Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La concurrence de l’agneau britannique et australien semble pénaliser les exportations irlandaises, tandis que les problèmes de production de l’Espagne freinent ses exportations. Le Royaume-Uni tire son épingle du jeu malgré une production stationnaire.

Royaume-Uni : le cheptel ovin enregistré à de bas niveaux

Le cours britannique a démarré l’année 2024 bien au-dessus de son niveau de l’an passé. À 7,14 €/kg en semaine 2, il se situait +1,08 €/kg au-dessus de 2023 et -0,24 €/kg /2022.

La production britannique de viande ovine, égale à 261 000 t sur 11 mois 2023, a diminué très légèrement d’une année sur l’autre, de -0,4% /2022, mais plus fortement (-4%) par rapport à la moyenne 2015-2019.

Malgré une production en léger repli, les exportations britanniques de viande ovine ont bondi de +11% sur 11 mois en 2023 en volume, dont +18% vers la France et +13% vers l’Allemagne. Elles ont doublé vers les Pays-Bas (plaque tournante), mais chuté vers l’Irlande (-40%). Attention, en 2022 les exportations britanniques n’avaient pas encore retrouvé leurs (meilleurs) niveaux d’avant Brexit.

Les importations de viande ovine, qui ont baissé d’une année sur l’autre au 1er semestre, se sont redressées très franchement ensuite (ex : x2 en novembre). Au total sur 11 mois, elles ont reculé tout de même de -13% /2022.

D’après le dernier recensement de Defra, le cheptel ovin du Royaume-Uni est à son plus bas niveau depuis 12 ans, avec 31,8 millions de têtes au 1er juin 2023, soit -4% /2022.

Irlande : faiblesse de la demande à l’export

La cotation du Hogget irlandais a débuté l’année entre ses niveaux de 2022 et 2023.
En semaine 2 de 2024 (se terminant le 14 janvier), elle s’établissait à 6,75 €/kg, soit 0,40 €/kg au-dessus de son niveau de 2023, mais 0,35 €/kg sous de celui de 2022.

En 2023, les abattages d’ovins irlandais en effectifs ont régressé de -1% /2022 sur 11 mois. Les effectifs d’agneaux abattus ont légèrement progressé, de +1% /2022, et ceux des réformes nettement reculé, de -8%.
L’évolution est par ailleurs positive en termes de viande ovine produite : +3% /2022 du fait de la hausse des poids de carcasse moyens des agneaux (+4% à 21,5 kgéc). Le poids moyen de carcasse des réformes est en revanche stable, à 25,3 kgéc.

Malgré une production haussière, les exportations de viande ovine irlandaise ont baissé de -6% /2022 sur 11 mois, dont -8% vers la France. Elles ont par ailleurs augmenté de +4% vers le Royaume-Uni.

Espagne : un bilan plutôt négatif fin 2023

Le cours espagnol a traditionnellement chuté d’une semaine sur l’autre en semaine 52 de 2023, de – 0,27 €/kg, mais est resté relativement élevé à 8,67 €/kg, soit +1,17 € /2022 et +1,01 €/2021.

La production abattue a reculé de -9% d’une année sur l’autre, à 90 000 t sur dix mois. La légère baisse des poids moyens de carcasse des agneaux a accentué la baisse des effectifs ovins abattus (-7% /2022) sur la production de viande d’agneau (-8%). Les réformes se sont repliées de -14% sur 10 mois et là encore, leur allègement a provoqué une baisse plus forte des volumes produits (-16% /2022).

Du côté des exportations, la tendance se poursuit : baisse des envois de vifs comme des envois de viande ovine. Les exportations de viande ovine espagnoles se sont en effet repliées sur 10 mois, de – 7% /2022, à 38 000 téc, principalement du fait d’un important recul de la demande des pays du Moyen-Orient (par exemple -45% /2022 vers le Qatar) et de l’Allemagne (-40%).

Les envois d’agneaux vivants ont régressé de -5% /2022 sur 10 mois, principalement vers la Jordanie. De même, les exports de réformes ont subi une baisse plus importante, de -35% /2022, via une contraction de la demande italienne.

Nouvelle-Zélande : reprise des envois en octobre et novembre

Sur 11 mois, la production de viande ovine néozélandaise a augmenté de +1% /2022, à 400 625 t.

La hausse des exportations de viande ovine est plus importante : +2% /2022 sur 11 mois, à 380 000 téc. Ces dernières reculent nettement vers le Royaume-Uni (-13%), mais augmentent par ailleurs vers l’UE-27 (+4%) et davantage encore vers la Chine (+11%).

Selon Farmers Weekly, les conflits en Mer Rouge et la sécheresse qui frappe le canal du Panama depuis l’été dernier favorisent les exportations néozélandaises vers la Chine, plutôt que vers l’Europe (allongement du trajet de plusieurs semaines pour aller vers l’Europe ou le Moyen-Orient).

Autre point négatif pour la Nouvelle-Zélande : la sécheresse annoncée pour 2024 qui, si elle se confirmait, pourrait venir impacter la production de ruminants.