Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 367 Décembre 2024 Mise en ligne le 20/12/2024

Les marchés des produits laitiers paraissent bien équilibrés à l’aube de l’année 2021. La demande internationale tient bien, malgré la récession économique mondiale provoquée par la pandémie de Covid-19. Les exportations européennes ont marqué le pas au 2nd semestre, sous l’effet d’une demande européenne ferme et d’une croissance ralentie de la collecte au 4ème trimestre 2020.

Fermeté des cours dans l’UE-27

Les cours des ingrédients laitiers se tiennent plutôt bien. Le cours du beurre dans l’UE s’est stabilisé au 2nd semestre, entre 3 400 et 3 500 €/t, se situant ainsi fin 2020 au même niveau qu’un an auparavant. Sur 2020, le cours annuel s’établit à 3 360 €/t, soit -14% /2019.
Le prix de la poudre maigre s’est de son côté légèrement apprécié durant le 2nd semestre 2020. A 2 200 €/t fin décembre, le cours moyen dans l’UE-27 n’avait retrouvé pas le bon niveau atteint juste avant le 1er confinement. Sur l’ensemble de l’année 2020, le cours moyen de la poudre maigre s’est toutefois sensiblement apprécié de +5% /2019, à 2 210 €/t.

Profil des fabrications européennes différent d’un semestre à l’autre

En 2020, les fabrications européennes de produits laitiers ont suivi des trajectoires atypiques dues pour partie aux effets des confinements instaurés pour contenir la pandémie de Covid-19 sur la demande et pour une autre à la compétitivité des poudres grasses sur le marché mondial.


Les fabrications européennes de laits conditionnés (+3% /2019 sur dix mois) ont été dynamisées par la forte demande des ménages pendant le 1er confinement. Les exportations sur pays tiers ont certes été dynamiques (+7% /2019 sur 10 mois), mais n’ont absorbé que 100 000 t de lait des 600 000 t supplémentaires fabriquées sur 10 mois. Celles-ci ont probablement été relancées en novembre et décembre lors des nouvelles mesures de restriction prises dans la plupart des États membres. Les fabrications européennes de crème et d’ultra-frais ont été au mieux stationnaires.
Les fabrications européennes de beurre et fromages ont progressé régulièrement grâce à la fermeté de la demande sur le marché européen et mondial. Les exportations et la commercialisation sur le marché intérieur semblent avoir évolué dans les mêmes proportions.
Les fabrications de poudres grasses ont à l’inverse connu une évolution contrastée. Au 1er semestre, elles ont été relancées par les grands laitiers européens qui ont ainsi accru leurs expéditions sur le marché mondial, grâce à une bonne compétitivité prix et au retrait de la Nouvelle-Zélande. Au 2nd semestre, elles ont à l’inverse fléchi face au retour en force de la Nouvelle-Zélande.
Le ralentissement des fabrications de poudres grasses a en revanche accentué la croissance des fabrications européennes de poudre maigre au 3ème trimestre (+8% /2019). Toutefois, cette reprise a tourné court en octobre (-2% /2019), signe avant-coureur d’un retournement de tendance dans le sillage du ralentissement de la croissance de la production laitière européenne.

Des exportations européennes ralenties au 2nd semestre

Les exportations européennes de beurre ont fléchi depuis juillet, de -17% /2019 sur 4 mois et de -31% sur octobre, faute de disponibilités. Au 1er semestre 2020, elles avaient été dynamiques grâce à des fabrications en hausse et à la remise sur le marché de stocks étoffés début 2020. Sur dix mois, les exportations européennes de beurre demeurent encore croissantes d’une année sur l’autre (+12% à 257 000 t), essentiellement en partance des Pays-Bas et de Belgique. Elles ont été stables en partance d’Irlande et de France, les deux premiers exportateurs sur pays tiers.


En revanche, les exportations européennes de fromages sont demeurées robustes au 2nd semestre, au moins égales au niveau de l’année 2019. Ainsi en cumul sur 10 mois, les exportations européennes ont sensiblement augmenté (+3% à 1,11 million de tonnes). Elles ont progressé en partance d’Allemagne, du Danemark et des Pays-Bas. Mais elles ont fléchi en partance de France, d’Irlande et d’Italie.
Après avoir été dynamiques au 1er semestre, les exportations européennes de poudres grasses sont retombées au niveau modeste du 2nd semestre de 2019. Sur 10 mois, elles se situent 8% au-dessus du bas niveau de 2019. Elles ont essentiellement progressé en partance de France, de Belgique et d’Irlande.
Les exportations européennes de lactosérum ont aussi fléchi au 2nd semestre (-8% /2019 sur 4 mois), probablement concurrencées par les fabrications états-uniennes très compétitives. Sur 10 mois, elles ont cependant progressé de +8% /2019.

Mesurées en équivalent lait, les exportations européennes tous produits confondues ont fléchi de -2,4% /2019 sur les quatre premiers mois du 2nd semestre, après voir bondi de +3,3% au 1er semestre. Ainsi sur dix mois, elles ont modestement progressé, de +1% /2019, soit moins vite que la production laitière collectée.
Dans le même temps, les importations de produits laitiers, relativement faibles, ont fléchi de -18% /2019 en équivalent lait sur les dix premiers mois de 2020, tandis que les stocks de produits de report (beurre, poudre et fromages) ont globalement peu varié d’un automne à l’autre.

Consommation européenne globalement croissantes en 2020

Estimée par bilan, la consommation de l’UE-27 en produits laitiers aurait ainsi progressé sensiblement plus vite que la que production collectée dont la croissance est estimée à +1,4% /2019 sur dix mois d’après Eurostat (effet année bissextile neutralisé).
Autrement dit, le premier confinement et notamment la fermeture de la restauration commerciale une partie de l’année dans la plupart des pays de l’UE n’aurait pas affecté la consommation de produits laitiers. Bien au contraire, la crise sanitaire a semble-t-il plutôt stimulé la demande en produits laitiers qui se consomment avant tout à domicile. La part des produits laitiers consommés en restauration hors domicile varie bien entendu selon les pays membres. Elle est toutefois bien moindre que pour les viandes, notamment bovines et ovines.
En France, la hausse des achats des ménages de produits laitiers pendant le premier confinement a été au moins égale à la chute des ventes en RHD. De mars à juin, les ventes de produits laitiers par les GMS ont bondi de +14% /2019 avec de grands écarts selon les produits : de +10% pour les ultra-frais à +26% pour la crème en passant par +13% pour les laits conditionnés et +19% pour les fromages à poids fixe (hors-coupe).
En Allemagne, la croissance des achats des ménages a été sensiblement moins forte qu’en France au printemps : de +9% pour les ultra-frais à +21% pour la crème en passant par +11% pour les laits conditionnés et +13% pour les fromages et +16% pour le beurre.
Face à la deuxième vague de contamination, les nouvelles mesures de restriction de circulation et de fermeture de la restauration ont probablement relancé, mais dans une moindre ampleur, les achats de produits laitiers par les ménages.