Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Les baisses prononcées des collectes française, allemande et néerlandaise ont eu raison de la dynamique connue par l’UE-27 depuis juillet 2019 et de ses 18 mois consécutifs de croissance ininterrompue. La collecte de l’UE-27 a ainsi reculé de presque -1% en janvier 2021, sa plus forte baisse depuis 2 ans.

La collecte française plonge en janvier

Sur le mois de janvier 2021, la collecte laitière française a tout juste dépassé 2,05 milliards de litres, connaissant ainsi un recul prononcé de près de 80 millions de litres d’une année sur l’autre (-3,4%). Toutes les régions françaises sont dans le rouge, y compris la Normandie (-1,7%) qui maintenait encore une dynamique légèrement positive jusqu’en décembre. La Bretagne enregistre une baisse de -2,4% d’une année sur l’autre, un peu moins que les Hauts-de-France et le Grand Est, à respectivement -3,6 et -3,9%. L’Auvergne-Rhône-Alpes, les Pays de la Loire, et la Bourgogne-Franche-Comté ont quant à elles subi un recul plus marqué de -4,5% à -5,4%. En périphérie de ces régions du croissant laitier, la baisse s’est encore amplifiée en Occitanie et plus encore en Nouvelle-Aquitaine, à -6,1% et -7,4%. D’après les sondages hebdomadaires de FranceAgriMer, cette dynamique baissière se serait maintenue sur février.

Conditions hivernales et économiques plutôt défavorables

Avec 70 000 têtes de moins d’une année sur l’autre au 1er février (-1,9% /2020 ; un peu moins prononcé que les -2,2% du mois précédent), le recul prononcé du cheptel ne suffit pas à expliquer à lui seul ce repli marqué de la collecte. Alors que les gains de productivité avaient jusqu’alors largement gommé l’effritement du nombre de vaches laitières, cela n’a pas été le cas en janvier étant donné l’ampleur du recul. Parmi les éléments ayant pu conduire à ce recul de la collecte figurent les conditions météorologiques plutôt froides de l’hiver comparées à  celui de 2020, mais également le contexte économique moins incitatif pour les producteurs. Le coût de l’alimentation achetée s’accroît à grande vitesse, avec une hausse d’ores et déjà prononcée sur l’indice Ipampa lait de vache  global, à 108 contre 106,2 en décembre, le précédent record (base 100 = 2015).

En parallèle, le prix s’est de nouveau contracté et se révèle moins incitatif que l’an passé. A 348 €/1 000 l en janvier, le prix du lait standard (38/32, SIQO compris) a reculé de 5,5 € d’une année sur l’autre (-1,5%), mais reste légèrement au-dessus de son niveau de janvier 2019 (+2,5 €, soit +0,7%). Le lait conventionnel hors SIQO a pour sa part subi une baisse de prix plus marquée encore, de près de -9 € d’une année sur l’autre à 327 €/1 000 l. Il s’établit tout juste au-dessus de son niveau de janvier 2018, mais sous ses niveaux des années 2019 et 2020.

Les prix payés aux éleveurs se sont un peu mieux maintenus, grâce à la progression des teneurs en matières grasse et protéique. Tous laits compris, le prix moyen s’est ainsi approché de 380 €/1 000 l, soit une baisse de 3 € /janvier 2020. Pour le lait conventionnel hors SIQO, il était de 359 €/1 000 l, soit -7 € d’une année sur l’autre.

Orientation baissière chez les principaux producteurs de l’UE-27

Les collectes allemande et néerlandaise ont également accusé le coup en ce début d’année, avec des baisses respectives de -1,7% et -1,4% /2020. Contrairement aux mois précédents, ni la Pologne, elle aussi soumise aux assauts hivernaux (avec une croissance ramenée de +2% sur l’ensemble de l’année 2020 à +0,5% sur janvier 2021), ni l’Irlande, à son creux de production annuelle (avec +0,8% seulement) n’ont contribué à inverser cette tendance baissière des trois principaux pays laitiers européens. De nombreux pays d’Europe centrale ont également vu leur production décroître plus ou moins fortement (-4% pour la République Tchèque ; -1% pour l’Autriche…). Plus au Sud, l’Espagne a elle aussi vu sa collecte se replier de près de 1,5% après avoir connu une 1ère baisse en décembre (-0,5%, alors le 1er repli depuis avril 2019).

Au total, la collecte laitière de l’UE-27 n’a pas tout à fait atteint 11,7 Mt en janvier, accusant ainsi un repli de 103 000 t d’une année sur l’autre (-0,9% / 2020). Cette baisse met fin à 18 mois consécutifs de croissance ininterrompue de la collecte.