Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

En 2022, la production française de lait de chèvre a mieux que résisté aux vents contraires. La collecte a progressé dans les différents bassins de production, malgré des hausses de prix inférieures à celles des charges.

En revanche,la sécheresse et la flambée des coûts de production ont affecté la production et pénalisé les revenus des éleveurs ovins lait comme viande.

Annuel caprins : La production résiste à la hausse des charges

En 2022, la production française de lait de chèvre a mieux que résisté aux vents contraires. La collecte a progressé dans les différents bassins de production. La sécheresse a impacté la pousse de l’herbe mais les fourrages récoltés au printemps et à l’automne, plutôt corrects en qualité, ont concouru à une bonne réponse des troupeaux. Ces résultats ont été atteints au prix de réformes de chèvres sévères par les éleveurs, motivées par des impératifs de maîtrise des coûts.
Le prix du lait payé aux livreurs a progressé modérément et moins vite que les charges. Les revenus moyens des éleveurs caprins ont ainsi baissé pour tous les systèmes de production livreurs en 2022. Les spécialisés fermiers, un peu moins sensibles à la conjoncture, voient aussi leurs résultats se dégrader selon les régions. Toutefois l’évolution de leurs revenus dépend assez fortement des possibilités de revalorisation de leurs produits auprès de leurs clients.

La production industrielle de fromages (+1%) a progressé moins vite que la collecte nationale (+2%). Les laiteries ont toutefois quasi maintenu leurs importations de produits de report et ainsi étoffé leurs stocks au 2nd semestre. Ce relatif dynamisme doit être pondéré à la vue des principaux indicateurs de marché qui ne suivent plus tout à fait ceux de la production. L’export de fromages reste très dynamique, tandis que le segment de la RHD a poursuivi son rétablissement post-pandémique. En revanche, les ventes aux ménages ont subi les premiers effets de l’inflation, en particulier pour les produits haut de gamme, AOP et bio, qui enregistrent de plus fortes baisses, tandis que les MDD tirent leur épingle du jeu. La hausse des prix au détail influe sur le comportement des consommateurs dans un contexte de réduction de leur pouvoir d’achat.

2023 : la demande à l’épreuve de l’inflation

2023 semble somme toute incertaine, aussi bien du côté de l’offre que de la demande. Malgré la baisse de cheptel, la production se maintient en début d’année et pourrait être encouragée par l’actuelle détente des charges et la hausse du prix du lait. Et l’érosion de la demande des consommateurs, contrainte par l’inflation, pourrait être compensée par le maintien des flux à l’export. Les effets seront sans doute différenciés selon les systèmes de production et les gammes de produits.

Annuel ovins : Sécheresse et flambée des coûts pénalisent la production et les revenus

2022 a réservé son lot de surprises aux filières ovines comme à d’autres. Les prix des produits ont continué leur progression entamée dès 2021. Mais avec +2,3% pour le lait de brebis et +8,3% pour les agneaux, ces hausses sont restées relativement modestes, par rapport à celles d’autres produits de l’élevage, et surtout bien inférieures à celles des charges. Les revenus des éleveurs en 2022 ont baissé pour tous les systèmes, ovins viande comme lait, dans une fourchette comprise entre -5 000 et -10 000 euros par UMO exploitant.
Les éleveurs, confrontés à un manque de fourrages ainsi qu’à la hausse du prix des aliments, n’ont souvent pas eu d’autre choix que de réformer plus vite les brebis, aussi bien en élevage laitier qu’allaitant. La collecte laitière s’est repliée de -2,7% sur la campagne d’octobre à septembre. Les abattages d’agneaux ont également fléchi de -4% d’une année sur l’autre. Et malgré la hausse de réformes, la production française de viande ovine a reculé en 2022 de -3% /2021. Dans un contexte de réduction du pouvoir d’achat des ménages, la réduction de consommation des ménages a été significative mais est restée plutôt bien alignée avec celle de l’offre. Point d’alerte : la consommation de viande ovine des Français a été encore plus que précédemment couverte par des viandes importées.

2023 : Chute probable de production de viande dans l’UE à 27

En 2023, l’offre européenne devrait se réduire et si la demande chinoise repart, c’est autant d’agneau néozélandais qui ne parviendrait pas sur nos étals. La baisse du cheptel semble toutefois plus sensible en France qu’ailleurs en Europe. Les risques de décrochage de la production ovine française sont donc réels.