Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 331 Septembre 2021 Mise en ligne le 14/09/2021
Lait de vache
Conjoncture robuste sauf en lait bio
Après avoir sensiblement fléchi au 2ème trimestre, les cours des produits laitiers sont mieux orientés depuis juillet sous l’effet d’une production laitière moins dynamique dans les grands bassins exportateurs et d’une demande internationale toujours ferme.
Cet été, la collecte a piétiné dans l’UE-27 et en France, malgré la production fourragère abondante. Le prix du lait se redresse, mais l’impact parait neutralisé, au moins en France, par la hausse des prix des intrants.
En revanche, la collecte de lait bio croît fortement et devrait continuer de progresser à un rythme soutenu dans les prochains mois, au regard des nombreuses conversions en cours. Ce dynamisme exceptionnel provoque un surplus d’offre préoccupant face à une demande des ménages qui marque le pas depuis le début de l’année.
Envol de la collecte lait bio qui dépasse la demande
La consommation de produits laitiers biologiques est en recul sur 2021. Au contraire, la collecte de lait bio croît fortement, et devrait continuer de progresser à un rythme soutenu dans les prochains mois, au regard des nombreuses conversions en cours.
Sur le premier semestre 2021, la collecte de lait biologique française (659 000 t), forte d’une croissance très forte (+11% / 2020 soit +65 700 t /2020), a dépassé la collecte allemande (648 000 t) pour la première fois. Parmi les principaux producteurs bio européens, la France est le seul à avoir connu une telle hausse de sa collecte, qui est restée mesurée en Autriche (+1% /2020), au Danemark (+4%) et en Suède (+2%).
Cette croissance trouve d’abord sa source dans le nombre très important de nouvelles conversions intervenues cette année (environ 300 entre juin 2020 et 2021, soit une hausse de +7%). Sur les +11% de volumes supplémentaires depuis le début de l’année, 8 à 9 points seraient imputables à ce seul phénomène. En effet, les exploitations néo-converties se caractériseraient par une taille plus importante que la moyenne des élevages bio (près de 450 000 litres annuels par livreur selon l’étude de conjoncture lait bio du CNIEL, contre 285 000 litres pour les exploitations déjà converties en juin 2020).
Sur le seul mois de juin, la hausse est encore plus prononcée (+16% /2020, à 113 000 t), en raison de la très bonne pousse de l’herbe au printemps, dont la production des élevages bio est particulièrement météo-sensible. Le bond de production provient des deux principales régions productrices : la Bretagne (+18,3%), et les Pays de la Loire (+22,5%). Cette croissance représente un surplus de +15 millions de litres sur le seul mois de juin. Elle est d’autant plus surprenante qu’elle intervient dans un contexte où certains acteurs, à l’image de Biolait, ont appelé à une régulation des volumes pour le printemps.
Entre mai 2021 et octobre 2022, selon le CNIEL, les conversions en cours devraient amener l’équivalent de +170 millions de litres supplémentaires annuels (+14%) sur le marché biologique.
Cette croissance de la collecte se traduit par une inadéquation entre offre et demande de lait bio, puisque la consommation de produits laitiers biologiques a dans le même temps marqué un coup d’arrêt. Selon les données du panel Kantar, les ventes de bio ont reculé sur toutes les gammes lors du premier semestre (en volume de -10% /2020 pour le lait liquide, -5% sur les fromages, -4% sur les yaourts, -5% sur le beurre, -12% sur la crème). Une partie de ce fléchissement des ventes en volume est certes imputable à l’effet confinement, qui avait profité à l’ensemble des produits laitiers début 2020, mais la part de marché du bio régresse également sur toutes les gammes.
Les volumes de laits conditionnés et yaourts bio vendus seraient même repassés en-dessous des volumes écoulés au premier semestre 2019 (respectivement-8% et -2%), tandis que ceux de la crème bio ont retrouvé le niveau de 2019.
Lait de vache » Collecte laitière »
Peu dynamique dans l’UE-27 malgré la remontée du prix du lait
La collecte piétine en France et en Europe (fléchissement en juillet d’après AMI), malgré la bonne année fourragère. Le prix du lait se redresse, mais l’impact parait neutralisé, au moins en France, par la hausse des prix des intrants. La collecte française est en retrait sur le premier semestre malgré l’embellie du printemps.
Sur le premier semestre 2021, la collecte française s’est établie à 12,5 Mt, en recul de -117 000 t /2020 (soit -0,9%). Le redressement des livraisons observé au printemps n’a pas permis de compenser le déficit du début d’année.
Cette baisse concerne l’ensemble des bassins, sauf la Bretagne dont la collecte a été stable, et la Normandie (+0,7% /2020). Les plus fortes baisses sont à mettre à l’actif du bassin Sud-Ouest (-4,2% /2020) et du bassin Nord-Picardie (-2,5% /2020).
En juin, la collecte française s’établit à 2,036Mt (+0,8% /juin 2020). La progression est due à la forte croissance sur le lait bio (+16% /2020), qui a plus que compensé le recul du conventionnel (hors SIQO hors bio) de -0,9% /2020. La baisse structurelle du nombre d’exploitations (-4% /2020), couplée au basculement de la production vers le marché biologique des nouveaux convertis sur l’année (environ 300 livreurs, soit 0,7% des exploitations non bio), explique en grande partie ce recul.
En juillet, malgré de très bonnes disponibilités fourragères, la collecte nationale serait repassée sous le niveau de juillet 2020 (d’environ -1,6%), se situant à un niveau équivalent à 2018. Ce recul est à relativiser, car la collecte de juillet 2020 avait connu un rebond inhabituel.
La collecte européenne demeure en légère hausse en juin, mais recule en juillet
En juin, la collecte européenne n’a que faiblement augmenté (+0,6% /2020), enchainant un 4ème mois consécutif de hausse après le décrochage du début d’année. L’Irlande a conservé une croissance soutenue, mais inférieure aux mois précédents (+3,7% /2020, soit +39 000 t). L’Italie est l’autre pays moteur de la hausse de collecte (+3,5% /2020, +33 000 t) . Le ralentissement de la croissance européenne s’explique notamment par la rechute des collectes allemande et néerlandaise (respectivement -1,3% et -2,3% /2020).
En juillet, d’après AMI, les livraisons de lait dans l’UE-27 sont tombées en dessous du niveau de l’année précédente (-0,7% /2020). Les collectes française et allemande ont notamment reculé, malgré une pousse de l’herbe nettement excédentaire sur leur territoire (d’après le Pasture Productivity Index du JRC).
Sur le premier semestre, la collecte dans l’UE-27 a crû de +0,5% /2020 pour s’établir à 74,1 millions de tonnes, ce qui correspond à un surplus d’environ 380 000 t. L’Irlande a été la force motrice de cette hausse (+7,7% /2020, soit +346 000 t). Les 3 principaux producteurs européens ont quant à eux cédé du terrain (-0,9% /2020 en France, -1,2% /2020 en Allemagne et aux Pays-Bas).
Prix du lait : confirmation de l’absence de creux saisonnier en France
En juin, le prix standard toute qualité s’est établi à 361 €/1 000 l, en hausse de +6,3% par rapport à 2020 (+21€ /1 000 l), confirmant l’absence de l’habituelle baisse de prix saisonnière associée au pic de collecte du printemps. Il s’agit du plus haut niveau depuis 2014 pour un mois de juin.
Sur le premier semestre, le prix du lait réel n’a augmenté que de +1,5% /2020, à 375 €/1 000 l. Or, dans le même temps, l’indice des charges IPAMPA a poursuivi son emballement (+6% /2020 sur le semestre en moyenne). Selon l’observatoire des prix de la revue l’Eleveur laitier, la faible hausse de l’indice INSEE des prix de vente sortie d’usine (+8% /2020), thermomètre de la valorisation des PGC France, en serait symptomatique/responsable.
Hausse des prix souvent plus nette dans le reste de l’Europe
Le prix du lait a atteint son plus haut niveau depuis 2014 pour un mois de juin dans la plupart des pays européens, compensant en partie la hausse du coût de production. L’impact de la hausse des cours mondiaux des commodités a logiquement été le principal moteur dans les pays davantage tournés vers l’export. C’est le cas de l’Irlande (+17% /2020, +54 €/1 000 l), les Pays-Bas (+10%, +55 €/1 000 l), mais aussi l’Allemagne (+14%, +44 €/1 000 l). Le prix du lait conventionnel allemand (de même composition que le lait standard en France) s’est donc nettement rapproché du prix du lait français ces derniers mois, à 347 € /1 000 l.
La flambée des charges se poursuit et neutralise la hausse des produits
En juillet, l’indice des Prix d’Achats des Moyens de Production Agricole a gagné 0,4 pt et atteint un nouveau record historique (112,2 pts), progressant pour le 12ème mois consécutif. Entre juillet 2020 et juillet 2021, l’IPAMPA a progressé de +8,9 pts, sous l’impulsion de la flambée des 3 postes dont la volatilité impactent le plus les comptes des exploitations. Sur cette période, le prix des aliments a bondi de +13,8%, celui des énergies et lubrifiants de +17,8%, et des engrais et amendements de +25,7%.
Cette flambée des prix se traduit par un renchérissement des charges de +24 €/1 000 l /juin 2020, supérieur à la hausse du prix du lait sur la même période (+17 € en prix réel) et des co-produits viande (+4 €/1 000 l), grâce à la hausse des cours des cotations vaches O et P.
En juin, la MILC, qui s’établit à 84,85 €/1 000 l, affiche donc un repli de -4 € environ d’une année sur l’autre (-4,3% /2020). Sur 12 mois glissants, la MILC s’établit à 90,90 € /1 000 l. Elle cède 0,3 € d’un mois sur l’autre et 12 € par rapport à son niveau de l’an passé à pareille époque. Elle se situe largement sous la moyenne 2007-2019 (99 €/1 000 l). Il faut désormais remonter à août 2017 pour trouver une valeur aussi faible.
Lait de vache » France »
Reprise du commerce extérieur de la France au 1er semestre
Au 1er semestre, le commerce extérieur de la France en produits laitiers a été relancé, malgré l’érosion de la production laitière française. Les importations, qui avaient fortement fléchi en 2020, ont rebondi, tandis que les exportations ont modestement progressé en équivalent lait.
En France, les fabrications de produits laitiers ont diversement évolué au 1er semestre. Celles de produits de grande consommation (laits conditionnés, ultra-frais et beurre), principalement destinés au marché intérieur, ont fortement chuté. Les ménages ont progressivement réduit leurs achats de laits conditionnés et d’ultra-frais, avec la réouverture progressive de la restauration commerciale. En revanche, les fabrications de crème sont demeurées dynamiques (+5% /2020 au 1er semestre).
Les fabrications de fromages, stationnaires en janvier et février 2021, ont nettement repris depuis, notamment pour l’export.
Les fabrications de poudre maigre, ralenties au 1er trimestre, ont nettement repris au printemps en lien avec la reprise de la collecte française. Enfin, les fabrications de poudres grasses ont sensiblement reculé (-4%) par rapport au volume exceptionnellement élevé en 2020, et se situent ainsi entre les niveaux 2019 et 2020.
Échanges extérieurs relancés au 1er semestre 2021
Les échanges extérieurs ont été plutôt dynamiques, malgré la moindre ressource laitière.
D’un côté les exportations ont modestement progressé en équivalent lait (+2,4% /2020 selon nos estimations en MSU). Les expéditions de laits de laits vrac et de laits conditionnés ont chuté, respectivement de -24% et -31% /2020 en volume. En revanche, celles de crèmes et de laits fermentés ont bondi, respectivement de +22% et +36% /2020. Le tout contribue pour 10% des exportations totales en valeur.
Les expéditions de fromages, qui contribuent pour 40% des exportations totales (valeur), ont repris au 2ème trimestre, après un tassement au 1er trimestre 2021, et ainsi progressé de +1% /2020 en volume et de +4% en valeur.
Enfin, les exports d’ingrédients secs (poudres grasses, poudre maigre, lactosérum et caséines) ont faiblement progressé en volume, mais marqué le pas en valeur, respectivement +2% et -1% /2020.
En somme les exportations de produits laitiers ont faiblement progressé en valeur (+3% /2020 à +3,72 Mrds € au 1er semestre 2021.
Les exportations de la France sur pays tiers, Royaume-Uni compris, ont davantage progressé (+5% en valeur) que celles vers les autres pays membres de l’UE, si bien que les premières égalent presque les secondes au 1er semestre 2021.
Amorcé en 2020, le recul des ventes de produits laitiers au Royaume-Uni, s’est prolongé au 1er semestre 2021 (-3% /2020), si bien ce marché britannique est rétrogradé derrière la Chine qui occupe désormais la troisième place derrière la Belgique et l’Allemagne.
Les importations de produits laitiers ont davantage progressé en valeur (+5% d’une année sur l’autre) à +2,0 Mrds € au 1er semestre, après avoir à l’inverse nettement reflué sur la même période en 2020 (-7% /2019). Les volumes correspondants, en équivalent lait de vache, ont augmenté de +15% /2020.
Le reflux des importations de laits liquides, vrac comme conditionnés, s’est poursuivi respectivement de -27% et -34% /2020 en volume, sous l’effet de la poursuite de la logique de nationalisation de l’approvisionnement en lait de vache. Les importations de beurre et de crème ont repris leur hausse tendancielle. Enfin et surtout, les importations de fromages ont fortement progressé en volume ( +45% /2020 à 280 000 t) et plus faiblement en valeur (8%), car les importations supplémentaires sont surtout des fromages de moindre valeur unitaire, essentiellement des fromages italiens, et secondairement des fromages ingrédients. Ainsi, le solde commercial en fromages a été divisé par trois en volume à 45 000 t, mais n’a baissé que de -2% en valeur à +555 millions d’euros. La valeur moyenne des fromages exportés s’établit à 4,67 €/kg quand celle des imports est tombée à 3,40 €/kg.
L’excédent commercial en produits laitiers s’est modestement amélioré, de moins de +1%, à 1,73 Mrd €, dont la moitié provient des échanges d’ingrédients secs et un petit tiers de celui des échanges de fromages.
Net reflux des ventes de produits laitiers vendus aux ménages depuis mars 2021
Amorcé au 1er semestre, le report de consommation des ménages vers la RHD, suite à la réouverture de la restauration commerciale, s’est poursuivi en juillet. Toutes les ventes en GMS sont dans le rouge d’une année sur l’autre en période 8 (28 juin au 26 juillet 2021) comme sur les trois dernières périodes. Sur douze mois glissants, seules les ventes de de fromages, de crème et de desserts frais sont encore croissantes d’une année sur l’autre. Cependant, les ventes en GMS (valeur comme volume), demeurent globalement positives comparées aux performances enregistrées en 2019 dans les mêmes circuits.
Lait de vache » Marché des produits laitiers »
Fermes et solides
Après avoir sensiblement fléchi au 2ème trimestre, les cours des produits laitiers sont mieux orientés depuis juillet sous l’effet d’une production laitière moins dynamique dans les grands bassins exportateurs et d’une demande internationale toujours ferme, stimulée par la reprise économique mondiale.
Depuis juin, la production laitière est globalement moins dynamique dans les principaux bassins excédentaires. En juillet, elle a sensiblement reculé dans l’UE-27 et plus fortement en Australie (-3% /2020). En revanche, elle demeure croissante aux Etats-Unis (+2%) et en Argentine (+3%). Enfin, en Nouvelle-Zélande, le fort dynamisme de la collecte en début de campagne a peu d’impact sur les disponibilités compte tenu des faibles volumes en jeu.
Le prix du lait, certes bien orienté, ne semble plus aussi stimulant sur la production, face à la hausse encore plus forte des prix intrants (aliments, énergie).
Le ralentissement de la croissance de la production laitière agrégée des 6 principaux pays exportateurs, lors du creux saisonnier de production, s’est répercuté positivement sur les marchés des produits laitiers.
Cours des ingrédients laitiers de nouveau bien orientés
Les cours des produits laitiers sont de nouveau bien orientés à veille de la reprise de la production laitière néo-zélandaise. Sur la plateforme Global Dairy Trade, les prix des enchères dans toutes les familles de produits se sont appréciés depuis juillet.
Le marché du beurre retrouve de la fermeté début septembre, après avoir sensiblement molli durant l’été. Les disponibilités sont globalement peu abondantes et les opérateurs se montrent attentistes à la veille de la reprise de la production néozélandaise. Dans l’UE-27, le prix du beurre est repassé au-dessus de 4 000 €/t fin août après avoir cédé 200 € depuis la mi-juin. En Nouvelle-Zélande, il a baissé d’autant durant l’hiver austral, pour s’établir à 3 700 €/t en août. Aux États-Unis, il s’est moins émoussé sur la même période (-100 €/t), mais demeure bien moins cher (3 150 €/t).
Le prix moyen de la poudre maigre est de nouveau haussier depuis fin juillet (+100 € en 6 semaines) après s’être émoussé en juillet. Il est remonté à 2 574 €/t début septembre. Aux Etats-Unis, le cours a connu la même évolution, mais à 2 420 €/t en août, il n’a pas retrouvé son niveau de juin 2021 malgré des fabrications en repli et moins abondantes qu’en 2020 à pareille époque. Toutefois, les disponibilités étatsuniennes demeurent les plus compétitives sur la scène internationale. Au départ de Nouvelle-Zélande, le cours de poudre maigre a chuté de -300 €/t en deux mois à 2 600 €/t en août.
Le marché des fromages est demeuré plus robuste
Les cours des fromages est d’une grande stabilité dans l’UE-27. Ils n’ont pratiquement pas varié depuis juin dernier, signe d’un bon équilibre des marchés. En revanche, le cours du cheddar a rebondi aux Etats-Unis (+400 €/t en 3 mois à 3 840 €/t), où le dynamisme des fabrications parait mieux ajusté à la reprise de la demande intérieure, encore plus forte. En Nouvelle-Zélande, le cours du cheddar s’est à l’inverse légèrement déprécié dans le sillage du cours du beurre.
Enfin, le cours de la poudre de lactosérum est moins tendu. Il a reculé de 70 €/t en deux mois à 930 €/t début septembre (cotation ATLA de la poudre de lactosérum destinée à l’alimentation animale).
Évolution contrastée des fabrications européennes
Le ralentissement de la collecte européenne durant l’été s’est probablement répercuté sur les fabrications de poudre lait au regard des évolutions constatées au 1er semestre.
Au 1er semestre, la faible croissance de la collecte européenne (+0,6% /2020 en juin et +1,2% au 2ème trimestre) s’est accompagnée d’une évolution contrastée des fabrications. Celles de laits conditionnés et de laits fermentés ont légèrement reculé au 1er semestre, probablement sous l’effet de moindres achats des ménages parallèlement à la réouverture de la restauration commerciale. Celles de crème sont demeurées en revanche très dynamiques.
Les fabrications de fromages ont progressé en dents de scie (+3% /2020 au 1er semestre). Après avoir plafonné début 2021, elles ont été relancées de mars à mai, puis sont retombées en juin au niveau de 2020.
Faiblement décroissantes (-1% /2020 sur 6 mois), les fabrications de beurre ont suivi une trajectoire parallèle à celles de l’an dernier sur la même période.
Enfin, les fabrications de poudre maigre sont contenues faute de ressources, tandis que celles de poudres grasses sont demeurées ralenties faute de compétitivité face aux fabrications océaniennes.
Des exportations européennes au mieux stationnaires au 1er semestre
Au 1er semestre, les exportations européennes ont globalement marqué le pas d’après nos estimations (-1% /2020 en équivalent lait). Elles ont évolué diversement selon les produits.
L’UE-27 a surtout accru ses exportations de fromages (+7% /2020 portées à 480 000 t sur 6 mois), qui ont fortement progressé vers la Chine (+80% à 22 000 t), les États-Unis (+18% à 61 850 t), mais aussi vers le Canada (+23%) et l’Ukraine. En revanche, elles ont nettement fléchi vers le Royaume-Uni (-11% à 158 000 t), surtout au 1er trimestre, et ont reculé significativement vers le Japon et la Corée du Sud, respectivement -7% et -5%.
L’UE-27 a ainsi tiré parti de la forte demande internationale en fromages dont les échanges internationaux auraient progressé au 1er semestre de +9% /2020, d’après ATLA. La Nouvelle-Zélande a davantage accru ses expéditions grâce à des fabrications exceptionnellement dynamiques au 1er semestre (+20% /2020 à près de 2198 000 t). En revanche, les États-Unis les ont faiblement accrues, malgré une forte reprise des fabrications dont les volumes supplémentaires ont été orientés sur le marché intérieur.
L’UE-27 a aussi fortement accru ses expéditions de poudre de lactosérum (+10% /2020 à 354 000 t), principalement à destination de la Chine (+40% à 98 000 t). Elle est talonnée par les Etats-Unis qui enregistrent un sursaut encore plus fort de ses expéditions (+24% à 286 000 t), en premier lieu vers la Chine où la reprise de la production porcine a relancé les fabrications d’aliments du bétail à base notamment d’ingrédients importés. Ainsi le bond des échanges internationaux de poudre de lactosérum, de +13% /2020 au 1er semestre, a été totalement capté par la Chine qui accru ses achats de 122 000 t au 1er semestre (+45% /2020 à 396 000 t).
En revanche, les exportations de beurre de UE-27 ont nettement fléchi surtout au printemps (-23% /2020 à 110 000 t) faute de disponibilités. Face à une demande européenne ferme, les importations de beurre ont bondi (x3), mais sur des volumes faibles portées à 6 000 t sur 6 mois. Malgré la progression des expéditions australiennes et états-uniennes, en somme modeste, les échanges internationaux ont fléchi de -7% au 1er semestre, la Nouvelle-Zélande ayant aussi réduit ses envois.
De même, les exportations de l’Ue-27 en poudres grasses ont plafonné aux niveaux de 2018 et 2019, reculant ainsi de 8% d’une année sur l’autre. Grâce à une ressource laitière plus abondante que les années passées au 1er semestre, la Nouvelle-Zélande a fortement accru ses expéditions (+15% à 883 000 t) et fourni la totalité des volumes supplémentaires échangés sur le marché mondial sur la même période (+9% à 1,08 million de tonnes).
Enfin, les exportations de poudre maigre ont été stables, malgré le tassement des fabrications avec des évolutions contrastées selon les destinations : décroissantes vers Algérie (-36%), l’Égypte (-19%), mais dynamiques vers Chine (+27%), Philippines (+60%), Yémen (+16%), Indonésie (+91%). Les États-Unis ont fourni l’essentiel des volumes supplémentaires échangés sur le marché (+6% /2020 au 1er semestre 2020.
Dans les prochains mois, les cours des produits laitiers devraient pour le moins se maintenir, tant que les cours des grains et de l’énergie demeureront élevés. Aux Etats-Unis, la dégradation de la marge alimentaire pourrait ralentir la croissance de la production laitière. Dans l’UE-27, la reprise de la production laitière s’annonce modeste, malgré des fourrages abondants, tant que la hausse des charges neutralisera celle du prix du lait. Et en Nouvelle-Zélande, la reprise demeure très tributaire des conditions climatiques. En somme, la fermeté de la demande internationale devrait absorber sans heurts majeurs le lait supplémentaire issu des grands bassins laitiers.