Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 299 Mars 2019
Viandes bovines
Un marché hétérogène
La situation des marchés bovins viande est actuellement très hétérogène. Si les disponibilités limitées en gros bovins maigres comme finis semblent profiter aux prix des femelles et des broutards, la situation est plus contrastée en JB. Les marchés des veaux sont à la peine.
En France, l’offre limitée en broutards, en femelles et en JB a des effets positifs sur les prix. Les marchés des veaux nourrissons et de boucherie restent globalement déprimés.
En Europe, la situation est contrastée : le marché des femelles profite de la baisse généralisée des réformes suite à la sécheresse de 2018. La réduction du cheptel européen devrait d’ailleurs entraîner une diminution de la production en 2019. En JB, la baisse saisonnière des cours est à l’œuvre partout sauf en France. Le marché européen des veaux de boucherie est particulièrement lourd.
La réduction des effectifs de mâles, combinée à une offre plus limitée sur le marché européen, en mâles comme en femelles, permet aux cours de poursuivre leur redressement après un 2nd semestre grevé par un excès de réformes lié à la sécheresse.
Des abattages limités surtout en lait, liés à des effectifs en baisse
Les abattages de JB sont désormais en retrait en lait comme en viande. En février, seulement 10 000 JB laitiers ont été abattus (-10% /2018), cette catégorie est en repli depuis de nombreux mois. Le constat est à présent identique pour les JB de races à viande, même si l’ampleur de la baisse est plus limitée. D’après les données de Normabev, les abattages de type viande ont reculé de -2% /2017 sur l’ensemble du mois de février.
Ces abattages en retrait quel que soit le type de JB produit sont liés à des stocks dont les niveaux sont au plus bas :
C’est le cas depuis de nombreux mois pour les JB de races laitières. Au 1er février 2019, les effectifs de mâles laitiers de 12-18 mois comme ceux de 18-24 mois étaient en recul (respectivement de -11 000 et -10 000 têtes par rapport au 1er février 2018) confirmant à nouveau le déclin de la production.
C’est désormais le cas en JB de races à viande dont la réduction des effectifs, entamée depuis le 2nd semestre de 2018, avait été freinée par l’afflux de réformes sur l’ensemble du marché communautaire. Au 1er février, les effectifs de mâles type viande de 12-18 mois comme ceux de 18-24 mois étaient moindres (respectivement de -34 000 et -2 000 têtes).
Les prix poursuivent une remontée… timide !
Les cours français profitent timidement de la baisse de l’offre sur le territoire national comme ailleurs en Europe. Les cotations des JB U, R et O ont gagné 4 centimes sur les 4 dernières semaines connues. A 3,89 €/kg de carcasse en semaine 9, c’est la cotation du JB R qui se démarque en atteignant un niveau supérieur aux deux années précédentes (+1% /2018 et +3% /2017). Le constat est plus mitigé pour les cours du JB U (4,09 €/kg ; = /2018 et +2% /2017) et O (3,42 €/kg ; -2% /2018 mais +6% /2017) qui peinent à atteindre leur niveau de l’année passée. Le début de la baisse saisonnière des cours en Italie pénalise les animaux les plus conformés.
Export : l’année 2018 marquée par l’émergence de « nouveaux » clients
Sur l’ensemble de l’année 2018, les exportations de viande bovine réfrigérée et congelée ont atteint 223 000 téc (+2% /2017 et +2% /2016). Si les envois on fait mieux que résister en Allemagne (+1% /2017) et surtout en Grèce (+3% /2017), ils sont clairement en baisse vers le premier importateur de produits français : l’Italie (-3% /2017), où le retour de la viande d’Amérique du Sud a concurrencé la viande européenne.
Les principales progressions sont à aller chercher du côté de marchés jusque-là secondaire, notamment au sein de l’Union européenne comme les Pays-Bas par exemple (+15% /2017). A noter que la forte progression des envois vers la Belgique (19 000 téc ; soit +24% /2017) est en partie liée à des abattages de bovins vifs provenant Belgique et réexpédiés en carcasse.
La réduction de l’offre observée depuis la fin de 2018 sur le marché européen se confirme presque partout. Ceci n’empêche pas les prix d’amorcer leur baisse saisonnière : après l’Allemagne, c’est au tour de l’Italie de voir ses prix perdre quelques centimes. En Pologne, la situation est tout autre : si les prix se sont redressés, ils restent faibles suite au scandale de la viande frauduleuse.
ITALIE : début de la baisse saisonnière des cours pour les mâles
En Italie, les cours des jeunes bovins ont entamé leur baisse saisonnière. La cotation du JB mâle charolais de 700-750 kg à Modène a perdu 4 centimes en deux semaines, date de début du reflux. A 2,62 €/kg vif le 25 février (semaine 9), elle rejoint désormais le bas niveau de 2017 (-2% /2018 ; = /2017). Même constat pour les autres cotations de mâles : les Croisés ont perdu 4 centimes sur la même période (2,47 €/kg vif ; -3% / 2018) et les Limousins 2 centimes (2,77 €/kg vif ; -1% /2018).
Les cotations des femelles résistent et demeurent stables. Depuis le début de l’année, le cours des Limousines de 420-480 kg (2,95 €/kg vif ; -1% /2018) est resté stable quand celui des Charolaises (2,65 €/kg vif ; = /2018) s’est apprécié d’un centime.
La baisse saisonnière des cours des JB a commencé alors même que le niveau des abattages est plutôt faible faute de disponibilités dans les ateliers d’engraissement.
Au 28 février, le nombre de mâles de 1 à 2 ans dans la BDNI italienne se rapprochait du très faible niveau de 2017 (=), soit bien en deçà de l’effectif de l’année dernière (-7%). Le constat est le même pour les mâles de moins d’un an (-2% /2018 et -3% /2017).
POLOGNE : les cours peinent à se rétablir suite aux révélations de scandale sanitaire
Alors que les cours avaient subi un choc suite à la révélation de fraude à l’abattage d’animaux malades visant notamment les marchés d’exportation, ceux-ci se sont redressés. Ils peinent cependant à retrouver leur niveau d’avant la crise. A 3,12 €/kg de carcasse en semaine 9, la cotation du JB O a repris 16 centimes depuis le creux de la vague observé en semaine 7 (2,96 €/kg). Elle demeure ainsi nettement au-dessous du niveau de l’année dernière (-7% /2018 ; -1% /2017).
Fin 2018, la production de JB en Pologne semblait plafonner. Au quatrième trimestre, seuls 221 000 mâles non castrés ont été abattus (-9% /2017), poursuivant la tendance observée depuis l’été dernier. Sur l’ensemble de l’année, les abattages de mâles non castrés ont tout de même progressé de +1% /2017.
Pour 2019, les experts polonais prévoient désormais une faible hausse de production en lien avec l’évolution des effectifs de vaches recensés fin 2018 (+3,3% /2017) et donc du nombre de veaux.
ALLEMAGNE : poursuite de la baisse saisonnière des prix
En Allemagne, alors qu’ils avaient été plutôt faibles au mois de janvier, les abattages de JB sont un peu plus étoffés. Sur les quatre dernières semaines connues (semaine 6 à 9), ils progressent légèrement (+2% /2018 ; +1% /2017).
En face, la demande du marché allemand a été plutôt contenue. Depuis le début de l’année, la consommation de viande bovine en Allemagne est plutôt orientée vers les produits transformés ou les viande hachées. D’après les experts d’AMI, les promotions autour des viandes hachées et leur vente, notamment la viande hachée mélangée multi-espèces (porc et bœuf), ont été nombreuses sur les deux premiers mois de l’année, malgré des températures printanières.
A l’approche des vacances de Pâques et des beaux jours, la demande pourrait évoluer vers une consommation plus dynamique, notamment de grillades.
En attendant, les prix poursuivaient leur baisse saisonnière. Fin février, le JB U cotait 3,75 €/kg de carcasse (-8% /2018 ; = /2017), le JB R 3,69 €/kg (-8% /2018 ; -1% /2017) et le JB O 3,42 €/kg (-9% /2018 ; = /2017).
IRLANDE : prix dégradés et abattages en hausse
En Irlande, l’enquête cheptel de décembre 2018 montre un léger recul des effectifs de mâles de 1 à 2 ans (-10 000 têtes soit -1% /2017). Il est plus marqué pour les mâles de moins d’un an (-60 000 têtes soit -6% /2017) alors que le nombre de mâles de plus de 2 ans est en hausse (+16 000 têtes soit +9% /2017).
A court terme les abattages de bœufs et de JB pourraient être dynamiques, les baisses d’effectifs des catégories les plus jeunes pourraient freiner la production de taurillons dans les mois à venir.
Si la voie mâle sert d’abord à produire des bœufs, la production de JB n’est pas anecdotique. Depuis le début de l’année, d’après les données de Bord Bia, les abattages de JB sont encore repartis à la hausse. Sur les 5 dernières semaines enregistrées, ils sont en très net progrès (+15% /2018 et +20% /2017).
Cet afflux d’offre, cumulée à des disponibilités en hausse en femelles pèse sur les cours des JB irlandais, d’autant qu’il y aurait des stocks importants de viande congelée dans les frigos irlandais. En deux mois, la cotation du JB R a perdu 18 centimes (3,39 €/kg éc en semaine 9 ; -8% /2018 et -5% /2017) quand celle du JB O en a perdu 17 (3,23 €/kg ; -11% /2018 et -8% /2017).
ESPAGNE : prix sous pression
En Espagne, la baisse drastique des exportations de JB finis vers la Turquie a mis les prix sous pression au second semestre de 2018. Les exportations de JB finis vers la Turquie, qui frôlaient les 12 000 têtes en juillet 2018, sont désormais nulles depuis octobre dernier.
Ces animaux, non exportés en vif, ont participé à l’importante hausse des abattages espagnols de mâles non castrés enregistrés au dernier trimestre de 2018 (+10% /2017).
Depuis, les cours du JB peinent à se redresser. Début mars, le JB R espagnol cotait 3,72 €/kg de carcasse, soit 19 centimes de moins que l’année dernière à pareille époque (-5% /2018).
Viandes bovines » Femelles » France »
offre en retrait, remontée des cours
Contrecoup des réformes anticipées en 2018, l’offre de femelles est en net retrait et les prix repartent à la hausse.
Forte baisse des sorties de femelles
D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, les abattages de vaches ont reculé en février (-3% /2018 pour les vaches laitières sur les 4 semaines du mois et -6% pour les vaches de type viande), de même que ceux de génisses (-2%). Au total, les abattages de gros bovins enregistrent un recul de 4%. Ce retournement de tendance, déjà perceptible depuis décembre dernier, est le résultat des abattages massifs réalisés en 2018 qui ont conduit à une baisse significative du cheptel.
Au 1er février, le cheptel français de vaches laitières était en baisse de 0,9% /2018 et celui de vaches allaitantes en recul de 1,7%. Les génisses en âge d’intégrer le troupeau étaient quant à elles très peu nombreuses (-7% pour les génisses laitières de 18-36 mois et -3% pour les génisses de race à viande de 18-36 mois), ce qui limitera fortement les réformes en 2019.
Les prix se redressent
Les cotations des vaches ont gagné entre 7 et 16 centimes sur les 10 premières semaines de l’année. Début mars, la vache U cotait 4,43 €/kg de carcasse (+3% /2018 ; +1% /2017), la vache R 3,81 €/kg (+4% / 2018 et +1% /2017) et la vache O 3,18 €/kg (+1% /2018 ; = /2017). La baisse des effectifs et la bonne orientation des cours dans les pays voisins (sauf en Irlande) devraient permettre de maintenir la hausse des cours dans les prochaines semaines.
Plus de viande bovine écoulée sur le marché français en 2018
La consommation française de viande bovine calculée par bilan par le SSP s’est élevée à 1,55 million de tonnes équivalent carcasse en 2018, un niveau égal à celui de 2016 et supérieur de 1,6% au niveau de 2017.
La hausse des volumes abattus en France (+17 000 téc /2017) s’est ajoutée à la hausse des volumes importés (+9 000 téc), alors que les volumes exportés – à retrancher du bilan – n’ont que peu progressé (+3 000 téc). Ce surplus de disponibilités a probablement été écoulé en restauration hors domicile, les chiffres du panel d’achats des ménages indiquant une baisse des volumes achetés tant en GMS qu’en boucherie traditionnelle.
Viandes bovines » Femelles » Europe »
Un cheptel européen en baisse pour une production 2019 en retrait
Conséquence de la sécheresse qui a sévi en Europe l’an dernier et qui a donné lieu à des réformes massives, le cheptel reproducteur européen affichait une baisse annuelle de 1,3% en décembre 2018. Ceci ne sera pas sans effet sur la production 2019.
Près de 500 000 vaches perdues en un an
D’après les dernières données de cheptel publiées par Eurostat, l’UE-28 a perdu 475 000 vaches entre décembre 2017 et décembre 2018, dont 374 000 vaches laitières et 101 000 vaches allaitantes. A 35,1 millions de têtes, le cheptel reproducteur européen est ainsi à son plus bas niveau enregistré depuis l’entrée des « nouveaux » États membres de l’Est en 2004.
Moins de vaches laitières dans tous les États membres, sauf en Irlande et en Pologne
Le cheptel de vaches laitières, plus exigeant en fourrage, a été le plus impacté par la sécheresse. Il est tombé à 22,9 millions de têtes (-1,6% /2017 et -2,5% /2016). Presque tous les États membres ont été impactés, mais les plus grosses chutes ont eu lieu en Italie (-100 000 têtes), en Allemagne (-98 000 têtes) et en France (-44 000 têtes). Les Pays-Bas affichent la plus forte baisse (-113 000 têtes) en raison de la mise en conformité avec la réglementation sur les émissions de phosphates. Seules la Pologne et l’Irlande ont enregistré des hausses de cheptel. La Pologne (+61 000 vaches) récupère après un point bas en 2015-2016. En Irlande, les conversions de la viande vers le lait se poursuivent (+26 000 vaches laitières pour -36 000 vaches allaitantes).
Vaches allaitantes : la France compte pour les 2/3 de la baisse
Le cheptel européen de vaches allaitantes est retombé à 12,2 millions de têtes (-0,8% /2017 et -1,1% /2016). Sur les 101 000 vaches perdues, la France en a vu disparaître 64 000 et l’Irlande 36 000. Le cheptel espagnol s’est maintenu grâce à une valorisation relativement bonne des veaux jusqu’à l’automne dernier.
Globalement, l’ancienne UE-15 a perdu 155 000 vaches allaitantes en un an, alors que les « nouveaux » États membres de l’Est en ont gagné 54 000. Ces derniers ne sont pas loin de totaliser 1 million de têtes. Le développement de l’engraissement en Pologne et les ventes de broutards vers la Turquie et Israël dynamisent en effet la production allaitante dans ces pays.
Viandes bovines » Femelles » Europe »
Les cours des vaches remontent, sauf en Irlande
Après un afflux au second semestre 2018, les réformes de vaches se sont fortement ralenties en Europe, ce qui permet aux cours de remonter. Seule l’Irlande voit ses prix reculer encore en raison d’abattages dynamiques en début d’année, de stocks de viande congelée toujours étoffés et des incertitudes sur les règles d’accès au marché britannique suite au Brexit. En Pologne, les prix qui avaient plongé suite au dernier scandale ont déjà regagné quelques centimes.
ALLEMAGNE : reprise des cours grâce à des abattages en retrait
En Allemagne, la baisse des abattages, le maintien de la demande pour la viande de bœuf en particulier pour la transformation, ainsi que la hausse du prix du porc, ont permis aux cours des vaches de regagner plus de 10 centimes depuis le début de l’année. La cotation de la vache O est remontée à 2,72 €/kg de carcasse début mars. Elle reste toutefois à un bas niveau (-12% /2018 et -3% /2017) étant donnée la baisse vertigineuse qu’elle avait subi tout au long du second semestre 2018.
Les abattages de vaches sur les 9 premières semaines de l’année sont en retrait par rapport aux années précédentes (-2% /2018 et -5% /2017). D’après les experts allemands, et compte tenu de l’état du cheptel (voir l’article sur les cheptels), la production de viande bovine en Allemagne devrait baisser de près de 2% en 2019.
POLOGNE : Les prix remontent après la crise de février
En Pologne, les cours ont chuté brutalement début février suite à la révélation de l’abattage de vaches malades sans contrôle vétérinaire dans un abattoir polonais. La cotation de la vache O avait alors perdu 16 centimes en 2 semaines pour tomber à 2,52 €/kg. Depuis, elle s’est presque rétablie, remontant à 2,60 € début mars. Si la confiance revient, les prix continueront à augmenter dans le sillage des prix européens.
La production polonaise devrait encore augmenter en 2019, de l’ordre de 2 à 3% d’après les experts polonais. En effet, les cheptels étaient en hausse en fin d’année (voir l’article sur les cheptels).
IRLANDE : abattages dynamiques et prix en baisse
En Irlande, les prix poursuivent leur dégringolade sous la pression de l’offre. La cotation de la vache O a encore perdu 10 centimes depuis le début de l’année pour tomber à 2,66 €/kg (-19% /2018 et -12% /2017), alors que les prix remontent au Royaume-Uni.
Outre les incertitudes liées à la situation de marché post-Brexit, les abattages de vaches restent très dynamiques en Irlande (+7% / 2018 sur les 10 premières semaines de l’année) et les stocks de viande congelée seraient au plus haut faute de débouché.
Viandes bovines » Maigre »
L’offre limitée soutient les cours
Les cours des broutards français se maintiennent à un bon niveau en raison d’une offre limitée et d’une demande stable à l’export. Les exportations de femelles continuent de progresser. Le net recul des naissances en janvier interpelle.
Des cotations toujours bien orientées
Les cours des broutards démarrent l’année 2019 sur de bonnes bases. L’offre globalement limitée rencontre une demande assez ferme des engraisseurs français et italiens. Les cotations se maintiennent à des niveaux proches de 2018. En semaine 10 le mâle charolais type Italie U de 450 kg cotait 2,53 €/kg vif (+1% /2018) et le mâle charolais type France U de 350 kg 2,78 €/kg vif (+1% /2018). Constat similaire en race limousine : le mâle de 300 kg cotait 3,03 €/kg vif en semaine 10, soit 1 centime de moins qu’en 2018.
Les cotations des femelles traduisent le dynamisme sur ce marché depuis plusieurs années en lien avec le développement de l’engraissement de femelles en France et surtout en Italie. En semaine 10, la Charolaise U de 270 kg atteignait 2,66 €/kg vif, soit +2% /2018, +7% /2017 et +12% /2016. Sur la même semaine, la Charolaise U de 400 kg a atteint 2,53 €/kg vif soit +3% /2018, +8% /2017 et +12% /2016. Le constat est moins tranché en race limousine même si le marché reste bien orienté. En semaine 10, la Limousine E de 270 kg cotait 2,79 €/kg vif soit le même prix qu’en 2018, mais +2% par rapport à 2017 et 2016.
Des naissances limitées
En janvier 2019 les naissances de veaux de mère allaitante ont de nouveau reculé (-4% /2018 et de -9% /2017). Soit le 3ème mois consécutif de repli des naissances allaitantes d’une année sur l’autre (-1,4% en novembre, -0,7% en décembre). Ce recul est préoccupant, comparé à la campagne précédente (2017/2018) déjà très dégradée. La chute des naissances s’explique avant tout par le repli du cheptel français (voir article femelles en France) à l’œuvre depuis 18 mois. Il est également amplifié par la FCO, dont le sérotype 8 aurait provoqué de nombreuses naissances de veaux non viables durant l’hiver 2018/2019, selon le GDS de la Creuse.
Une demande à l’export ferme en Italie
Après une très bonne performance en décembre 2018 (92 000 têtes toutes destinations confondues, +10% /2017), les exportations de broutards se sont repliées en janvier. D’après les données de la BDNI : 68 300 mâles allaitants de 4 à 16 mois ont été exportés (-9% /2018) et 39 500 femelles allaitantes (-2% /2018). Au total les exportations ont reculé de 5% par rapport au très bon mois de janvier 2018.
Les exportations de broutards devraient progresser dans les prochaines semaines. D’un côté, les stocks de mâles de 6 à 12 mois sont plus étoffés qu’en 2018 (728 000 animaux soit +1,5% /2018), mais moins élevés que le haut niveau de 2017 (-2%). De l’autre, l’accélération des abattages de JB en Italie devrait stimuler la demande de broutards français. Les cours devraient en conséquence s’apprécier modérément par rapport à leur bon niveau actuel.
La Turquie a importé plus de broutards que l’Italie en 2018
Depuis 2016, la Turquie compte sur les importations de broutards pour satisfaire la demande sur un marché intérieur largement déficitaire. En 2018, malgré l’intensité de la crise financière qui a frappé l’économie et provoqué une forte inflation (15% d’inflation générale, 31% d’inflation alimentaire), les importations de broutards ont battu des records. La Turquie a en effet importé 1 210 000 broutards ; près du double qu’en 2017 ! La majorité des animaux sont venus d’Amérique du Sud : avec 573 000 animaux brésiliens (x4 /2017) et 414 000 animaux uruguayens (+51% /2017). La Turquie a également importé 187 000 animaux européens en 2018 (+4% /2017), venus principalement d’Europe de l’Est.
Cette envolée des importations s’explique par le prix très faible des animaux sud-américains (entre 1,0 € et 1,5 € du kg vif au départ du Brésil) combiné à la dévaluation du real brésilien et du peso uruguayen courant 2018 qui compense en partie la chute de la livre turque.
Ces importations impressionnantes, supérieures au total italien en 2018, devraient toutefois être plus modestes en 2019. Probablement pour prévenir un encombrement du marché, l’État turc a décidé un arrêt brutal des importations de tous les bovins vivants début janvier 2019. Il est difficile de prévoir la date et les conditions de réouverture du marché.
Viandes bovines » Veaux de boucherie »
Dégradation marquée des cours
Pourtant bas début 2019, les cours des veaux gras ont amorcé une chute précoce et marquée courant février. La consommation en berne, malgré les promotions du festival du veau, et la hausse de la production européenne pèsent sur le marché. Les intégrateurs limitent les mises en place à l’approche des beaux jours.
Chute précoce des cours
L’année 2019 avait démarré avec un marché lourd se traduisant par des cours bas. La tendance s’accentue sur les dernières semaines avec une cotation du veau rosé clair O élevé en atelier qui chute à 5,68 €/kg en semaine 9 (-3,5% /2018). Face à une offre stable, lla météo pré-printanière du mois de février expliquerait la baisse de la consommation des ménages alors même que le festival du veau (période de promotion en magasins) bat son plein, avec un succès mitigé. de plus, les exportateurs néerlandais sont braderaient d’importantes disponibilités. La filière peut espérer une stabilisation des prix à condition d’une météo plus hivernale et d’une bonne demande pour la période de Pâques.
Abattages stables grâce aux importations de vifs finis
En janvier, les abattages sont au même niveau qu’en 2018 avec 107 900 têtes et en légère augmentation en volume (+1% /2018) du fait de l’alourdissement des carcasses (142 kéc en janvier soit +1% /2018). Cette stabilisation intervient après une progression des effectifs au dernier trimestre 2018 (+2,5% /2017 sur 3 mois) qui a maintenu la production annuelle au même niveau qu’en 2017.
Les importations de veaux gras prêts à abattre sont toujours élevées début 2019. En 2018, les effectifs importés ont été multipliés par 4 /2017, atteignant 44 000 têtes. Ils ont ainsi compensé la baisse structurelle des effectifs engraissés en France (-2 % /2017), mais ils sont en grande partie réexpédiés sur la Belgique. La part de veaux gras élevés en France est de 95% des veaux abattus sur les six derniers mois.
Offre européenne tirée par la production néerlandaise
En Belgique, la production abattue en 2018 a décroché de 22 000 têtes en un an (-6% /2017). Cette chute, imputable au développement des flux en vif vers la France, masquerait une légère progression de la production nationale de veaux gras.
Aux Pays-Bas, l’année 2018 s’est conclue par une accélération de la croissance de la production abattue (+15% /2017 en décembre), portant la production annuelle à 230 000 téc (+11% /2017). Après une pause à 207 000 téc en 2016 et 2017, la production est relancée car elle toujours attractive pour les éleveurs et rentable pour les intégrateurs.
Des marchés lourds dans toute l’UE
La production supplémentaire a fortement pesé sur le marché européen du veau, plus particulièrement au second semestre 2018, malgré la conquête de marchés extra-européens par les abatteurs néerlandais. Au 2nd semestre 2018, le cours du veau de boucherie pie-noir néerlandais était en moyenne -4% sous son niveau de 2017. L’impact a été plus tardif sur le marché français avec, au dernier trimestre 2018, un prix moyen pondéré des veaux de boucherie français en recul de -3% par rapport à 2017 et 2016.
Viandes bovines » Veaux nourrissons »
Cours déprimés
Malgré des naissances ralenties, le marché du petit veau s’est alourdi et les cotations stagnent début 2019. L’engraissement en France est en recul et le marché espagnol est moins dynamique depuis la réduction des flux de JB finis espagnols vers la Turquie.
Stagnation des naissances
En janvier, les naissances de veaux de race laitière sont au même bas niveau qu’en 2018 avec 217 000 têtes (= /2018, -5% /2017 et -6% /2016). Ces faibles naissances s’expliquent d’une part par le recul structurel du cheptel français, accentué par la décapitalisation liée à la sécheresse de l’été 2018. D’autre part, par la multiplication des cas de FCO, dont le sérotype 8 aurait provoqué des naissances de veaux non viables durant l’hiver 2018/2019, selon les GDS.
En janvier, la progression de la part de veaux croisés lait-viande se poursuit avec 20% des veaux nés de mère laitière et de père allaitant, contre 19% en 2018,18% en 2017 et 16% en 2016.
Pas de hausse saisonnière des cotations
En semaine 10, le cours du veau mâle laitier de 45-50 kg stagne à un très bas niveau de 75 € /tête (-31% /2018). Malgré des vêlages ralentis, le marché du veau gras, principal débouché pour ces animaux, est toujours encombré. Les intégrateurs peinent à écouler l’ensemble de la production, surtout depuis le 2nd semestre 2018, du fait de la consommation en berne et de la concurrence néerlandaise. Ils ont en conséquence fortement ralenti les mises en place en prévision de l’été.
De plus, la demande ibérique en petits veaux pour l’engraissement a fléchi ces derniers mois, en raison de la réduction des importations turques de JB finis espagnols. En conséquence et à l’image du cours des JB, le cours du veau frison espagnol de moins d’un mois chute depuis janvier, à 73 €/tête en semaine 9, soit -19% /2018 et -31% /2017. La tendance s’est ainsi inversée après deux années de cotations élevées pour les petits veaux espagnols.
Des exports moins dynamiques
L’exportation de 32 700 petits veaux en janvier 2019 représente une légère baisse par rapport au record 2018 (-3%) mais une forte hausse par rapport à 2017 (+23%). Malgré la quasi-fermeture du débouché turc, le marché espagnol continue d’absorber 95% des envois français.
Très élevés au 1er semestre, les envois 2018 de petits veaux français avaient ralenti au 2nd, mais à des niveaux toujours élevés. La tendance devrait se poursuivre dans les mois à venir.