Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les prix des broutards ont tardé à suivre la remontée des cotations européennes du JB mais la hausse, à rebours de la tendance saisonnière, est désormais bien enclenchée. L’offre en gros bovins maigres français est limitée. La décapitalisation allaitante se poursuit, faisant reculer les naissances. Les bonnes disponibilités fourragères ne pressent pas les sorties chez les naisseurs et accroissent la demande des ateliers d’engraissement italiens.

Les prix des Charolais ont retrouvé leur niveau de 2018

Les cours des broutards ont poursuivi leur progression tout au long du mois de septembre, du jamais vu à cette saison où la tendance est habituellement à la baisse. Le pic saisonnier des sorties a été plus mesuré alors même que les bonnes récoltes fourragères et la forte hausse des cours des jeunes bovins partout en Europe ont favorisé les mises en place en Italie. Les broutards ont bénéficié de conditions de pâturage optimales et sont de bonne qualité sans besoin de complémentation au pré.

La cotation du Charolais U de 350 kg a gagné +3 centimes en trois semaines. A 2,68 €/kg vif en semaine 40, elle dépassait de 20 centimes son faible niveau 2020 (+8%) et de 9 centimes celui de 2019 (+3%) se rapprochant des cours 2018 (-2 cts). Le Charolais U de 450 kg, plutôt destiné au marché italien, cotait 2,54 €/kg soit +22 centimes qu’en 2020 (+9%). Les cours des Charolais devraient dépasser leur niveau 2018 dans les prochaines semaines.

Les cours du Limousin E de 350 kg et du Croisé R de 300 kg ont également progressé et dépassé leur niveau 2020, mais ils restaient encore très inférieurs aux prix 2018 et 2019. A 2,81 €/kg en semaine 40, la cotation du Limousin était supérieure de +4% /2020? mais en repli de -3% /2019. Les Croisés cotaient 2,50 €/kg, soit +5% /2020 mais -1% /2019.

Alors que les cours des laitonnes sont d’habitude relativement stables tout au long de l’année, l’insuffisance de l’offre par rapport à la demande a fait grimper les prix. La Limousine E de 270 kg cotait 2,90 €/kg en semaine 40 (+6% /2020 et +5% /2019) dépassant le prix 2018 (+7 cts) ! La hausse a été plus modérée pour la Charolaise U de 270 kg, dont la cotation s’est établie à 2,68 €/kg (+4% /2020 et de +3% /2019).

Les naissances allaitantes sont en repli depuis mars

Les naissances de veaux de mère allaitante ont totalisé 183 000 têtes en août (-9,5% /2020 ou -19 000 têtes). En cumul depuis janvier 2021, elles ont reculé de -4,6% /2020 (-109 000 têtes). Ce recul est plus marqué pour les Charolais (760 000 naissances soit -5,8% /2020) que pour les Limousins (634 000 têtes soit -3,5%).

La décapitalisation du cheptel allaitant (-2,3% /2020 au 1er août 2021 avec 3 654 000 vaches) n’explique qu’une partie de cette baisse. La chute des naissances allaitantes observée depuis le mois de mars (-8% /2020 de mars à août 2021) s’explique avant tout par les mauvaises conditions de mise à la reproduction de la fin du printemps et de l’été 2020, marqués par une forte sécheresse et un déficit de production fourragère.

L’offre de broutards en âge d’être exportés assez stable en septembre… avant la baisse

Début septembre, l’offre de broutards en âge d’être exportés était stable. Au 1er septembre, 706 000 mâles allaitants de 6 à 12 mois étaient présents en ferme (= /2020 et -2% /2019).

Mais la disponibilité en gros bovins maigres prêts pour engraissement devrait se réduire dans les prochains mois. En effet, les effectifs de mâles de 0-6 mois présents en ferme sont en baisse du fait de la chute des naissances depuis mars 2021. Au 1er septembre 2021 on dénombrait 697 000 mâles allaitants de 0-6 mois (-9% /2020 et -7% /2019). La baisse des effectifs était particulièrement marquée pour les Charolais (-12% /2020).

Les exportations de bovins vifs ont retrouvé leur niveau 2019

En août (semaines 31 à 34) les expéditions de bovins de 4 à 16 mois de type viande ont progressé de +5% /2020 et de +4% /2019 (68 000 têtes). Les femelles représentaient 31% des envois de la période, alors qu’elles représentent 35% des exportations depuis janvier. Conformément à ce qui a été observé ces dernières années, les importations de laitonnes ont été dynamiques sur les 5 premiers mois de l’année puis ont ralenti.

Les envois français ont totalisé 742 000 têtes sur 8 mois (semaines 1 à 34), soit +6% /2020 et +2% /2019. Cette hausse des exportations a concerné à la fois les femelles (259 000 têtes, +6%) et les mâles (483 000 têtes, +7%). La progression des exportations alors même que les naissances allaitantes se contractent témoigne d’un meilleur dynamisme de l’engraissement en Italie qu’en France.

63 500 broutards ont été exportés vers l’Italie en août d’après les données des Douanes (+4% /2020, mais -8% /2019). La demande italienne pour les broutards français ne faiblit pas dans un contexte de hausse du prix de la viande et de réduction des disponibilités partout en Europe. En cumul sur 8 mois, 582 000 broutards ont été envoyés en Italie (+1% /2020 et 2019).

Toujours d’après les Douanes, les envois vers l’Espagne ont totalisé 5 000 têtes en août (+3% /2020, mais -31% /2019). Les importations espagnoles de gros bovins maigres français sont reparties à la hausse depuis le début de l’année, sans toutefois retrouver leur haut niveau de 2019 : depuis janvier 2021, 82 600 broutards ont été expédiés vers la péninsule ibérique, en hausse de +4% /2020, mais en repli de -21% /2019. Les engraisseurs espagnols continuent de se tourner davantage vers l’achat de veaux laitiers.

Sur les pays tiers, les envois estivaux ont été ralentis comme chaque année pour limiter l’exposition des animaux à de fortes chaleurs. En août, 1 000 broutards ont été exportés vers Israël et aucun animal n’a été envoyé vers l’Algérie. En cumul depuis le début de l’année 2021, les achats des pays tiers ont totalisé 44 000 têtes (+22% /2020 et +7% /2019). Les envois vers l’Algérie n’ont pas retrouvé leur niveau record de 2019 (28 000 têtes depuis janviers 2021, -20% /2019), mais ont néanmoins été plus intenses sur le 1er semestre qu’en 2020 (+2%). Les exportations vers la Tunisie se sont effondrées (200 animaux, -88% /2020). En revanche, les envois vers Israël ont plus que doublé en un an (16 000 têtes, +130% /2020).

Depuis le 1er septembre, les broutards exportés vers l’Espagne doivent être vaccinés

En septembre, d’après les données TRACES des semaines 35 à 39, 53 400 bovins (tous âges confondus) ont été envoyés vers l’Espagne, en repli de -1% /2020 et de -9% /2019. La contraction des exportations cache de grandes disparités : d’après les premières données SPIE-BDNI, les envois de veaux nourrissons auraient décollé en septembre tandis que les exportations de broutards seraient en baisse. A noter que le règlement FCO a changé pour les envois vers l’Espagne. Jusqu’à présent, le pays acceptait les bovins de plus de 70 jours non vaccinés mais désinsectisés avec un test PCR négatif. Depuis le 1er septembre 2021, seuls les animaux de plus de 70 jours vaccinés depuis plus de 10 jours (2 injections) sont acceptés.

Toujours d’après les données TRACES, les envois vers l’Italie ont totalisé 103 500 têtes sur les semaines 35 à 39 (-5% /2020 et -6% /2019). La demande italienne reste ferme mais l’offre est réduite.

De bonnes perspectives pour les prix des broutards

Les cours des broutards devraient poursuivre leur hausse dans les prochaines semaines avec la réduction saisonnière des disponibilités tandis que les cours des JB devraient continuer à grimper avec l’augmentation de la demande en fin d’année.