Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

Le marché intra-européen du JB est soutenu par un marché allemand en manque d’offre. Les prix des mâles remontent en Allemagne, en Pologne et en Espagne. Ils stagnent toujours à un bas niveau en Italie où les distributeurs continuent de privilégier la viande de femelles.

ALLEMAGNE : demande robuste face à une offre nationale en retrait

En Allemagne, les prix des JB ont poursuivi leur hausse en janvier, dépassant leur niveau des deux années précédentes. Le JB U cotait 3,85 €/kg de carcasse fin janvier (+4% /2020 et +1% /2019), le JB R 3,80 €/kg (+5% /2020 et +2% /2019) et le JB O 3,49 €/kg (+4% /2020 ; = /2019).

L’offre intérieure de jeunes bovins est très limitée. D’après l’indicateur hebdomadaire AMI, le nombre de JB abattus sur les 4 premières semaines de l’année était en fort retrait (-10% /2020 et -7% /2019). Ce recul de l’offre abattue est lié au faible nombre de bovins mâles à l’engraissement. L’enquête cheptel de novembre 2020 recensait seulement  837 000 mâles de 1 à 2 ans dans les étables allemandes (-6% /2019 et -7% /2018).

La demande des ménages reste robuste en ce début d’année. La fermeture de la restauration, mais aussi celle des écoles depuis la mi-décembre et toujours sans perspective de réouverture, continue de stimuler les achats dans les circuits de détail.

En 2020, les achats de viande bovine par les ménages ont bondi de +19% en volume et +24% en valeur (plus de détail ici). Malgré des prix d’appel en baisse dans les catalogues promotionnels, le prix moyen des achats a augmenté très significativement (+4% /2019 et +12% pour la viande de mélange avec le porc). Les ménages allemands ne se sont pas massivement rués sur les premiers prix. Ils ont acheté des produits plus qualitatifs, une façon de compenser les restrictions sur la vie sociale, grâce à un pouvoir d’achat maintenu par les aides gouvernementales pour les familles, et malgré la baisse du prix du porc.

ITALIE : forte demande pour la viande de femelle

En Italie, les prix des mâles ont démarré l’année à un bas niveau sans montrer de signe de reprise, alors que ceux des femelles charolaises se sont envolés. Depuis la chute des cours des broutards mâles en août 2020, la part de mâles dans les achats italiens de broutards s’est pourtant raffermie, rompant avec la tendance à la hausse de la part de femelles depuis plusieurs années. Résultat, l’offre actuelle de femelles finies ne suffit pas à couvrir la demande des distributeurs. La viande de génisse, mise en avant au rayon scottona, est en effet celle dont les ventes ont de loin le plus augmenté en 2020, une tendance qui se poursuit en 2021.

La cotation de la femelle charolaise finie à Modène a gagné 5 centimes pour grimper à 2,72 €/kg vif début février (+5% /2020). La femelle limousine était toujours stable à 2,92 €/kg vif (+1% /2020). A 2,56 €/kg vif, le mâle charolais restait 6% sous son cours de 2020 et le mâle limousin restait à 2,75 €/kg (-3% /2020).

Une grande partie des régions italiennes sont repassées au statut jaune, permettant aux restaurateurs, qui ne pouvaient auparavant faire que de la vente à emporter, d’accueillir à nouveau des clients en salle jusqu’à 18h, mais en nombre limité et en respectant les règles de distanciation. Au 14 février, seuls le Haut-Adige, le Trentin, la Ligurie, la Toscane, l’Ombrie, les Abruzzes et la Sicile avaient encore le statut orange, ne permettant pas l’ouverture des restaurants.

POLOGNE : zloty faible, viande bon marché

En Pologne, la dépréciation du zloty à partir du mois d’avril 2020 a rendu la viande polonaise particulièrement compétitive, tout en préservant la rémunération des éleveurs en monnaie locale. En outre, depuis mi-novembre, les prix en euros repartent à la hausse, grâce à un marché allemand en demande. Ainsi, la cotation polonaise du JB O se situait à 3,12 €/kg de carcasse fin janvier (+4% /2020 ; -3% /2019), ou 14,19 zlotys (+12% /2020 ; +3% /2019). Celle de la génisse R, plutôt destinée au marché italien, est en baisse en euros, à 3,14 €/kg (-4% /2020 et 2019) mais pas en zlotys à  14,26 pln/kgéc (+7% /2020 et +6% /2019). Le segment différencié « scottona » des grands distributeurs italiens est en effet réservée aux génisses engraissées en Italie et son fort développement a bénéficié uniquement aux cotations italiennes. La viande polonaise est plutôt distribuée chez certains discounteurs et bouchers, sans différenciation particulière.

ESPAGNE : les prix remontent mais restent bas

En Espagne, les cours des JB reviennent de très bas. La cotation du JB R a toutefois regagné 7 centimes depuis le début de l’année, pour s’établir à 3,57 €/kg de carcasse fin janvier (-1% /2020 et -5% /2019). Il reste à ce stade difficile de faire la part dans ce regain des effets de la réouverture des restaurants dans certaines villes comme Madrid et Barcelone et l’afflux de touristes français en manque de sorties ou de la hausse des expéditions, en particulier vers l’Allemagne et l’Italie.

En revanche, les exports en vif vers les pays tiers restent chaotiques. Selon Business France, 191 811 têtes de bétail ont été exportées par l’Espagne sur pays tiers en 2020 (+8% /2019), les prix bas espagnols ayant stimulé les ventes.