Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 363 Juillet/août 2024 Mise en ligne le 19/07/2024

La demande italienne et espagnole en broutards français reste satisfaisante au regard des disponibilités françaises limitées. Les cotations demeurent à des niveaux relativement élevés. Hors UE, la demande est présente mais bien souvent difficile à saisir.

Des cotations inchangées depuis fin 2018

Globalement bien orientés en 2018, les cours des broutards ont très peu évolué depuis novembre. L’offre demeure limitée même si le creux des sorties issu de la chute des naissances de 2017 est en passe d’être dépassé : au 1er décembre, on dénombrait 784 000 mâles de 6-12 mois de races allaitantes dans les élevages français (-1% /2017, -2% /2016).

Ainsi durant la 1ere semaine de 2019, le Charolais U de 450 kg cotait 2,51 €/kg soit 13 centimes ou +5% /2018 et +11% /2017. Le cours des animaux plus légers était aussi soutenu, le Charolais U de 300 kg s’échangeait à 2,73 €/kg soit 1% /2018 et +8% /2017. En race Limousine, les cours sont également calmes, mais en léger recul par rapport à 2018. En semaine 1, le Limousin E de 300 kg cotait 2,98 €/kg soit -1% /2018, mais +2% /2017. La situation est très similaire pour les femelles, la cotation de la Charolaise U de 270 kg s’établissait en semaine 1 à 2,65€/kg soit +8 centimes ou plus 3%/2018 et +10%/2017. La cotation de la Limousine E de 270 kg atteignait 2,77 €/kg soit 1 centime de mieux qu’en 2018 et +2% /2017.

Naissances un niveau intermédiaire au 2nd semestre

On craignait cet été, notamment suite à la sécheresse, un nouvel effondrement des naissances allaitantes sur la fin d’année, comme observé en 2017. Ce scenario ne se réalise pas, sur juillet-novembre 2018 avec 1,276 millions de têtes, les naissances allaitantes dépassent le niveau de 2017 (+4%) mais restent en net retrait par rapport à 2016 (-8%).

Ainsi au 1er décembre 2018, le nombre de mâles de races allaitantes de 0-6 mois présents dans les élevages était en hausse de +3% /2017 à 677 000 têtes, mais en recul de 7,5% /2016. Les effectifs progressent dans toutes les races, mais plus fortement en Charolais (+4% /2017) et en Limousin (+5% /2017) qu’en croisés (+1% /2017) et en Blonde d’Aquitaine (+2% /2017).

L’export finira l’année en net recul

Les exportations de broutards ont fortement reculé en novembre, d’après les données de la BDNI : 66 600 mâles allaitants de 4 à 14 mois ont été exportés, soit -15% /2017. Le constat est à peine meilleur pour les femelles : 36 700 ont été exportées soit -5% /2017. Ce net repli des volumes s’explique par le manque de disponibilités et par une moindre demande italienne du fait d’abattages ralentis qui ne libèrent pas de places dans les bâtiments. De plus ; les volumes exportés étaient relativement élevés en octobre 2018 : -1% /2017 mais +6% /2016.

En cumul sur l’année 2018, les exportations de broutards seront en net retrait, de l’ordre de -5% par rapport à 2017. Sur 11 mois, les effectifs de femelles exportées demeurent importants à 320 000 têtes, ils reculent de -2,5% /2017 mais progressent de 4% /2016 et 15% /2015. Les effectifs de mâles exportés sont pleinement impactés par le manque d’offre. Sur 11 mois, ils atteignent 633 000 têtes, soit -6,5% /2017, -8% /2016 et -6% /2015. Des incohérences dans les données douanières ne permettent pas de diffuser de chiffres, mais la plus grande partie du recul des exportations devrait se concentrer sur l’Italie, alors que le marché espagnol reste demandeur. L’engraissement en Espagne reste très dynamique, du fait du développement des exportations de viande et de JB finis (voir article JB en Europe).

Pays tiers : des opportunités bien difficiles à saisir

Les marchés du vif sur le pourtour méditerranéen sont porteurs d’opportunités dont la filière française bénéficie peu ou indirectement, contrairement à l’Espagne.

La France reste le premier fournisseur de bovins maigres de l’Algérie. Les envois vers ce pays ont progressé en 2018, malgré plusieurs mois de fermeture sanitaire. Les envois cumulés sur 11 mois atteignent 27 000 têtes contre 15 000 en 2017 (+79%), et devraient dépasser les 40 000 têtes sur l’année. Cependant, l’Algérie a annoncé le 31 décembre 2018 la fermeture de son marché pour lutter de nouveau contre des cas de fièvre aphteuse. Cette situation intervient au plus mauvais moment alors qu’en France de nombreux animaux étaient déjà mis en quarantaine en vue d’un export vers ce pays.

Courant décembre, un bateau d’animaux français a rejoint le marché israélien pour la première fois depuis 2017. Israël est un marché exigeant en termes de garanties sanitaires, de prix et de poids. Les importateurs israéliens sont avant tout demandeurs d’animaux légers pesant moins de 300 kg, difficiles à trouver en France. Les importations israéliennes se concentrent donc sur des animaux d’Europe de l’Est et du Portugal. La signature récente d’un nouveau certificat sanitaire entre la France et Israël pour l’export d’ovins vivants pourrait faciliter le commerce en permettant aux exportateurs de proposer des bateaux mixtes de bovins et d’ovins.

La filière française peine à réaliser son potentiel de l’export sur les pays-tiers. Mais les animaux exportés par nos concurrents européens permettent d’alléger le marché communautaire et profitent indirectement au marché français des broutards.