Six mois après le début du confinement, le marché du veau gras montre des signes d’amélioration. Les prix encore très bas amorcent une hausse saisonnière rapide. Les mises en place prudentes du début de crise, le redressement des abattages cet été et la fin des vacances scolaires ont participé de l’embellie. Pour autant les stocks en ferme ne sont pas complètement résorbés.
Au plus bas, les prix ont amorcé leur hausse saisonnière
Lors du confinement, le repli brutal des abattages avait précipité l’encombrement du marché du veau gras. Les mises en place ont alors fortement reculé, à la fois pour préparer l’assainissement futur du marché et parce que beaucoup d’ateliers étaient pleins. La reprise progressive de la restauration hors domicile, a fortiori à la rentrée, a également participé d’une amélioration du marché des veaux. Il semblerait aussi que les distributeurs aient consenti à payer davantage.
Les prix des veaux, toujours à un très bas niveau, ont entamé une hausse saisonnière marquée, si bien qu’ils pourraient dépasser les bas niveaux de 2019 dans les semaines à venir.
Le cours du veau rosé clair O élevé en atelier a gagné +22 centimes depuis la semaine 33 pour s’établir à 4,89 €/kg de carcasse en semaine 36. Il a ainsi retrouvé son bas niveau de 2019, en repli de -61 cts ou -11% par rapport à 2018. La tendance est similaire pour les veaux mieux conformés qui avaient mieux résisté à la crise grâce à une présence forte en GMS et en boucheries. La cotation du veau rosé clair R élevé en atelier a repris +16 cts en 3 semaines, atteignant 5,50 €/kg éc, soit -2 cts /2019 et -59 cts ou -9,7% /2018.
Les abattages se sont redressés à partir de mai
Après l’effondrement de la production pendant le confinement, les abattages ont retrouvé un rythme habituel, poursuivant leur recul structurel. Corrigés des variations journalières, les effectifs abattus ont progressé en juillet par rapport à 2019 (85 000 têtes ; +1,2%) mais étaient en recul net par rapport à 2018 (-5,6%). Sur les 7 premiers mois de l’année, les abattages enregistrent un fort recul à 704 000 têtes, soit -4% /2019 et 2018.
Les premières remontées indiquent une légère hausse des abattages cumulés de juin à août, de +1% /2019.
Les retards de sorties ayant provoqué un alourdissement marqué des animaux, les tonnages abattus ont davantage augmenté, à 13 000 téc en juillet (+2,4% /2019), totalisant 104 000 téc depuis janvier, soit -3,2% /2019 et -1,1% /2018.
Les poids des carcasses se stabilisent à un haut niveau
Le poids moyen des veaux à l’abattage avait atteint un niveau historiquement élevé en mai du fait des retards de sorties. Depuis, il a reculé avant de se stabiliser à 151 kg en juillet et août, soit +1,9 kg /2019 et +5,7 kg /2018.
L’âge moyen à l’abattage, qui s’était stabilisé en juin-juillet, a de nouveau progressé en août, atteignant 193 jours, soit 6 mois et 10 jours, en hausse de +2,7 j /2019 et de 9,7 j /2018. Ainsi, l’encombrement du marché n’est pas encore résorbé. Grâce à l’adaptation des conduites, les opérateurs ont toutefois réussi à ralentir la prise de poids des veaux.
Les effectifs en fermes élevés révèlent une situation encore sous tension
L’attente en ferme serait encore élevée fin août. D’après SPIE-BDNI, au 23 août, alors que les effectifs de mâles de 0 à 8 mois de mère de type laitier présents en fermes étaient proches des niveaux de 2019 (+1%) et 2018 (=), ceux de [6 -7[ mois étaient eux en nette hausse de +25% /2019 et +39% /2018.
Du mieux sur le marché européen du veau
Aux Pays-Bas, le cours du veau pie-noir a gagné 10 centimes en 2 semaines, après avoir stagné près de 3 mois à 3,45 €/kg, un niveau historiquement bas. A 3,55 €/kg en semaine 35, il reste loin en deçà des niveaux des années passées, de -15% /2019 et -19% /2018. Les experts néerlandais semblent optimistes pour les semaines à venir, avec une consommation qui reprend à la rentrée dans les principaux pays consommateurs de veau (France, Italie, Allemagne, Belgique).
En Italie, la cotation du veau de boucherie a gagné 45 centimes en 5 semaines pour s’établir à 4,20 €/kg en semaine 36 à la bourse de Modène. Elle reste toutefois inférieure de -22% /2019 et de -11% /2018.
Une embellie fragile ?
Les signaux semblent enfin indiquer une accalmie dans cette crise qui traverse le secteur du veau gras pour la deuxième année consécutive. La remontée saisonnière des prix est rapide en France et en Europe, notamment grâce à l’ajustement de l’offre, six mois après le début de la crise, et la hausse progressive de la fréquentation de la RHD. Toutefois, les stocks sur pied restent élevés et les prix sont encore à des bas niveaux. La maîtrise de la pandémie de Covid-19 et donc la consommation conditionnent l’évolution du marché du veau.