Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

L’Institut de l’Élevage anticipe une baisse de la production de viande bovine en 2021 (-1% /2020), la réduction des cheptels laitier et allaitant depuis plusieurs années limitant les disponibilités de toutes les catégories.

-1% pour la production française de viande bovine en 2021

La production nette de bovins finis totaliserait 1,43 million de tonnes équivalent carcasse en 2021 (-1,0% /2020) après le rebond de 2020. Les tonnages de femelles baisseraient de 7 000 téc, ceux de mâles non castrés de 5 000 téc, ceux de bœufs de 1 000 téc et ceux de veaux de boucherie de 1 000 téc. Les exportations de broutards resteraient stables.

Repli de la production de femelles

Après une hausse de +1% en 2020, due à l’accélération des réformes laitières et à la hausse du poids moyen des vaches et génisses allaitantes, les abattages de femelles devraient repartir à la baisse en 2021.

La décapitalisation du cheptel de vaches allaitantes, entamée en 2017, devrait se poursuivre en 2021. La baisse du nombre de génisses de renouvellement conduira à un ralentissement des réformes allaitantes (-0,5%), dont le poids moyen devrait rester stable par rapport au niveau élevé de 2020. Les génisses de boucherie devraient aussi être un peu moins nombreuses (-0,8%), mais leur poids moyen continuera d’augmenter en réponse au développement attendu du Label Rouge.

Le cheptel de vaches laitières a fini l’année 2020 à un bas niveau (-2,0% /2019) en raison du contexte de la pandémie de Covid-19 (plan de réduction volontaire de la collecte du CNIEL au printemps dernier, faible motivation des laiteries à accorder des références de collecte supplémentaires, moindres agrandissements des élevages en activité). Il devrait continuer de se réduire en 2021 (-1,8% en fin d’année) faute d’incitations à produire davantage. Comme dans le cheptel allaitant, les génisses de renouvellement prêtes à entrer en production en 2020 sont peu nombreuses. Les réformes de vaches laitières devraient donc reculer (-1,7% /2020). Leur poids moyen serait stable.

Stabilité des exportations de broutards, après la baisse enregistrée en 2020

Les naissances dans le cheptel allaitant ont été stables au second semestre 2020 /2019 et sont attendues en légère baisse au 1ersemestre 2021 compte tenue de l’érosion du cheptel de mères. Les mises en place en France pourraient reculer légèrement en raison de cette érosion des disponibilités et des difficultés rencontrées par les engraisseurs français. Le prix élevé des céréales pourrait notamment inciter certains engraisseurs à privilégier la vente de leurs récoltes à l’engraissement de jeunes bovins. Le disponible exportable de broutards sur l’année 2021 serait donc stable. Par ailleurs, la demande italienne reste bien présente, stabilisée par la prime à l’abattage, quand la concurrence des autres pays fournisseurs de bovins maigres se fait de plus en plus discrète. La demande espagnole dépendra de l’adaptation aux nouvelles contraintes de vaccination FCO et de la rentabilité de l’engraissement local face à une consommation intérieure essentiellement orientée vers la RHD. La demande des pays tiers est plus difficile à prévoir, en fonction de critères sanitaires, géopolitiques et économiques.

Baisse des sorties de taurillons d’un peu plus de -1%

L’engraissement de jeunes bovins de type lait, essentiellement réalisé par des éleveurs laitiers, poursuit son déclin. Les effectifs mis en place pour des sorties en 2020 sont en baisse, bien qu’elle s’atténue par rapport aux années précédentes. Les sorties de jeunes bovins de type viande diminueront également sur l’année. Le poids moyen des carcasses des jeunes bovins serait en très léger repli après la forte hausse enregistrée en 2020 en raison des retards d’enlèvement en ferme. Les exportations de JB vivants restent très difficiles à prévoir car soumises à de nombreux paramètres politiques et sanitaires, mais sont de plus en plus anecdotiques. Nous faisons ici l’hypothèse d’une stabilité par rapport à 2020.

Le déclin de la production de bœufs devrait ralentir

Après des chutes de plus de -9% en 2018 et 2019 et une baisse de -3% en 2020, la production de bœufs se réduira encore en 2021, mais moins fortement (-1,5% /2020). En effet, le recul des effectifs de mâles de 24 à 36 mois en BDNI au 1er décembre 2019 était moindre que les années précédentes.

Moindre baisse pour la production de veaux de boucherie

Après une forte baisse en 2020, les abattages de veaux de boucherie baisseraient de moins de -1%. La viande de veau a été particulièrement affectée par les restrictions mises en place en 2020 pour contrer la pandémie de Covid-19, notamment la fermeture des restaurants pendant de longs mois. La perte de ce débouché et le manque de visibilité en GMS ont conduit à un engorgement du marché qui n’a pu se résorber que grâce à la forte réduction des mises en place initiée en avril. En 2021, le taux de prélèvement de la filière veau de boucherie sur les veaux laitiers pourrait augmenter. Alors que la baisse significative du cheptel laitier conduira à une baisse des naissances de la même ampleur (-2% environ), la production de veaux de boucherie pourrait ne baisser que de -0,6% en têtes comme en tonnages, les poids de carcasse étant prévus stables.

Une consommation en légère hausse en 2021

Dans l’hypothèse d’une levée des restrictions sur la restauration au printemps, la consommation pourrait rebondir légèrement malgré la baisse de production. Le rebond serait alimenté par une reprise modérée des imports et une érosion des exports. Toutefois, l’année 2021 s’annonce tout aussi incertaine que la précédente en ce qui concerne les dynamiques de consommation et d’échanges.

La consommation calculée par bilan serait en hausse de 4 000 téc (+0,3% /2020) après la baisse significative enregistrée en 2020. La consommation de viande française, qui a augmenté de +1,4% en 2020, reculerait plus légèrement, de -1,0% en 2021 en raison de la baisse des abattages. Elle resterait ainsi supérieure au niveau de 2019.

Les importations pourraient rebondir après la très forte chute de 2020, en fonction des conditions de reprise de la restauration en 2021. La baisse prévue de la production française de bœufs et de femelles, notamment laitières, laissera plus de place sur le marché français à de la viande importée. Les volumes importés globalement sur l’année totaliseraient 295 000 téc, un niveau qui reste inférieur de 11% au niveau pré-crise de 2019.

Les exportations de viande baisseraient de -1%. La baisse de la production de jeunes bovins, principalement destinée à l’exportation, devrait conduire à un léger repli des volumes exportés. Le marché allemand restera porteur, la production étant prévue en baisse significative outre-Rhin. Les marchés d’Europe du Sud resteront plus disputés et les volumes demandés dépendront de la reprise du tourisme dans ces pays à partir du printemps.