Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

L’offre de jeunes bovins est globalement réduite sur le marché européen. Les cours ont amorcé leur baisse saisonnière en Allemagne, mais se tiennent encore bien en Italie. Les prix polonais sont impactés de plein fouet par le scandale sanitaire qui a éclaté fin janvier.

ITALIE : peu de JB à sortir en ce début d’année

En Italie, l’offre est modérée depuis le début de l’année, ce qui permet aux prix de se maintenir. Au 31 janvier, les mâles de 1 à 2 ans dans la BDNI italienne étaient bien moins nombreux que l’an dernier (-6%, ou -27 000 têtes), revenant au très faible niveau de 2017. Les mâles de moins d’un an étaient quant à eux au niveau le plus bas enregistré depuis plus de 8 ans à cette période de l’année (-2% /2018 et -3% /2017).

Le détail par race est disponible au 31 décembre. La comparaison avec l’année précédente montre une très forte chute des mâles charolais (-13%) et limousins (-9%) âgés de 1 à 2 ans. Cette chute est à relier à la forte baisse des naissances dans les troupeaux français à partir de l’été 2017. La baisse est plus limitée pour les mâles croisés (-1%). Les Blonds (+1%), Aubrac (+5%) et Salers (+9%) sont en hausse, de même que les races bouchères italiennes (+2% globalement pour l’ensemble des races Piémontaise, Chianina, Marchigianna, Podolica et Romagnola). Les effectifs de femelles de 1 à 2 ans sont également en baisse pour les 3 grandes races françaises, tranchant avec la tendance haussière enregistrée précédemment. Ceci est toutefois compensé par des effectifs en hausse pour les moins d’un an.

Effectif de bovins à l'engraissement en Italie au 31/12/2018

Le recul de l’offre permet de retarder la baisse saisonnière des cours. Les cotations à Modène sont stables depuis le début de l’année, à 2,66 €/kg vif pour les mâles charolais de 700-750 kg et 2,79 €/kg pour les Limousins de plus de 600 kg, des niveaux intermédiaires entre ceux des 2 années précédentes. La cotation de la femelle charolaise a même gagné un centime début février, à 2,65 €/kg (+1% par rapport aux 2 années précédentes). Celle de la femelle limousine, constituant le haut de gamme, est imperturbable, à 2,95 €/kg vif.

Cotations des JB en Italie (Modène) - Février 2019

ALLEMAGNE : le recul de l’offre n’empêche pas la baisse saisonnière des cours

En Allemagne, les abattages de jeunes bovins ont été contenus en début d’année (-4% /2018 sur les 5 premières semaines). Ceci n’a pas empêché les cours d’entamer leur baisse saisonnière. Après les fêtes de fin d’année et avant la saison des grillades, les consommateurs se tournent plutôt vers les viandes hachées ou à braiser, ainsi que vers les saucisses et la charcuterie. Les découpes nobles de jeunes bovins passent donc au second plan. La cotation du JB R, qui avait manqué de ressort en fin d’année 2018, a démarré l’année à un bas niveau, se situant début février au plus bas depuis 5 ans, à 3,74 €/kg de carcasse.

Cotation du jeune bovin R en Allemagne - Février 2019

POLOGNE : Les prix décrochent suite au scandale de la viande frauduleuse

En Pologne, les prix à la production ont dévissé début février suite au scandale de la viande issue de vaches malades expédiée dans 13 États membres. Ce scandale a donné lieu à une brutale chute de la demande pour la viande polonaise, faisant chuter les prix des vaches, mais également ceux des jeunes bovins. La cotation du JBO a perdu 21 centimes en une semaine pour tomber à 2,90 €/kg de carcasse en semaine 6 (-13% /2018).

Cotation JB O Pologne - Février 2019

Après des années de progression ininterrompue, modifiant profondément le marché européen de la viande bovine, la production polonaise de jeunes bovins semble plafonner. De septembre à novembre 2018, 231 000 mâles non castrés ont été abattus en Pologne (-7% /2017), ainsi que 81 000 génisses (= /2017), rompant avec les hausses enregistrées précédemment.

Abattages mensuels de bovins mâles non castrés en Pologne - jusqu'à novembre 2018

Ces niveaux restent élevés, l’année 2017 ayant été particulièrement fournie. Cependant, ce frein dans la hausse préfigure ce que pourrait être l’année 2019 : la production nationale fléchirait selon les prévisions de l’Institut polonais d’économie agraire IERIGZ, parues début novembre 2018. Après un pic au plus haut en 2018 à 1,145 million de tonnes vives (+5% /2017), la production nationale totaliserait 1,135 million de tonnes en 2019 (-0,4% /2018).

Le ralentissement de la production à l’automne tombait à pic avec le contexte de marché. Les opérateurs polonais avaient développé depuis fin 2017 un flux important de viande réfrigérée vers la Turquie, que la forte dépréciation de la livre turque est venue ralentir notablement à partir du mois d’août. Ainsi, en octobre, les exportations de viande bovine réfrigérée polonaise sont tombées à 26 000 téc (-12% /2017), dont moins de 2 000 téc vers la Turquie, alors que les envois atteignaient encore 5 000 téc en juin comme en juillet dernier.

ESPAGNE : la forte hausse des abattages fait pression sur les prix

En Espagne, la hausse des abattages de jeunes bovins mâles et femelles a été amplifiée à l’automne par le recul brutal des ventes de bovins finis vers la Turquie lié à la dépréciation de la livre turque. La production d’animaux jeunes abattus s’est élevée à 50 000 téc en octobre 2018 (+15% /2017) et à 49 000 téc en novembre (+12%). Ceci a fait pression sur les prix tout au long de l’automne. En début d’année, la cotation espagnole du JB R restait basse, à 3,78 €/kgéc (-5% /2018, mais toujours +2% /2017).

Cotation du jeune bovin R3 en Espagne - Février 2019