Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 362 Juin 2024 Mise en ligne le 24/06/2024

Lait de chèvre et viande

Maintien du prix du lait en France, forte baisse en Espagne et aux Pays-Bas

Alors que la collecte de lait de chèvre est en retrait sur ce début d’année 2024 par rapport à 2023, les signes d’une timide reprise de la consommation apparaissent dans les données d’achats des ménages. Cela se traduit par des fabrications dynamiques de fromages et d’ultra-frais au lait de chèvre. Alors que les charges décroissent lentement, le prix du lait français se maintient légèrement au-dessus de son niveau de 2023. Chez nos voisins espagnols et néerlandais, la situation semble plus compliquée, avec un prix du lait en fort recul.

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Bonne dynamique des fabrications de produits au lait de chèvre

En avril, l’approvisionnement total des transformateurs en lait de chèvre s’est établi à un peu plus de 58 millions de litres, en léger retrait d’une année sur l’autre (-0,3% /2023), les importations venant en partie compenser la baisse de la collecte. Côté fabrications, les produits ultra-frais sont toujours dans une bonne dynamique tandis que l’activité a repris pour les fromages.

Collecte de lait de chèvre toujours en retrait

La collecte nationale poursuit son évolution en-deçà de son niveau de 2023. Avec 54,3 millions de litres de lait en avril, elle est en retrait de -2% /2023. D’après l’enquête hebdomadaire de FranceAgriMer, la tendance se poursuit en mai. En cumul sur les quatre premiers mois de l’année, la collecte de lait de chèvre s’est élevée à 162,3 millions de litres (-1,8% /2023, hors correction de l’effet année bissextile). Les conditions climatiques, la qualité des fourrages et les difficultés à apporter du vert expliquent ce recul.

Depuis le début de l’année, les dynamiques sont très différentes d’une région à l’autre. En cumul sur quatre mois, la collecte a augmenté de +4% /2023 en Pays de la Loire, tandis qu’elle est en retrait dans les autres régions : -3% en Nouvelle-Aquitaine, -3% en Occitanie, -4% en Centre-Val de Loire et – 4% en AURA (chiffres non corrigés de l’effet année bissextile).

Les importations de produits de report étaient en hausse en avril 2024 par rapport au même mois de 2023, à 4,3 millions de litres équivalent lait (+20% /2023), mais légèrement inférieures à celles de mars (-3% /mars 2024). En cumul de janvier à avril, elles ont atteint 16,8 millions de litres équivalent lait (-1% /2023). 2023 était déjà la plus basse des dix dernières années.

Les stocks de produits de report caprin s’élèveraient à 5 195 tonnes en avril selon FranceAgriMer, soit +10% par rapport à avril 2023, et en hausse de +21% par rapport à mars 2024, le mois précédent. Alors que la collecte a quasiment atteint son pic, et dans un contexte de consommation stable, les transformateurs ont toujours des stocks importants.

Les importations permettant d’ajuster les approvisionnements des transformateurs, ceux-ci sont stables en avril à 58,3 millions de litres (-0,6% /2023). Sur les quatre premiers mois de l’année, le recul est de -2% /2023, à 179 millions de litres.

Bonne dynamique des fabrications de fromages en avril

En avril, les fabrications de fromages de chèvre ont augmenté de +7% /2023, à 8 405 t. En cumul de janvier à avril, elles atteignent 32 400 t (+3% /2023).

L’ultra-frais poursuit sa bonne dynamique depuis le début de l’année, avec 1 370 t fabriquées en avril 2024 (+29% /2023), qui compte deux jours ouvrés de plus qu’en avril 2023, soit un cumul de plus de 5 100 t sur les quatre premiers mois de l’année (+12% /2023).
En lait de consommation, les données de fabrications ne sont plus diffusées depuis mars pour respecter le secret statistique.

Dans le détail, les fabrications de bûchettes à la pièce, 49% des volumes en 2023, ont été en léger recul en avril (-2% /2023) et sont stables en cumul de janvier à avril 2024 (-0,1% /2023). Les bûches à la coupe ont poursuivi leur dynamique, en hausse de +11,9% /2023 en avril. Les fabrications de fromages frais, en retrait en 2023, sont toujours en hausse, de +6% /2023. En cumul sur quatre mois, toutes les catégories de fromages sont stables ou en hausse.

Consommation en légère hausse au premier trimestre

Les ventes de fromages de chèvre au rayon libre-service des GMS sont en légère hausse de +1,9% sur les trois premières périodes de 2024 (jusqu’au 24 mars). Dans les faits, ce sont les marques de distributeurs, en hausse de +5,9% sur un an et de +8,6% depuis le début de l’année, qui assurent la stabilité globale des volumes. Les marques nationales sont en recul de -4,2% sur un an et -2,9% entre janvier et mars.
Côté fromages AOP, seuls le Sainte Maure de Touraine et le Rocamadour parviennent à maintenir leurs volumes (respectivement +3,6 et +0,1% en cumul annuel mobile).
En ultra-frais, les achats des ménages en GMS sont dynamiques, à l’image des fabrications, à +1,8% en cumul annuel mobile (CAM). Là encore, les marques des distributeurs (MDD) sont moteurs de la croissance en volume, à +137% en CAM contre -4,8% pour les marques nationales.

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

Stabilité du prix du lait en France, forte baisse aux Pays-Bas et en Espagne

En France, le prix du lait de chèvre en mars se maintenait juste au dessus de son niveau de 2023. Pour les livreurs espagnols et néerlandais, les prix payés accusent une forte baisse depuis le début de l’année : -7% aux Pays-Bas et -9% en Espagne en avril 2024 par rapport au même mois de 2023.

Le prix du lait de chèvre français supérieur à 2023 au 1er trimestre

À 946 € les 1 000 litres au 1er trimestre 2024 (+2% /2023), le prix moyen payé aux producteurs de lait de chèvre a enregistré une progression de +21 € par rapport à 2023 et +135 € /2022. Cette hausse du prix payé découle de la revalorisation du prix de base du lait de chèvre et de taux plus élevés en janvier.

Légère amélioration des taux en tout début d’année

En moyenne sur les trois premiers mois de l’année, la composition du lait de chèvre s’est légèrement améliorée par rapport à la même période en 2023.
La moyenne nationale du TB au 1er trimestre se situe à 43,2 g/l, soit +0,1% /2023. Cette légère hausse sur trois mois masque une évolution mensuelle contrastée. Le TB s’est significativement amélioré en janvier (+2,8% /2023), il a ensuite baissé en février (-0,9%) et mars (-0,3%) par rapport à l’année 2023.
La moyenne trimestrielle du TP s’est établie à 36,7 g/l, soit une hausse de +0,2% d’une année sur l’autre. Cette légère augmentation résulte d’une hausse en janvier (+1,9%), qui a su contrebalancer les baisses de février (-0,6%) et mars (-0,3%).
La concentration du lait de chèvre en matière grasse et matière protéique dans les bassins de production est contrastée. Le bassin Bretagne-Pays de la Loire affiche un TB moyen de 45,1 g/l tandis que les autres régions sont autour de 41-43 g/l. Le TP est plus homogène entre régions.

L’IPAMPA poursuit sa lente décrue grâce au repli du prix de l’aliment

À l’indice 130 en avril, soit -0,2% sur un mois et -5,8% sur un an, l’IPAMPA lait de chèvre poursuit sa lente décrue. Le poste aliments achetés est à l’indice 128,8, soit -0,5% /mars 2024 et -10,8% sur un an. Le poste énergie et lubrifiant reste très volatil (-0,8% sur un mois, et +7,4% sur un an) et les frais généraux sont en légère augmentation, +0,25% sur un mois et +2,2% sur un an.

Baisse significative des prix aux Pays-Bas et en Espagne

Chez nos voisins européens espagnols et néerlandais, le prix payé est en recul par rapport à 2023 : -9% en avril en Espagne, à 898 €/1000 L, et -7% aux Pays-Bas à 748 €/1000 L.

D’après les données du ministère de l’agriculture espagnol, le nombre d’élevages livrant du lait serait en repli de -7% en avril et la collecte de lait de chèvre en baisse de -2%. Selon l’association des producteurs espagnols de lait de chèvre, la baisse du prix serait liée à l’import de lait, notamment néerlandais, moins cher.