les cours se tiennent bien et n’affichent pas de baisse saisonnière. Le JB U espagnol cotait 5,52 €/kg de carcasse (= /2023 et + 9% /2022), le JB R 5,35 €/kg (-3% /2022 mais +8% /2022) et le JB O 5,09 €/kg (-4% / 2023 mais +3% /2022).
Allemagne : prix stables, marché tendu
En Allemagne, les prix des jeunes bovins sont stables, mais pourraient augmenter dans les prochaines semaines d’après les experts allemands, en raison d’une offre à peine suffisante pour satisfaire la demande. En semaine 19, le JB U allemand cotait 4,83 €/kg de carcasse (+1% /2023 mais toujours -10% /2022), le JB R 4,79 €/kg (+2% / 2023 ; -10% /2022) et le JB O 4,50 €/kg (= /2023 et -10% /2022).
Pologne : les cours perdent quelques centimes
En Pologne, les cours des jeunes bovins ont amorcé une baisse mi-avril. La cotation du JB R a perdu 15 centimes en trois semaines pour tomber à 4,80 €/kg de carcasse (-4% /2023 et -7% /2022) et celle du JB O a perdu 13 centimes à 4,64 €/kg (-3% /2023 et -6% /2022).
Viandes bovines » Femelles » Europe »
Remontée saisonnière des cours des vaches
Les cotations des réformes poursuivent leur hausse saisonnière, soutenue par la baisse de l’offre et une demande qui reste ferme pour la viande de transformation. Elles restent toutefois inférieures à leurs niveaux de 2022 et 2023 qui avaient été exceptionnellement élevés.
Hausse saisonnière des cours des vaches partout en Europe
Les cours des vaches O poursuivent leur hausse saisonnière dans l’ensemble des Etats membres de l’UE, le printemps étant une saison de faible disponibilité en vaches de réforme. La demande pour la viande de transformation est par ailleurs relativement dynamique, soutenant l’intérêt des abatteurs pour les vaches de réforme. Les cotations restent toutefois sous leurs niveaux des deux années précédentes, des niveaux qui avaient été particulièrement élevés.
ALLEMAGNE : hausse linéaire des cours
En Allemagne, les cours des vaches de réforme poursuivent leur progression et pourraient prochainement rattraper leur niveau de 2023. Les experts allemands témoignent d’une offre qui peine à satisfaire la demande et prévoient donc que la hausse se poursuivra. En semaine 19, la cotation de la vache O était remontée à 4,15 €/kg de carcasse (-4% /2023 et -16% /2022).
Les réformes sont en effet particulièrement réduites. Entre les semaines 12 et 19, les abattages de vaches restaient en baisse significative par rapport aux deux années passées, de -3% /2023 et -9% /2022 d’après l’indicateur hebdomadaire d’AMI.
IRLANDE : l’afflux de réformes est terminé
En Irlande, les abattages de vaches ont été très élevés en début d’année, du fait d’un hiver et début de printemps trop pluvieux, ayant compliqué les sorties au pâturage. Fin mars, l’afflux de réforme a commencé à se calmer et fin avril, les abattages ont retrouvé une normalité. D’après l’indicateur hebdomadaire du ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de vaches sur les semaines 16 à 19 étaient à un niveau intermédiaire entre ceux des deux années précédente (+9% /2023 et -6% /2022).
La cotation de la vache O a regagné quelques centimes mais, à 4,26 €/kg de carcasse en semaine 18, elle reste inférieure à son niveau de 2023 (-5% /2023 mais +1% /2022).
POLOGNE : cours relativement stables
En Pologne, les cours des réformes sont plutôt stables depuis un mois. La vache O cotait 4,16 €/kg de carcasse en semaine 18 (-3% /2023 et -9% /2022) et la vache P 3,30 €/kg (-13% /2023 et -19% /2022).
Viandes bovines » Maigre »
L’offre réduite de broutards ne permet pas d’exporter davantage chez les partenaires européens
L’offre de broutards toujours réduite, conduit à une baisse des exportations vers l’Italie et l’Espagne. Les prix se maintiennent à des niveaux élevés en raison de l’offre limitée.
Des prix toujours en croissance pour les Charolais
Compte tenu de l’offre restreinte et des besoins en engraissement du marché national et des importateurs, les prix continuent leur ascension. Les cotations des Charolais sont en hausse : le broutard charolais U de 350 kg était à 3,78€/kg en semaine 19 (+9 cts en 4 semaines, +21 cts/2023 soit +6%), et le broutard charolais U de 450 kg à 3,58€/kg (+5 en 4 semaines, +9 cts/2023 soit +1%). Le broutard croisé R de 300 kg et le limousin E de 350 kg se sont stabilisés depuis 4 semaines. Le limousin E de 350 kg restait à 3,95€/kg soit 15 cts au-dessus des valeurs de 2023. Le croisé R maintenait un grand écart avec les valeurs de l’année passée à 3,45 (+27 cts/2023).
La cotation des femelles limousines E de 270 kg se maintient depuis mars à un niveau élevé de 3,60€/kg (+20 cts/2023, soit +6%). Celle de la Charolaise U de 400 kg a décru de 2 centimes ces 4 dernières semaines mais restait tout de même, à 3,18€/kg, 13 centimes au-dessus des valeurs de 2023 (soit +4%/2023, et +7%/2022).
Baisse des naissances dans la continuité de la décapitalisation
En mars, les naissances de bovins allaitants ont affiché un recul marqué par rapport à 2023 (-6,6% et 16% /2022). Le cumul de janvier à mars 2024 est lui aussi en repli (-3,2%/2023 et -10,1%/2022). En cumul pour la campagne 2023-2024 qui commence en juillet, les naissances ont enregistré une baisse moindre (-1,3% /2022-2023) de 32 000 têtes avec 2 563 000 naissances.
Effectifs de broutards en baisse
Au 1er avril 2024, les effectifs de mâles de moins de 6 mois étaient réduits : on en comptait 904 000, soit -2%/2023 et -5%/2022. Toutes les races sont en baisse, tout particulièrement les blonds d’Aquitaine qui, comme en mars, connaissent une baisse plus prononcée (-8%/2023).
Pour les broutards âgés de 6-12 mois, les effectifs sont stables grâce aux naissances dynamiques de l’automne 2023. On comptait 498 000 individus au 1er avril, chiffre équivalent à celui de 2023 et en légère croissance de +1% par rapport à 2022.
Les broutards limousins de 6-12 mois tirent la moyenne vers le haut, avec une hausse de +3%/2023 tandis que les charolais et blonds d’Aquitaine sont moins nombreux (respectivement -2% et -3%).
Exportations en recul vers l’Italie et l’Espagne
D’après les données SPIE-BDNI, 244 000 bovins de type viande de 4 à 16 mois ont été expédiés sur les 13 premières semaines de l’année, soit -10%/2023 ou -26 000 têtes.
Les exports de mâles charolais ont reculé de -8% /2023, tandis que les exports de Limousins reculaient de seulement -4%. Le dynamisme de la demande intérieure à l’engraissement entraîne le report des Charolais vers le marché national, en plus de la décapitalisation qui touche plus fortement les effectifs des broutard charolais.
Selon les Douanes, au premier trimestre, les envois de broutards mâles et femelles vers l’Italie étaient en baisse par rapport à 2023. 206 000 broutards ont été envoyés en Italie soit 11 000 de moins qu’en 2023 (soit -5%/2023). Les femelles et les broutards légers ont reculé de –11% (respectivement –5 000 têtes et –2 000 têtes). Les mâles lourds sont en recul de 3% sur le premier trimestre soit –4 000 têtes).
Selon les Douanes, les exportations vers l’Espagne au 1er semestre, se sont également réduites : 26 000 broutards ont été expédiés (-1 000 têtes soit -4% /2023). Les broutards lourds de plus de 300 kg sont en légère baisse avec 10 000 têtes importées (-3%/2023). Les envois de broutards de moins de 300 kg sont en net recul : -11% entre janvier et mars soit 14 000 têtes expédiées. L’Espagne qui historiquement importait beaucoup d’individus légers, importe désormais presque autant de broutards lourds que de broutards légers.
Davantage de broutards français sont captés par la demande nationale ce qui réduit les disponibilités exportables. La demande est pourtant toujours présente et la raréfaction de la marchandise soutient les prix.
D’après les données TRACES, les exportations de tous bovins vifs étaient toujours ralenties jusqu’à mi-mai. Les exportations vers l’Italie ont reculé de -10% /2023 entre les semaines 14 à 19 (du 01/04 au 12/05) avec 93 000 têtes envoyées soit 10 000 de moins qu’en 2023 à la même période.
De même vers l’Espagne, les exportations ont décru de -8% par rapport à 2023. 42 000 têtes ont été exportées, soit 4 000 de moins qu’en 2023.
La Tunisie toujours aux achats
En février, la Tunisie avait importé 1 000 broutards, et ce flux s’est maintenu en mars avec 1 000 broutards de plus envoyés. Malgré cela, les envois vers les pays tiers restent en baisse de 74% par rapport à 2023 (9 000 têtes envoyés) en raison de la fermeture du marché algérien liée à la MHE toujours présente sur le territoire français.
Viandes bovines » Veaux de boucherie »
Amorce de la baisse saisonnière des cours
Début mai, les cours des veaux de boucherie ont amorcé leur baisse saisonnière dans toute l’Europe. Les abattages étaient en hausse aux Pays-Bas, confirmant le dynamisme de filière veau néerlandaise, alors que les sorties reculaient à nouveau en France.
Cours légèrement baissiers
Les cours des veaux de boucherie étaient légèrement en baisse début mai, suivant leur courbe saisonnière habituelle. En semaine 19, le veau rosé clair R élevé en atelier cotait ainsi 7,40 €/kgéc, en léger recul (-6 cts) sur quatre semaines et proche de la cotation de 2023 (-18 cts ou -2%). Le veau rosé clair O élevé en atelier suivait une tendance similaire, à 7,14 €/kgéc (-8 cts en quatre semaines, -13 cts ou -2% /2023).
La cotation du veau rosé clair U élevé au pis poursuivait également sa baisse saisonnière, à 9,57 €/kgéc en moyenne sur les semaines 16 à 19 (+5% ou +43 cts/2023), soit une baisse -15 cts en quatre semaines.
Les aliments restent bon marché
Les prix des aliments des veaux restaient stables début 2024. En mars, l’IPAMPA aliments d’allaitement pour veaux en base 100 en 2015 s’établissait ainsi à 139 points, un niveau inférieur aux deux années précédentes (-8% /2023 et -12% /2022). L’IPAMPA autres aliments pour veaux atteignait 133 points, en baisse sur un an (-14% /2023).
Les ingrédients lactés étaient pour leur part stables à leur niveau historique. En semaine 19, la poudre de lait écrémée cotait 2 430 €/t d’après ATLA, avec une évolution très proche de l’année dernière (-1% /2023). La cotation de la poudre de lactosérum doux s’établissait à 645 €/t, stable également sur un an (-2% /2023).
L’énergie toujours chère
Alors que les cours des aliments se sont nettement assagis depuis un an, les prix de l’énergie sont restés à un niveau élevé après le pic de 2022. Ainsi, en avril, le pétrole Brent de mer du Nord, dont est en partie issu le propane utilisé dans les élevages, cotait 84 €/baril, en hausse de +1% sur un mois et supérieur à l’année dernière (+9% /2023).
Outre l’aliment et l’énergie, la forte hausse des prix des jeunes veaux laitiers depuis début 2024 pèse sur les intégrateurs et sur les mises en place pour les abattages de l’automne.
Abattages en recul en France
Le caractère bissextile de 2024 (21 jours ouvrés en février) puis le faible nombre de jours ouvrés en mars (21 jours) compliquent la lecture mois par mois des abattages de veaux. En cumul sur quatre mois, 357 000 veaux ont été abattus en France, en baisse de -8 000 têtes (-2,2%) /2023.
Les poids carcasse des veaux abattus en France étaient en recul en début d’année. En avril, ils étaient en moyenne de 145,3 kgéc, soit -1,9 kg /2023. En moyenne sur quatre mois cependant, les veaux abattus pesaient 143,4 kg, en légère hausse (+0,4 kg) /2023 du fait de l’alourdissement des animaux en janvier. L’âge à l’abattage était également en baisse, à 185,4 j, soit -1,2 j /2023.
Conséquence de la baisse des effectifs abattus, la production de veau entre janvier et avril s’est élevée à 51 000 téc, en recul de -2% /2023 (ou -1 000 téc) et de -11% /2022.
Baisse des cours et abattages dynamiques aux Pays-Bas
Aux Pays-Bas, les cours de la viande de veau ont amorcé leur baisse saisonnière. Ainsi, en semaine 19, le veau de boucherie pie-noir néerlandais cotait 5,80 €/kgéc, en baisse de -15 cts sur quatre semaines et de -32 cts par rapport à l’année dernière (-5%).
Les abattages néerlandais restaient dynamiques en début d’année. En cumul sur deux mois, 238 000 veaux ont été abattus aux Pays-Bas, en nette hausse sur un an (+6% /2023 ou +14 000 têtes). Du fait de l’alourdissement des carcasses (+3,7 kgéc /2023), la hausse est plus importante encore en tonnage : 36 000 téc, soit +9% /2023 (ou +3 000 téc).
Un accord de coalition a été conclu mi-mai comme suite aux élections législatives de l’automne. Le BBB (parti paysan citoyen) est membre de la coalition et souhaite faire des sujets agricoles une priorité du nouveau gouvernement. En particulier, le compromis de coalition prévoit que les Pays-Bas demandent une nouvelle dérogation à la directive nitrate au-delà de 2025 et l’arrêt de la surtransposition des normes européennes. Mais à ce stade, le compromis de coalition ne remet pas en cause le plan de rachat volontaire d’élevages introduit par le précédent gouvernement.
Viandes bovines » Veaux laitiers »
Forte hausse des cours
Les cours des veaux laitiers on atteint un niveau très élevé début mai, conséquence de la baisse des naissances et de la forte demande espagnole en veaux laitiers français. Les cours retrouvent ainsi leur schéma historique d’avant Covid-19, déjà esquissé l’année dernière.
Poursuite effrénée de la hausse saisonnière
Les prix des veaux laitiers destinés à l’engraissement ont poursuivi leur hausse entamée en février, atteignant un niveau élevé début mai. Ainsi, en semaine 19, le veau mâle laitier de 45-50 kg cotait 124 €/tête, en nette hausse (+17 €) sur quatre semaines et largement au-dessus des cotations de 2022 (+34 €) et 2023 (+21 €). Le veau mâle laitier de 50-60 kg suivait la même tendance à 143 €/tête (+15 € en quatre semaines et +15 €/2023).
Ralentissement de la décapitalisation et de la baisse des naissances
Au 1er avril 2024, 3,329 millions de vaches laitières étaient présentes dans les élevages, en baisse de -1,4% /2023. Ce ralentissement de la décapitalisation est également visible dans les naissances. Ainsi, 2 500 000 veaux sont nés pendant la campagne 2023-2024 (juillet à mars), en baisse de -1,9% par rapport à la campagne 2022-2023 et de -5,6% par rapport à la précédente. Sur trois mois entre janvier et mars, 712 000 veaux sont nés de mère laitière, un nombre égal à l’année dernière (attention toutefois, février comptait 29 jours en 2024). De manière similaire aux années précédentes, les naissances du mois de mars étaient cependant en net recul de -3,9% /2023, à 225 000 têtes.
Les naissances de veaux disponibles pour l’engraissement (veaux mâles laitiers et croisés lait-viande et femelles croisées lait-viande) étaient également en baisse à 137 000 têtes en mars, soit -3,3% /2023. En cumul sur trois mois, le recul était plus fort que les naissances totales du fait du ralentissement de la décapitalisation (moindre recours au croisement) et atteignait -1% /2023 avec 428 000 têtes. Ce léger resserrement des disponibilités après déjà plusieurs années de décapitalisation couplée à la demande dynamique en Espagne est un facteur explicatif de la hausse rapide des cours des veaux laitiers.
Hausse des cours espagnols
Les prix des veaux laitiers espagnols poursuivaient leur hausse en mai, à un niveau proche de celui de 2022 et nettement en-dessous des prix très élevés constatés début 2023. Ainsi, en semaine 17, le veau frison de moins d’un mois cotait 111 €/tête, en hausse de +5,5 € sur quatre semaines, un niveau nettement inférieur à 2023 (-39 €/tête) et proche de 2022 (-9 €/tête).
Exports de veaux français toujours dynamiques
Les envois de veaux laitiers de moins d’un mois sont restés dynamiques début 2024. En mars (semaines 10 à 13), 24 000 têtes ont été exportées, soit une hausse de +6,8% (+1 500 têtes) /2023. En cumul sur trois mois, ce sont 110 000 veaux qui ont été expédiés, en hausse là aussi de +4,3% /2023.
L’attrait des engraisseurs espagnols pour les veaux laitiers français ne semble pas se tarir. L’Espagne représente en effet la destination de plus de 90% des veaux laitiers exportés.