Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 324 Janvier 2021 Mise en ligne le 13/01/2021
Viandes bovines
Marchés assainis
La renationalisation du marché français liée à la fermeture de la restauration commerciale continue de soutenir les cours des femelles. Les marchés du veau de boucherie et du jeune bovin semblent par ailleurs assainis, avec des prix toutefois inférieurs aux années précédentes.
Les exportations de broutards restent dynamiques vers l’Italie, mais ralenties vers l’Espagne, où de plus en plus de veaux nourrissons sont expédiés. Le marché du veau de 8 jours reste toutefois problématique en raison de la réduction des mises en place de veau de boucherie en France cet automne, en prévision de la baisse estivale de la consommation.
L’année 2021 s’ouvre sur un contexte incertain, avec la fermeture quasi généralisée de la restauration en Europe jusqu’à une date indéterminée.
La demande réaffirmée pour la viande française continue de soutenir les prix des vaches. Les cours des JB pâtissent de la concurrence féroce sur le marché européen, mais les ventes vers l’Allemagne ont permis de résorber le surstock d’animaux en ferme et 2021 démarre sur des bases plus saines.
Les prix des femelles plus élevés qu’il y a un an
Le report des achats de viande bovine depuis la RHD vers le commerce de détail continue de bénéficier à l’origine France. D’autant plus que l’offre reste relativement limitée. En décembre, la cotation de la vache R est restée nettement supérieure au niveau des années précédentes, finissant l’année à 3,96 €/kg de carcasse (+7%/ 2019 et +6%/ 2018). La vache U a fini l’année à 4,47 €/kg (+3% /2019 et +6% /2018).
Les cours des vaches les moins bien conformées ont achevé leur baisse saisonnière. La vache P, toujours soutenue par la progression des achats au détail de viande hachée, cotait 2,77 € /kg en semaine 53 (+8% /2019 et +4% /2018). La vache O, qui jusque-là restait à la traîne, a bénéficié en décembre du redressement des cours dans les pays voisins. Sa cotation atteignait 3,02 €/kg (+2% /2019 et -1% /2018), soit 3 centimes de plus en un mois.
Les cours des JB enregistrent une timide remontée en décembre
En proie à un marché européen du jeune bovin très concurrentiel, la remontée saisonnière des cours des JB a été tardive et très timide. Les cotations des JB U et R ont gagné 4 centimes sur le mois de décembre, à 3,82 €/kg de carcasse et 3,68 €/kg respectivement, restant très en dessous des années précédentes en fin d’année (-6% /2019 pour le JB U et -5% pour le JB R). La cotation du JB O n’a gagné que 2 centimes à 3,22 €/kg en fin de mois (-3% /2019).
Toujours moins de disponibilités en réformes allaitantes et surstock de JB quasiment résorbé
Au 1er décembre 2020, les cheptels de vaches étaient encore en retrait par rapport à l’année dernière : -1,4% pour les allaitantes et -2,1% pour les laitières. D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, les effectifs de vaches abattues sur les semaines 48 à 52 ont progressé de +2% /2019 pour les laitières, mais reculé de -2% pour les allaitantes.
Les abattages de JB de type viande sur les 4 semaines 49 à 52 ont été supérieurs de +4% au niveau de 2019, avec un poids moyen en hausse de +1,8%. Les JB de type lait abattus sur ces mêmes semaines étaient également plus nombreux (+7% /2019) et plus lourds (+1,6% /2019). La hausse des poids moyens est liée aux retards d’abattage qui se résorbent progressivement depuis l’été. En décembre, les JB viande étaient encore en moyenne plus âgés qu’en 2019 (+4 jours). L’âge moyen des JB lait était quasiment revenu à la normale (+1 jour).
D’après le suivi hebdomadaire des sorties réelles et attendues de JB viande, qui s’appuie sur le modèle de prévision Modemo, le surstock de JB accumulé au printemps est désormais quasiment résorbé au niveau national. Il n’était plus que de 3 000 têtes au 3 janvier 2021, contre encore 13 000 têtes le 1er novembre.
Des effets plus limités lors du 2ème confinement
Avec les nouvelles restrictions appliquées dès la seconde quinzaine d’octobre (couvre-feu puis confinement), le secteur de la restauration a vu son chiffre d’affaires refluer à nouveau : -26% / 2019 pour le mois d’octobre pour la restauration traditionnelle comme pour la restauration collective. Seule la restauration rapide avait mieux résisté (-8%). L’indicateur n’est pas encore disponible pour novembre, mais l’ampleur de la chute sera bien plus forte en raison la fermeture des restaurants à partir du 30 octobre minuit.
Le reconfinement annoncé par le Président Macron le 28 octobre dernier était plus souple que celui du printemps (ouverture maintenue des écoles, collèges et lycées et de leurs cantines,…). A son entrée en vigueur, il a toutefois eu les mêmes effets sur les ventes en GMS que le 1er confinement. D’après Nielsen, en moyenne sur les périodes de couvre-feux et reconfinement (semaines 44 à 50), les ventes de produits de grande consommation et de produits frais en libre-service (PGC-FLS) étaient en hausse (+6% /2019), niveau légèrement supérieur à la moyenne observée entre les deux confinements. Les ventes de produits frais non laitiers (dont les viandes réfrigérées) connaissaient une hausse similaire (+6%). Les ventes de surgelé salé (dont les viandes congelées) enregistraient une progression plus marquée (+11%). Lors de la dernière semaine de l’année (s53), les progressions des ventes ont été encore plus marquées.
La progression des achats de viandes hachées par les ménages est restée vive depuis la fin du reconfinement et la mise en œuvre du couvre-feu. Les ventes au détail augmentent ainsi en viande bovine hachée fraîche (+10% /2019 sur les semaines 51 et 52) et davantage en viande hachée surgelée (+12% en moyenne sur s51 et 52).
A nouveau un fort recul des importations en novembre
En plein reconfinement et avec une restauration fortement affectée par les restrictions, les importations françaises de viande bovine en novembre 2020 (avec un jour de plus qu’en 2019) n’ont totalisé que 19 400 téc (-30% /2019) d’après les Douanes françaises. Tous les fournisseurs enregistrent des diminutions, mais d’ampleur variable : moindre depuis l’Espagne (-4% /2019 à 1 300 téc), mais extrêmement marquée depuis les Pays-Bas (-40% à 4 300 téc) et l’Allemagne (-44% à 2 300 téc).
Les exportations se sont en revanche très bien tenues, en légère hausse par rapport à l’année précédente, à 19 300 téc (+1% /2019). Les envois vers l’Allemagne ont progressé (+10% /2019 à 5 100 téc), pour répondre au fort ralentissement des abattages outre-Rhin où plusieurs chaînes d’abattage ont été mises à l’arrêt pour cause de cluster de Covid-19. A l’inverse, les exportations de viande bovine vers l’Italie (-16% /2019 à 4 600 téc) et vers la Grèce (-4% à 3 200 téc) ont été à nouveau affectées.
D’après nos estimations, la consommation calculée par bilan en novembre aurait sensiblement reculé (-9% /2019). En cumul sur les 11 premiers mois de 2020, elle atteignait 1 377 000 téc (-41 000 téc ou -3% /2019).
La part des imports dans les disponibilités totales atteignait 16% en novembre 2020 d’après nos estimations, proche de celle observée lors du 1er confinement. Avec la diminution des échanges, la consommation de viande bovine française (veau inclus) reste en hausse sur 11 mois (+1% /2019).
Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !
Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »
Prix bas en général, sauf pour les génisses en Italie
Le marché intra-européen du JB est resté déprimé jusqu’à la trêve de fin d’année. Les prix sont restés bas, sauf pour les femelles en Italie dont le nombre était en retrait par rapport à 2019 alors que la demande restait soutenue. L’année 2021 s’ouvre sur un contexte incertain, avec la fermeture quasi généralisée de la restauration jusqu’à une date indéterminée.
ITALIE : les prix des femelles se tiennent bien, mais ceux des mâles restent bas
En Italie, malgré des fêtes marquées par des restrictions très fortes de mouvements, les volumes commandés par les distributeurs semblent s’être bien écoulés. L’absence de viande étrangère pendant cette trêve de Noël a permis de soutenir le marché national.
Les prix sont restés stables sur la bourse de Modène, à des niveaux très inférieurs à ceux de 2019 pour les mâles (-6% pour les Charolais et -4% pour les Limousins), mais supérieurs pour les femelles (+1% pour les Charolaises comme pour les Limousines).
Au 31 décembre, les effectifs de mâles de 1-2 ans enregistrés dans la BDNI italienne restaient supérieurs à 2019, mais moins qu’un mois avant (+15 000 têtes contre +21 000 au 30 novembre). Le nombre de femelles de 1-2 ans restait en recul (-12 000 têtes).
Sur les 2 mois d’octobre et novembre, les ventes au détail de viande bovine ont progressé de +10% /2019 et de +11% en valeur selon le panel ISMEA-Nielsen. Ceci est lié aux restrictions appliquées au secteur de la restauration commerciale. Il est encore trop tôt pour faire le bilan annuel 2020 au niveau de la consommation totale de viande bovine. ISMEA note toutefois que la fermeture de la restauration pose le problème de la valorisation des pièces nobles.
ALLEMAGNE : belle remontée des cours en décembre
En Allemagne, les prix des JB se sont redressés en fin d’année, après le coup de mou du mois de novembre provoqué par la mise à l’arrêt de certaines chaînes d’abattage liée à l’apparition de foyers de Covid-19. Le JB U a fini l’année à 3,87 €/kg de carcasse (+2% /2019 ; -1% /2018), le JB R à 3,79 (+2% /2019 ; -1% /2018) et le JB O a 3,48 €/kg (+3% /2019 ; -1% /2018).
POLOGNE : Les cours ont mieux fini l’année
La cotation polonaise du JB R a fini l’année à 3,18 €/kg, un niveau intermédiaire entre les 2 années précédentes (+10% /2019 et -5% /2018). Celle du JB O est remontée à 3,08 €/kg (+2% /2019 et -5% /2018). Cette belle hausse de fin d’année pour les cotations des mâles peut être liée en partie au dynamisme du marché allemand, où l’offre était limitée par quelques chaînes d’abattage mises à l’arrêt par la pandémie de Covid-19.
Les cotations des génisses ont eu du mal à se relever de leur chute du mois d’octobre quand la restauration italienne a de nouveau dû fermer ses portes. Toutefois, la chute a été moins forte que lors du premier confinement, la viande polonaise s’étant fait une place dans les rayons viande de certains supermarchés italiens.
ESPAGNE : les prix au plus bas
En Espagne, les cours restent déprimés, conséquence d’un marché national mis à mal par la fermeture de la restauration, d’un marché européen en proie à une concurrence accrue et d’exportations ralenties vers les pays tiers méditerranéens. La cotation du JB R a fini l’année à 3,47 €/kg de carcasse (-3% /2019 et -7% /2018).
Sur les 10 premiers mois de l’année 2020, les exportations espagnoles de viande bovine réfrigérée ont chuté de 43% vers les pays tiers à 11 000 téc. Elles ont en revanche bondi de +42% vers l’Italie à 32 000 téc.
Viandes bovines » Femelles » Europe »
Redressement des cours en fin d’année
Les prix des vaches de réforme en Europe se sont redressés partout en UE en décembre, sous l’effet d’une offre souvent limitée et d’une demande plus ferme pour la transformation et pour le haché.
Allemagne : hausse de la demande des abattoirs en réformes
En Allemagne, la pandémie a eu, comme ailleurs en Europe, des effets marqués sur les modes de consommation de viande bovine. Face aux restrictions imposées au secteur de la RHD, les achats au détail de viande, de saucisses et de volaille ont augmenté de manière très significative sur les 10 premiers mois de 2020 (+7% /2019 en volume). C’est notamment le cas pour la viande bovine (+19%).
Avec la multiplication des clusters en abattoirs les capacités d’abattage avaient été limitées en novembre, notamment dans le sud de l’Allemagne. En décembre, les abattages se sont redressés, via notamment une demande accrue du secteur de la vente au détail. D’après les experts d’AMI, la demande et les ventes de viande de femelles ont également augmenté durant les vacances de fin d’année.
Sur les 4 dernières semaines de 2020, les abattages de gros bovins, comme de réformes, ont ainsi légèrement progressé (+1% /2020), mais sont restés contraints par des disponibilités plutôt faibles.
La cotation de la vache O a ainsi repris 32 centimes sur les 7 dernières semaines de 2020 pour atteindre 2,58 €/kg de carcasse en semaine 53, niveau qui demeure cependant inférieur à ceux des années précédentes (-3% /2019 et -2% /2018). L’écart avec la cotation du porc est à nouveau marqué. En effet, la courte stabilisation des cours du porc de fin d’été a vite été balayée après l’apparition de la FPA outre-Rhin. La perte du débouché chinois continue de peser sur les cours du porc allemand.
En parallèle, le cheptel bovin allemand poursuit son érosion. D’après la dernière enquête, il a ainsi diminué pour la 6ème année consécutive. En novembre 2020, 11,3 millions de bovins ont été recensés en Allemagne (-3% /2019). Les effectifs ont reculé dans toutes les catégories et classes d’âges. La baisse est toutefois moins prononcée pour les vaches laitières comme allaitantes (-2% /2019) que pour les génisses lait et viande de 1 à 2 ans (-3%) et de plus de 2 ans (-6%).
Dans les prochaines semaines, l’intérêt saisonnier plus marqué pour la viande de réforme, moins chère, et la légère progression de la demande du secteur de la transformation, qui reprend sa pleine activité après les semaines de vacances, devraient soutenir une tendance de prix au moins légèrement à la hausse en janvier d’après les experts d’AMI, notamment car le nombre de vaches disponibles pour abattage devrait est plutôt faible. Mais les nouvelles mesures de restrictions récemment mises en œuvre dans le cadre de la pandémie de Covid-19 appellent à la plus grande prudence…
Irlande : les cours encore en progression
En décembre, le commerce de viande bovine en Irlande a été dynamique et la demande est restée soutenue. La préparation des fêtes de fin d’année par les abattoirs et les bonnes performances de la consommation domestique (moins de 10% de la demande) mais surtout de l’export ont relativement soutenu les cotations. Les hausses de prix en décembre ont concerné toutes les catégories. En semaine 51, la vache O cotait 2,93 €/kg de carcasse (+12% /2019 et +9% /2018). Le blocage du trafic entre le Royaume-Uni et le Continent entre le 21 et le 23 décembre, dû à la découverte du variant britannique du coronavirus, a toutefois fait craindre le pire aux opérateurs irlandais, mais le secteur de la viande a finalement été peu affecté, à l’inverse de celui des fruits de mer qui supporte moins bien la conservation.
Les abattages de gros bovins (+2% /2019 en cumul) comme de vaches (+5%) ont été en hausse sur l’année 2020 d’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’agriculture. Sur les quatre dernières semaines de l’année, la tendance est restée sur cette lancée pour les abattages de femelles. Le nombre de vaches abattues était ainsi en hausse par rapport l’année 2019, dont le 2nd semestre avait été affecté par le blocage des abattoirs par les éleveurs.
Le mois de janvier est habituellement un bon mois pour la transformation et la viande de réforme. En effet, après les fêtes de fin d’année, les ménages favorisent notamment la viande hachée au détriment des découpes, pour des questions de pouvoir d’achat. Mais la multiplication des restrictions et reconfinements prévus à travers toute l’Europe et notamment la poursuite des fermetures de restaurants pourraient déprimer la demande. Face aux menaces du Brexit, malgré l’accord trouvé en fin d’année, le secteur irlandais de l’abattage et de la transformation sera éligible à un nouveau plan d’aide aux entreprises de l’agroalimentaire de 100 millions d’euros annoncé par le Gouvernement le 28 décembre. Le plan sera mis en œuvre dès janvier.
En attendant, en octobre dernier et d’après Bord Bia, les exportations irlandaises de viande bovine réfrigérée et congelée avaient à nouveau été dynamiques à 52 300 téc, en hausse par rapport à un automne 2019 affecté par le blocage d’abattoirs (+2% /2019). Sur les 10 premiers mois de l’année, le retard lié notamment à la pandémie était partiellement comblé (-2% /2019 et +4% /2018).
Royaume-Uni : après les inquiétudes liées au Brexit et au Covid-19, les cours se redressent
Au Royaume-Uni, les cotations ont fléchi courant décembre après avoir atteint des niveaux record. Dans la seconde quinzaine de décembre, il y a eu d’importantes perturbations des exportations via la France, en lien avec la fermeture des frontières liée à la découverte d’un nouveau variant du coronavirus.
Avec les restrictions affectant le secteur de la restauration, les ventes au détail sont restées dynamiques. Sur les 12 dernières semaines se terminant le 29 novembre 2020, les achats de viande bovine par les ménages avaient encore progressé, et même de façon encore plus marquée que lors de la précédente période (+12% /2019 en valeur et +8% en volume). En volume sur la période, les différentes catégories de produits ont connu des fortunes diverses : de la hausse marquée pour le « ready to cook » (viandes précuites, +50% /2019) à la stabilité pour la viande à ragoût, en passant par +25% pour la viande à griller et +8% pour la viande hachée.
Les perturbations de décembre ont depuis provoqué un reflux des cotations. En semaines 51, la vache O cotait 2,76 €/kg de carcasse (-2% /2019 et +9% /2018) soit -2 centimes de moins en un mois et -19 centimes en 2 mois. La baisse observée depuis la mi-novembre était alors amplifiée par le recul de la Livre liée notamment aux difficiles négociations post-Brexit.
En parallèle, le bœuf R britannique cotait 4,10 €/kg de carcasse (+3% /2019 et +3% /2018) soit une baisse de -13 centimes en un mois. La progression des cours du bœuf irlandais a ainsi sensiblement réduit l’écart entre les deux cotations, même si celui-ci reste important (+36 centimes en semaine 51 contre +62 centimes un mois plus tôt).
Depuis, la frontière avec la France a été rouverte le 23 décembre 2020 et un accord commercial sans droits de douane est entré en vigueur de façon provisoire en attendant la ratification le 1er janvier 2021 entre l’UE et le Royaume-Uni. Les cotations des réformes britanniques sont donc reparties à la hausse d’après AHDB. En monnaie nationale, elles se sont appréciées de +2 pence (+1,8 centime) en semaine 52 puis de 11 pence (+10 centimes) en semaine 53. Le reconfinement total, incluant la fermeture des écoles annoncé par Boris Johnson jusqu’à la mi-février, pourrait avoir des effets sur le marché britannique de la viande bovine.
Les abattages de gros bovins sont restés limités sur les quatre dernières semaines de 2020 (-7% /2019). Toutes les catégories sont concernées par la baisse à l’exception des génisses dont les abattages sont restés stables.
En octobre 2020, la balance commerciale britannique s’est à nouveau dégradée. Sur les 10 premiers mois de 2020, les importations (-4% /2019), mais surtout les exportations (-15%) britanniques de viande bovine ont reculé. Les importations en provenance d’Irlande, 1er fournisseur historique du Royaume-Uni, ont rattrapé le retard accumulé suite à la première vague. Les achats sur 10 mois ont été stables en volume par rapport à 2019. La forte chute des exportations est liée à la contraction depuis mars du marché européen de la restauration, principale destination sur le Continent pour la viande britannique. Les ventes extra-UE ont en revanche poursuivi leur développement initié dès 2017 en préparation du Brexit.
En parallèle de l’accord commercial post-Brexit signé avec l’UE, le Royaume-Uni multiplie les négociations et la signature de divers accords, répliquant souvent les accords existants entre l’UE-27 et ses différents partenaires. Fin décembre, le Royaume-Uni avait ainsi signé ou appliqué une soixantaine d’accords commerciaux.
A court mais surtout à moyen terme, ces accords pourraient entraîner une concurrence supplémentaire pour la viande bovine de l’UE et notamment d’Irlande sur le marché britannique. De plus, la concession par les Britanniques de nouveaux contingents à droit de douane réduit ou nul aux principaux exportateurs mondiaux, souvent plus compétitifs, pourrait peser.
Pologne : les cours se redressent mais restent en retrait
En Pologne, après la nouvelle chute des cours des vaches liée à la deuxième vague de Covid-19 et notamment aux restrictions sur la restauration en Europe, les prix se sont redressés fin 2020, comme ailleurs en Europe, mais restent en retrait d’une année sur l’autre. La cotation de la vache O a repris 12 centimes en un mois à 2,46 €/kg de carcasse, toujours inférieure à celles des années précédentes (-3% /2019 et -9% /2018).
Viandes bovines » Maigre »
Les prix des mâles toujours moroses en fin d’année
Les cotations ont stagné à de bas niveau pour les Charolais en décembre. Les effectifs de mâles de 6-12 mois étaient stables au 1er décembre. Les envois de broutards du mois de novembre (toutes destinations) se sont maintenus au bon niveau de 2019. Selon TRACES, les expéditions de bovins vifs du mois de décembre, tous âges confondus, sont restées dynamiques vers l’Italie.
Les cotations des broutards stagnent
Après avoir chuté de 7 centimes en novembre, la cotation du Charolais U 450 kg reste encalminée depuis la semaine 49 à un niveau toujours très bas, à 2,23 €/kg soit -19 cts /2019 (-8%).
Le prix du Charolais U 350 kg n’a pas encore redécollé de son bas niveau du mois de novembre, à 2,45 €/kg soit -14 cts /2019 (-5%).
En catégorie légère, le Limousin E 300 kg a rebondi de quelques centimes en fin d’année, à 3,00 €/kg en semaines 52-53, limitant son recul à -5 cts d’une année sur l’autre (-2%). En revanche, le Croisé R de 300 kg reste au plancher, à 2,29 €/kg, en recul de -10% d’une année sur l’autre.
En femelles, la Limousine E 270 kg s’était stabilisée à 2,77 €/kg jusqu’en semaine 51, avant d’augmenter à 2,85 €/kg en semaines 52-53, affichant une hausse de +12 cts d’une année sur l’autre (+3% /2019). La Charolaise U 270 kg cote 2,54 €/kg depuis la semaine 50, soit un niveau identique à 2019. Les prix des jeunes femelles finis se tiennent bien en Italie.
Stabilité des naissances sur la campagne 2020-2021
En novembre, 287 000 veaux sont nés de mère allaitante, soit une légère baisse de -0,9% /2019. Sur la campagne 2020-21, 1 215 000 veaux de mère allaitante sont nés, un chiffre quasiment stable (-0,2% /2019-20) malgré la décapitalisation (-1,5% début décembre 2020 /19) indiquant de meilleurs résultats de gestation qu’en 2019.
Des effectifs de 6-12 mois de mère allaitante stables
Au 1er décembre, selon SPIE-BDNI, les effectifs de mâles de 6-12 mois issus de mère allaitante étaient stables par rapport à 2019, avec 761 000 têtes, contrairement au 1er novembre, où les effectifs étaient en hausse de +1,5% /2019.
Les effectifs de Charolais de 6-12 mois début décembre étaient en recul de -1,1% /2019, ceux de Limousins étaient stables, les Blonds augmentaient de +2,8% /2019 et les Rustiques de +1,1%.
Les envois de broutards en novembre aussi importants qu’en 2019
En novembre, sur les semaines 44 à 48, les envois de broutards (mâles et femelles) ont été aussi nombreux qu’en novembre 2019, avec 100 000 têtes exportées d’après les données SPIE-BDNI. La proportion de femelles était en revanche supérieure, à 35%, contre 32% en novembre 2019.
Selon les Douanes, 4 900 broutards ont été exportés vers les pays tiers en novembre, portant à 58 000 le nombre de broutards exportés hors UE sur 11 mois, dont 42 000 vers l’Algérie (-22% /2019 mais +73% /2018).
En cumul de janvier à novembre, selon SPIE-BDNI, 1 124 000 broutards ont été envoyés toutes destinations confondues, soit -3% /2019 et -2% /2018. Cette baisse a été marquée au printemps avant un net rebond à l’automne. C’est surtout la demande espagnole qui a reculé (-40 000 broutards sur 10 mois selon les Douanes), quand l’Algérie poursuivait ses achats, mais à un niveau un peu moindre que celui très élevé de 2019 (-12 000 têtes sur 10 mois).
Loi de santé animale à partir du 21/04: +50 jours d’attente entre vaccination FCO et envoi vers l’Italie
La Loi de Santé Animale européenne devrait entrer en application le 21 avril prochain. En matière de FCO, les accords bilatéraux seront supprimés à partir de cette date. Des modalités dérogatoires ont été prévues, telles que la désinsectisation et la pratique d’un test PCR. Cependant elles nécessitent d’être acceptées par l’Etat membre destinataire : dans ce cas, elles vaudront pour tous les Etats membres (accord étendu). La position de l’Italie et de l’Espagne n’étant pas connues à ce stade, la modalité générale s’applique : primovaccination complète (2 injections) contre les sérotypes 4 et 8, depuis au moins 60 jours. INTERBEV appelle les éleveurs et exportateurs à anticiper d’ores et déjà cette évolution en vaccinant rapidement les broutards contre les deux sérotypes pour que les flux ne soient pas interrompus par le délai nécessaire (qui sera dans tous les cas de 60 jours, le délai négocié de 10 jours pour l’Italie n’ayant plus cours le 21 avril).
En décembre, des exports dynamiques vers l’Italie…
Sur la période la plus récente (semaines 49 à 52) selon TRACES, les exports de bovins vivants ont été très dynamiques vers l’Italie, avec 72 000 têtes, tous âges confondus, soit +9% /2019. Cette hausse est à tempérer par le nombre de jours d’activité en décembre 2020, plus élevé qu’en décembre 2019. En effet, le 25 décembre 2020 étant le vendredi (et non le mercredi) il a permis 3,5 semaines d’activité en décembre 2020, contre 3 semaines en 2019.
Sur les semaines 49-52, les envois vers l’Espagne, tous bovins confondus ont bondi de +32% /2019, à 53 000 têtes ! Cette hausse est due aux envois très importants de jeunes veaux, trouvant moins de débouchés en novembre à l’engraissement en France. Face à cette crise de marché du jeune veau, les intégrateurs français ont pris l’engagement en décembre d’en mettre davantage en place à l’engraissement.
Et des exports robustes vers les pays tiers dans un paysage changeant
En décembre, des exports pays tiers ont eu lieu vers l’Algérie, la Tunisie et le Liban. En effet, l’État libanais a distribué des subventions pour importer des génisses laitières et des broutards. L’Algérie a en revanche suspendu en toute fin d’année l’import de génisses laitières, ce qui ralentira le remplissage des bateaux.
Viandes bovines » Veaux de boucherie »
Une filière en difficulté pour la deuxième année consécutive
Les cours du veau gras élevé en atelier ont terminé 2020 en deçà de 2019. En novembre, l’ouverture d’une partie des établissements de restauration collective a permis d’écouler la production. Mais en cumul sur les 11 premiers mois de l’année 2020, la production française est en net repli. En fin d’année, les veaux abattus ont retrouvé leur poids et âge moyens de décembre 2019, les volumes produits correspondaient à la consommation.
La cotation annuelle est en recul par rapport aux années précédentes
La cotation du veau O a plafonné depuis la semaine 44 pour s’établir à 5,76 €/kg de carcasse en semaine 52, niveau supérieur à 2018 (+4 centimes), mais inférieur à 2019 (-13 centimes). A 5,27 €/kg de carcasse, la cotation annuelle moyenne du veau rosé clair O élevé en atelier est en léger repli par rapport à la difficile année 2019 (-1,7%) et en net recul par rapport à l’année 2018 (-7,5%).
La cotation du veau rosé clair R élevé en atelier a également plafonné depuis novembre : à 6,38 €/kg de carcasse, elle s’est établie à un niveau similaire aux années précédentes (+1 ct /2019 et +5 cts /2018). La hausse des achats en boucherie artisanale (+14% /2019 en valeur de janvier à novembre d’après Kantar) a permis de maintenir les cours en 2020. A 5,91 €/kg, la cotation annuelle du veau rosé clair R est similaire à celle de 2019.
Les coûts alimentaires sont en hausse en cette fin d’année
Les coûts alimentaires ont progressé en cette fin d’année 2020 et les opérateurs craignent que cette hausse se poursuive en 2021.
L’IPAMPA « aliments d’allaitement pour veau » s’est établi à 111,8 points en novembre, soit 3,4 points au-dessus de son niveau de 2019. Le cours de la poudre de lactosérum doux a fortement progressé ces dernières semaines pour atteindre 790 €/t en semaine 52, soit +8% /2019. Le cours de la poudre maigre, qui s’est apprécié modestement au 2nd semestre, se situe nettement sous son niveau de l’an dernier. Voir article Marchés des produits laitiers.
Après quelques mois de stabilité, l’IPAMPA « autres aliments pour veau » a pris 3 points depuis août pour s’établir à 103,8 points en novembre. Il devrait poursuivre sa hausse en lien avec l’augmentation généralisée des prix des matières premières. Voir zoom Marchés des grains.
Les établissements de restauration collective restés ouverts permettent d’écouler une partie de la production
Les effectifs bruts de veaux gras abattus en France en novembre 2020 sont similaires aux abattages de l’année précédente (+0,7% /2019). Mais en tenant compte des variations du nombre de jours ouvrés (un jour en plus en novembre 2020), la production abattue accuse une baisse de -4,2% /2019. Cette baisse de la production s’explique principalement par la diminution des mises en place au printemps 2020.
La production de novembre a tout de même moins diminué en poids (-3,3% /2019) qu’en effectifs, sous l’effet de veaux encore lourds par rapport à l’an passé.
Sur 11 mois, la baisse des abattages est également moins prononcée en téc qu’en têtes du fait de la hausse du poids moyens des veaux sur l’année 2020. La production abattue s’établit à 160 000 téc, soit une baisse de -4,6% /2019 et de -3,7% / 2018. Sur 11 mois, le nombre de têtes abattues était en lui retrait de -5,5% /2019 et de -6,2% /2018.
Les volumes produits correspondent à la consommation
Malgré le confinement décrété fin octobre, la résorption du poids et de l’âge moyens à l’abattage est un signe que les volumes produits correspondent à la demande. A 143 kg/tête en décembre et avec un âge moyen à l’abattage de 183 jours, les veaux ont retrouvé les niveaux de 2019.
Petite embellie aux Pays-Bas grâce aux fêtes de fin d’année
Aux Pays-Bas, les bonnes ventes ces dernières semaines ont permis de réduire les stocks. Après avoir stagné à 4,15 €/kg pendant 6 semaine, la cotation est remontée de 5 centimes en semaine 50, se stabilisant à 4,20 €/kg (-17% /2019 et -13% /2018 en semaine 51). Avec plus de 90% d’export, le marché du veau aux Pays-Bas, très dépendant de l’ouverture de la RHD des pays européens, a subi de plein fouet la crise de la Covid-19. En cumul sur 10 mois, la production nationale a baissé de -3,7% /2019, à 185 000 téc.
En Italie, la cotation est aussi remontée à 4,95 €/kg de carcasse en semaine 52, mais elle reste largement inférieure à son niveau de 2019 (-20%).
De nombreuses incertitudes pour 2021
Malgré le début de la campagne de vaccination contre la Covid-19, il reste beaucoup d’incertitudes pour les semaines à venir à l’heure où les pays européens renforcent les restrictions sanitaires (confinement, couvre-feu, fermeture des restaurants…). Les outils de communication proposés par Interbev aux enseignes de la grande distribution au 1er trimestre 2021 visent à stimuler la demande et ainsi soutenir le marché du veau gras. Cependant la consommation des ménages dépendra de l’évolution de la situation sanitaire.
Viandes bovines » Veaux nourrissons »
Flux poussés vers l’Espagne
Face au manque de débouchés en France, les exportations de petits veaux vers l’Espagne ont atteint des effectifs record en novembre, mais elles n’ont pas permis de soutenir les prix. La hausse saisonnière de la cotation du veau de 8 jours, liée au ralentissement des vêlages en début d’année, pourrait de nouveau être très peu marquée en 2021 compte tenu de l’encombrement du marché et de l’incertitude sanitaire.
La cotation 2020 est inférieure aux années précédentes
La cotation du petit veau est au plancher depuis plusieurs mois, elle atteint 52 €/tête en semaine 51 soit 2 € de plus qu’en 2019 et 6 € de plus qu’en 2018. Mais compte tenu de l’absence de hausse saisonnière marquée des prix au printemps, la cotation annuelle moyenne 2020 du veau mâle laitier est en deçà de la cotation annuelle 2019 (-12%) et bien en deçà de la cotation 2018 (-33%). Elle s’établit à 61 €/tête en 2020, contre 70 € en 2019 et 91 € en 2018.
La cotation du mâle laitier de 50-60 kg stagne à 67 €/tête depuis la semaine 50, soit +2 € /2019 mais -8 € /2018 en semaine 52. A 81 €/tête, la cotation annuelle moyenne se situe -16% en-dessous de son niveau de 2019 et -35% sous son niveau de 2018.
Fin du pic saisonnier des naissances
En cumul sur 11 mois, les naissances de veaux de mère laitière sont quasi stables (-0,7% /2019). En revanche, le pic saisonnier ayant été peu marqué à l’automne 2020, les naissances sont en recul depuis juillet (-3% /2019 avec 1 624 000 naissances).
La quasi stabilité des naissances en 2020 cache des disparités entre les types raciaux. Les naissances de veaux de race laitière pure continuent de chuter, avec 2 416 000 naissances sur 11 mois (-2,5% /2019), alors que les naissances de veaux croisés de mère laitière et de père allaitant progressent (668 000 têtes sur 11 mois soit +6,5% /2019).
Les exportations vers l’Espagne atteignent des records
Face au manque de débouchés en France, les exportations de petits veaux de mère laitière, majoritairement vers l’Espagne, ont atteint des niveaux record en novembre avec 40 000 têtes exportées soit +4% /2019 et +30% /2018.
A 77,5 €/tête en semaine 50, la cotation du veau frison espagnol restait supérieure à celle de 2019 (+5%) mais inférieure à celle de 2018 (-5%).